La Charte de Catane est un hybride réglementaire monstrueux: la rejeter est un non constructif


La Commission Culture de l'Assemblée régionale sicilienne a rejeté la Charte de Catane: un hybride réglementaire monstrueux qui risque de faire reculer la protection en Sicile. Cependant, ce rejet est un non constructif: voici pourquoi.

Réduisant à une “logique politique d’opposition” le rejet retentissant par la Commission Culture de l’Assemblée régionale sicilienne de la “Charte de Catane”, avec laquelle le gouvernement Musumeci veut concéder les biens culturels de ses dépôts à l’usage des particuliers contre rémunération, afin de les exposer même dans les hôtels et les restaurants, l’“Assessore di beni culturali” Alberto Samonà (Lega Nord) semble oublier que ce sont précisément les spécialistes et les opérateurs du secteur qui ont exprimé leur opposition à cette nouvelle législation, avant que les politiciens ne le fassent.Le conseiller pour les biens culturels Alberto Samonà (Lega) semble oublier que ce sont précisément les spécialistes et les opérateurs du secteur qui ont exprimé leur opposition à cette nouvelle législation, avant que les politiciens ne le fassent. D ’abord dans ces colonnes, puis lors des trois auditions parlementaires qui ont précédé la résolution demandant le retrait des deux décrets liés à la Charte.

Rejetée, donc, d’abord par des géants de la culture comme Salvatore Settis, président du Conseil scientifique du Louvre, académicien des Lincei ; d’illustres chercheurs et professeurs d’université de renommée internationale comme Clemente Marconi (New York University ; Université de Milan), qui connaît bien la réalité des dépôts siciliens, tout comme Aurelio Burgio, président du cours de licence en patrimoine culturel à l’Université de Palerme, ou encore Ignazio B. G., professeur à l’Université de Milan, qui connaît bien la réalité des dépôts siciliens. de Palerme, ou Ignazio Buttitta, professeur à la même université ; des juristes comme Sergio Foà, professeur de droit administratif à l’université de Turin, des chercheurs du CNR-Ispc (Institut des sciences du patrimoine culturel) comme Massimo Cultraro, des intellectuels comme Sergio Troisi; toutes les associations de défense du patrimoine culturel d’importance nationale, de Legambiente à Italia Nostra, de Cia, la Confédération italienne des archéologues à Ranuccio Bianchi Bandinelli, d’Assotecnici à Icom, jusqu’à la plus jeune Vous me reconnaissez? Je suis un professionnel du patrimoine culturel.

Aucun grand nom ne défend la Charte, à l’exception des neuf surintendants siciliens. Il est surprenant qu’ils trouvent la solution en externalisant plutôt qu’en planifiant ce qui devrait être un devoir", observent les associations Italia Nostra, Memoria e Futuro et Bianchi Bandinelli dans le dossier envoyé à l’Ars. Mais quelqu’un s’attendait-il vraiment à ce qu’il en soit autrement? Giuliano Volpe, lorsqu’il était président du Consiglio Superiore dei Beni Culturali, il y a encore quelques années, écrivait “l’échec du modèle sicilien” ; “la proximité des surintendances avec un pouvoir politique intrusif, qui a conditionné l’autonomie des structures technico-scientifiques” ; “la dégénérescence” de ce modèle ; “une gestion hautement clientéliste, avec des centaines de responsables recrutés ou promus non sur la base de compétences technico-scientifiques”.

Et même le favorable Antonio Tarasco, directeur du ministère de la Culture (anciennement MiBACT), qui est intervenu lors de l’audition en tant que président de la Sic, la Société pour l’ingénierie culturelle, finit par donner des points au camp opposé. S’il espère en effet que “le programme peut être mis en œuvre avec succès en Sicile” “peut être le précurseur d’un nouveau paradigme dans la gestion du patrimoine culturel public, au bénéfice de l’ensemble du système italien” et s’est attardé sur des aspects strictement économiques, comme la détermination de la redevance de concession en fonction de la rentabilité convenable du patrimoine culturel, il a également eu un mérite incontestable: Celui d’avoir clarifié une fois pour toutes le caractère non économique, du point de vue du secteur privé, des engagements qui lui sont demandés en contrepartie du prêt. Et surtout qu ’"il n’est pas nécessaire d’écrire plus de règlements. Il suffit d’appliquer celles, abondantes, qui existent". A quoi servent donc ces décrets siciliens ?

