Par Redazione | 30/04/2025 17:54
Anvers est la ville qui, plus que toute autre, raconte la vie, l'art et le génie de Pierre Paul Rubens (Siegen, 1577 - Anvers, 1640), le plus grand peintre flamand du XVIIe siècle et l'un des protagonistes absolus de l'histoire de l'art européen. En parcourant ses rues, on peut encore sentir le souffle de cet âge d'or où la ville était un carrefour de commerce, de culture et d'innovation, et Rubens en était le symbole vivant. L'artiste y a vécu, travaillé, aimé et laissé une empreinte indélébile, non seulement par ses chefs-d'œuvre, mais aussi par son rôle d'intellectuel, de collectionneur, de diplomate et d'illustre citoyen.
Visiter Anvers sur les traces de Rubens, c'est se plonger dans un univers de couleurs, d'émotions et d'histoires qui s'entremêlent entre palais somptueux, églises monumentales et musées uniques. Du cœur battant de la ville, avec sa magnifique cathédrale, aux églises où Rubens a laissé quelques-unes de ses toiles les plus célèbres, en passant par sa maison-musée, trésor de souvenirs et de témoignages, chaque lieu raconte un aspect différent de sa personnalité et de son art. Mais pas seulement : grâce à des institutions comme le musée Plantin-Moretus et le KMSKA, il est possible de comprendre le contexte culturel et social qui a servi de toile de fond à sa parabole artistique, en découvrant les liens avec d'autres grands protagonistes de l'époque. Cet itinéraire, qui aborde dix lieux emblématiques, est conçu pour ceux qui veulent connaître Rubens non seulement en tant que peintre, mais aussi en tant qu'homme de son temps, protagoniste d'une période importante de l'histoire de l'art européen. Un voyage qui traverse l'histoire et qui continue de fasciner et d'inspirer tous ceux qui se laissent guider par la beauté et le pouvoir de l'art. Voici donc les dix lieux à visiter à Anvers pour connaître Rubens.
La maison de Rubens peut être considérée comme le point de départ de l'itinéraire, bien qu'elle soit actuellement fermée pour restauration. La Rubenshuis est le cœur battant du mythe Rubens à Anvers. Dans la maison que l'artiste a achetée en 1610 et transformée en somptueux atelier-résidence, on respire l'atmosphère dans laquelle sont nés certains de ses chefs-d'œuvre les plus célèbres. Le palais, inspiré des modèles de l'architecture italienne, témoigne du goût raffiné et cosmopolite de Rubens, qui voulait recréer dans sa ville un microcosme artistique digne des grandes cours européennes. Aujourd'hui, la Rubenshuis est un musée qui abrite des œuvres originales, des objets personnels, du mobilier d'époque et une riche collection de peintures de Rubens (comme le splendide Autoportrait, peut-être son œuvre la plus intime) et de ses contemporains. En parcourant les salles, on découvre le côté plus intime de l'artiste, ses relations avec sa famille, ses amis et ses collaborateurs, ainsi que son extraordinaire capacité à combiner l'art, la vie et la mondanité. Le jardin, conçu par Rubens lui-même, est une oasis de paix qui reflète l'idéal d'harmonie entre la nature et la culture, tandis que l'atelier révèle les secrets de son atelier, centre névralgique de la production picturale baroque. Visiter la Rubenshuis, c'est entrer dans le quotidien d'un génie, saisir la complexité d'un personnage à la fois artiste, entrepreneur et homme du monde.
La cathédrale Notre-Dame est le symbole spirituel et artistique d'Anvers et l'un des lieux les plus représentatifs de la présence de Rubens dans la ville. Elle abrite quatre des chefs-d'œuvre de l'artiste: l'Élévation de la Croix (1610-1611), le triptyque de la Résurrection (1611-1612), le triptyque de la Déposition (1611-1614) et l'Assomption de la Vierge (1626). Ces œuvres ont marqué un tournant dans l'histoire de la peinture européenne. La cathédrale, avec ses imposantes nefs gothiques et ses vitraux, offre un cadre majestueux pour admirer la puissance narrative, la sensibilité chromatique et la profondeur théologique des toiles de Rubens. On y saisit pleinement la capacité de l'artiste à dialoguer avec l'architecture et à transformer l'espace sacré en un lieu d'émotion et de lumière. La présence de Rubens dans la cathédrale témoigne de son rôle de protagoniste absolu de la vie religieuse et culturelle anversoise, mais aussi de son ambition de se mesurer aux grands maîtres du passé et de laisser un héritage durable à la ville.
