Festival du film de Villae, Adrian Paci remporte le prix d'art vidéo Metamorphosis

Avec Centro di permanenza temporanea (2007), Adrian Paci a remporté le prix Metamorphosis, le premier événement d’art vidéo du Festival du film de Villae, organisé par la Villa Adriana e Villa d’Este - Institut Villae et l’Association culturelle Seven. Le prix consiste en la possibilité pour l’artiste de tourner son propre court-métrage dans la Villae.

Le lauréat a été annoncé par Andrea Bruciati, historien de l’art et directeur de l’Institut Tiburtine, lors de la dernière soirée de la quatrième édition du Festival du film de Villae.

Douze œuvres ont été examinées: Yuri Ancarani, Baal, 2007 ; Elisabetta Benassi, You’ll never walk alone, 2000 ; Simone Berti, Luce, 1993 ; Alex Cecchetti et Christian Frosi,Crossing the Millau Bridge, 2005 ; Paolo Chiasera, Lo scoglio alto, 2005 ; Michael Fliri, Come out and play with me, 2003 ; Marzia Migliora, Efi, 2003 ; Ottonella Mocellin et Nicola Pellegrini, Hurt so good, 1999 ; Adrian Paci, Centro di permanenza temporanea, 2007 ; Alessandra Spranzi, Il viaggio, 2004 ; Nico Vascellari, Nico & The Vascellaris, 2005 ; Italo Zuffi, Perimetro, 2000.

Les œuvres en compétition sont visibles jusqu’au 13 novembre 2022 dans l’espace multimédia Kaléidoscope de la Villa Adriana, dans le cadre du troisième épisode de l’exposition Vita Nova: l’art en Italie à la lumière du nouveau millénaire, qui comprend une étude de l’art italien historicisé entre 1990 et 2010.

"La grande actualité d’une œuvre qui, bien qu’elle ait été créée il y a quinze ans, reste malheureusement d’un grand intérêt aujourd’hui, parce qu’elle plonge dans la culpabilité de nous autres Occidentaux. Certes, la réflexion s’étend aux racines comprises non seulement comme une expérience privée dramatique, mais comme une condition existentielle partagée par une humanité instable, sans liens d’appartenance solides, où il est discriminatoire de savoir de quel côté du monde on est né. Brut dans la simplicité tragique de son langage, c’est une œuvre classique pour l’immédiateté communicative et l’essentialité formelle avec lesquelles elle est conçue", a déclaré Andrea Bruciati.

Aéroport de San Jose, Californie: un groupe de migrants fait la queue vers les escaliers d’un avion. La caméra s’approche de leurs visages, scrute leurs regards perdus sur l’horizon, les rides de leur peau, les détails de leurs vêtements comme si elle était l’œil d’un surnaturel ou simplement d’un douanier qui les inspecterait. Peu à peu, l’escalier se remplit de plus en plus de monde ; seul petit problème: il n’y a pas d’avion. Les migrants restent bloqués sur l’escalier isolé au milieu de l’aéroport: ils ne sont plus là où ils étaient, ils n’ont pas de destination, ils sont dans les limbes. Leur condition existentielle est celle de rester suspendus, dans un lieu indéfini, figurants immobiles d’un destin impossible tandis que derrière eux les avions atterrissent et arrivent, inconscients du drame qui se perpétue.

Adrian Paci est né en 1969 en Albanie et vit et travaille à Milan. Il a étudié la peinture à l’Académie des arts de Tirana, où il a eu pour professeur Edi Rama. Dans son travail, Adrian Paci utilise différents langages, réalisant des peintures, des sculptures et des vidéos. L’une de ses séries consiste en des peintures réalisées à partir d’images de L’Évangile selon saint Matthieu de Pier Paolo Pasolini, qui ont ensuite été intégrées à l’installation Cappella Pasolini. Les thèmes de l’exil, de la distance et du détachement reviennent dans nombre de ses œuvres. Il a exposé ses œuvres dans le monde entier, de Milan à Zurich, de Los Angeles à Stockholm, Tel Aviv, Amsterdam, Istanbul, Londres et New York.

Image: Adrian Paci, Temporary Residence Centre (2007 ; vidéo, 4’32", 16/9)

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