Le musée Plantin-Moretus est un lieu unique au monde qui raconte l'histoire de l'imprimerie et de l'édition européennes à travers la vie de la famille Plantin-Moretus, amie et mécène de Rubens. Ici, parmi les presses anciennes, les livres rares et les manuscrits précieux, on découvre le rôle central que la culture de l'imprimerie a joué dans le développement de l'art flamand. Rubens, ami de Balthasar Moretus (tous deux, curieusement, se sont connus enfants à l'école, lorsqu'ils étudiaient dans la classe de latin du maître Rumoldus Verdonck à l'école de la cathédrale), était lié à cette dynastie d'imprimeurs non seulement par des relations professionnelles, mais aussi par une profonde amitié : il réalisa pour eux des frontispices, des illustrations et des dessins, contribuant ainsi à diffuser son style dans toute l'Europe. Le musée, inscrit au patrimoine de l'Unesco, permet de se plonger dans l'atmosphère d'une imprimerie du XVIIe siècle, d'admirer les premières éditions illustrées par Rubens et de comprendre comment son art dialoguait avec le monde de l'imprimé. La visite offre également l'opportunité d'explorer les salons privés de la famille Moretus, découvrant un univers de collections d'art, d'objets quotidiens et de témoignages de la vie intellectuelle de l'époque.
L'église Saint-Charles-Borromée est l'un des exemples les plus extraordinaires de l'architecture baroque à Anvers et un lieu étroitement associé à la figure de Rubens. L'artiste a collaboré à la décoration de l'église, réalisant de nombreuses toiles pour les autels, dont beaucoup ont malheureusement disparu dans un incendie en 1718 (et selon la tradition, il a également dessiné la façade). Rubens a su transformer l'espace sacré en une expérience immersive : le cycle de fresques réalisées à partir de ses dessins a décoré l'ensemble de l'église. L'église San Carlo Borromeo représente le point culminant de la collaboration entre artistes, artisans et mécènes dans la réalisation d'une œuvre totale, dans laquelle l'art, la foi et le spectacle sont inextricablement mêlés. Une œuvre de Rubens, le Retour de la Sainte Famille, offerte en 1620 à l'église par le bourgmestre d'Anvers, Nicolaas Rockox, qui était un ami du peintre, s'y trouve encore.
L'église Saint-Paul est un autre lieu incontournable pour ceux qui veulent suivre les traces de Rubens à Anvers, mais pas seulement : c'est le seul endroit, en dehors des musées, où l'on peut trouver des œuvres des trois stars du XVIIe siècle flamand (Rubens, Antoon van Dyck et Jacob Jordaens). C'est ici, au milieu d'autels baroques et de sculptures monumentales, que se trouve la Flagellation du Christ (1617), l'une des œuvres les plus dramatiques et les plus fascinantes de Rubens. Le tableau, réalisé pour le maître-autel, frappe par son intensité émotionnelle, le rendu plastique des corps et sa capacité à transmettre le pathos de la Passion. L'église, autrefois fréquentée par les Dominicains, était l'un des centres les plus actifs de la vie religieuse de la ville et offre un contexte idéal pour comprendre les relations de Rubens avec les mécènes ecclésiastiques et les mouvements spirituels de son époque. Outre le retable de Rubens, l'église abrite des œuvres d'autres grands artistes flamands, offrant ainsi une vue d'ensemble de l'art sacré anversois du XVIIe siècle. Grâce à la présence d'œuvres de grands maîtres, la visite permet de saisir la richesse et la complexité du baroque flamand, dans lequel la peinture de Rubens joue un rôle central.
L'église Saint-Jacques est l'un des lieux les plus intimes et les plus significatifs pour comprendre le lien personnel de Rubens avec Anvers. C'est là que se trouve le tombeau de l'artiste, situé dans la chapelle familiale et orné d'un retable représentant la Madone, peint par Rubens lui-même. L'église, avec son architecture imposante et ses riches décorations intérieures, offre un contexte impressionnant pour réfléchir à la dimension privée et spirituelle du maître. La présence de la tombe de Rubens au centre de sa chapelle funéraire fait de St James une destination pour les amateurs d'art, mais aussi un lieu de méditation et de souvenir. Sur l'autel, en revanche, on peut admirer la Madone entourée de saints, une autre œuvre importante du peintre flamand, peinte pour un commanditaire encore inconnu à ce jour, mais non livrée et donc restée dans l'atelier de l'artiste : elle a été placée sur l'autel de sa chapelle funéraire par sa volonté expresse. Visiter cette église, c'est se confronter à l'héritage le plus personnel de Rubens, découvrir son rapport à la mort, à la foi et à la famille, et saisir la profondeur humaine qui se cache derrière le mythe de l'artiste.
Le KMSKA, musée royal des Beaux-Arts d'Anvers, est le principal musée de la ville et l'un des plus importants d'Europe pour la peinture flamande. Il abrite une extraordinaire collection d'œuvres de Rubens, permettant au visiteur de retracer toutes les étapes de sa carrière, depuis ses premières expériences de jeunesse jusqu'aux chefs-d'œuvre de sa maturité. Le musée propose un parcours d'exposition qui met Rubens en dialogue avec les autres grands maîtres du XVIIe siècle, en soulignant les influences réciproques et le rôle central de l'artiste dans la culture visuelle européenne. Les salles consacrées à Rubens ouvrent un voyage à travers sa poétique, avec des portraits, des retables, des scènes mythologiques et allégoriques. Le KMSKA est l'endroit idéal pour explorer la technique, le style et l'évolution de Rubens, mais aussi pour comprendre son impact sur l'histoire de l'art et la formation du goût moderne.
L'église Saint-Villibrord est l'une des étapes les moins connues, mais non moins importantes, de l'itinéraire rubensien à Anvers. Elle abrite un retable de Rubens qui témoigne de sa capacité à adapter le langage baroque aux besoins de la dévotion populaire et de la liturgie locale. L'église, avec son atmosphère intime et sa décoration sobre, offre un contexte idéal pour apprécier la polyvalence de l'artiste et sa relation avec la communauté de la ville. La présence de Rubens à Saint-Villibrordo révèle un aspect moins connu de sa production, celui des petites commandes et de la large diffusion de son art dans le tissu urbain anversois. Visiter cette église, c'est découvrir un Rubens loin du faste des grandes cathédrales mais tout aussi capable d'émouvoir et d'impliquer.
La Maison Snijders & Rockoxhuis est une maison historique qui raconte la vie culturelle et sociale de l'Anvers du XVIIe siècle à travers les figures de deux amis et contemporains de Rubens : le peintre Frans Snijders et le collectionneur Nicolaas Rockox, qui fut également bourgmestre d'Anvers, comme mentionné plus haut. On y respire l'atmosphère des maisons patriciennes de l'époque, avec des meubles d'époque, des collections d'art et des témoignages de la vie quotidienne. Rubens fréquentait souvent cette maison, participant aux réunions, débats et moments conviviaux qui animaient la scène intellectuelle de la ville. En outre, Rubens a réalisé un certain nombre d'œuvres pour son ami Rockox, données après sa mort. Deux d'entre elles, le Christ en croix et la Vierge à l'adoration de l'enfant endormi , ont cependant été restituées et peuvent être vues dans leur contexte d'origine. La visite permet de comprendre le rôle des réseaux sociaux et culturels dans la formation du goût et la diffusion de l'art baroque, mais révèle aussi le côté plus mondain et relationnel de Rubens. La maison Snijders & Rockoxhuis est aujourd'hui un musée qui offre une perspective unique sur la société anversoise de l'époque, mettant en lumière le dialogue entre l'art, la collection et l'amitié.
L'église Saint-André est l'une des étapes les plus importantes pour ceux qui veulent connaître le lien entre Rubens et la spiritualité de son époque. Située au cœur d'Anvers, c'est dans cette église que Rubens a fait baptiser ses enfants Clara Serena (en 1611) et Albert (en 1614). Aucune œuvre de l'artiste ne se trouve à l'intérieur, mais l'église, avec son architecture gothique et son mobilier somptueux, offre un contexte idéal pour apprécier l'impact de l'art de Rubens sur les artistes de la génération suivante : l'église fut en effet détruite lors de la fureur iconoclaste et la décoration qui s'ensuivit fut confiée à des maîtres tels qu'Otto van Veen et Maerten de Vos, qui ne pouvaient ignorer le rôle de Rubens. On suppose toutefois que Rubens a collaboré d'une manière ou d'une autre à la réalisation du grand retable d'Otto van Veen, le Martyre de saint André.