Au-delà des nuances et des accents individuels mis sur les différents points critiques, toutes les associations professionnelles engagées dans la protection des historiens de l’art, des archéologues, des conservateurs, des catalogueurs et de tous les professionnels du secteur, qu’ils soient employés par des organismes publics ou indépendants, sont d’accord: ces décrets sont une dévolution du système de gestion publique du patrimoine culturel et un hymne à l’emploi d’une main-d’œuvre hautement qualifiée à un coût nul.

On ne sait donc pas à qui Samonà fait référence lorsque, dans une interview accordée à La Sicilia (12 février 2021), il affirme que “les principales associations archéologiques (comme si les biens conservés dans les dépôts n’étaient que des biens archéologiques, d’ailleurs, ndlr) ont exprimé leur soutien au contenu des décrets” et que “dans l’ensemble, l’appréciation a été substantielle”.

Qu’il pensait à l’Ana, l’Association nationale des archéologues? Il est passé de la déclaration de son président Alessandro Garrisi, dans laquelle il affirmait que"la détérioration d’un décret à l’autre est évidente, ainsi que le conflit entre les deux dispositifs“, à ce qui a ensuite été déclaré à la suite de l’audition devant la Commission: ”au cours des derniers mois, l’Ana a présenté une série de critiques et de réflexions constructives sur la Charte de Catane, dont beaucoup ont été correctement mises en œuvre dans les lignes directrices“ (le deuxième des deux décrets, ndlr).). Nous n’avons pas réussi à savoir de quelles directives il s’agit: il n’a certainement pas mentionné cette ”transposition“ dans les déclarations qui concernaient également les ”lignes directrices“. Garrisi tient cependant à rappeler la position d’Ana, celle d’un dialogue qui peut limiter les ”dégâts“: ”nous n’aimons pas l’implication des volontaires dans le projet“ et ”la poursuite du débat public me semble avoir donné corps à cette alarme“. Et encore, ”les nœuds que nous avons mis en évidence (abus potentiels des volontaires, rôle des professionnels) nous amènent à penser qu’il faut pour l’instant vérifier la durabilité du projet“. Il passe ensuite à l’exemple concret fourni par la Charte: ”une personne qui répond aux exigences de la loi doit faire le catalogage. S’il y a ensuite quelqu’un d’autre qui “aide” le travailleur, mais qui ne fait pas son travail, alors le bénévolat est ramené à la fois à une position de durabilité (il ne supprime le travail de personne) et à un rôle utile pour la société".

Musée archéologique régional Paolo Orsi, Syracuse
Paolo Orsi Dépôt du musée archéologique régional de Syracuse

Le catalogage n’est pas une "activité innocente

Mais c’est là que nous entrons dans le vif du sujet et cela ne concerne pas seulement les bénévoles: avec une usine notoirement en sous-effectif, les fonctionnaires de la surintendance devraient non seulement s’occuper de leur propre travail, mais aussi “assister” les stagiaires. C’est déjà le cas dans l’expérience de formation universitaire, où les stagiaires dans les dépôts sont “assistés” par l’œil expert de leur professeur ainsi que par le fonctionnaire. Il en va autrement de l’action systématique et à grande échelle prévue par la Charte (qui n’a certainement pas été écrite pour former des étudiants, il vaut mieux le rappeler), pour laquelle les maigres ressources humaines à la tête des surintendances ne pourraient absolument pas garantir cette supervision. Sans compter, observe Burgio, que “le système universitaire prévoit un nombre limité d’heures de stage, de sorte qu’il est probable qu’il faille vraiment recourir à d’autres acteurs, qui doivent avoir des exigences scientifiques valables et certifiées. Il n’est pas non plus réaliste de penser, comme le fait la Charte, aux catalogueurs de la société interne Sas, Servizi Ausiliari Sicilia, dont le nombre est nettement insuffisant et parmi lesquels ”très peu sont aujourd’hui des archéologues et des historiens de l’art“ (Cia). De plus, ”leur compétence devrait être vérifiée“, note encore Burgio. Dans ces conditions, contrairement à Ana, Cia est convaincu qu’à terme, ”le travail d’inventaire serait confié exclusivement à des étudiants universitaires en cours de formation".

Andrea Camilli, président de l’Assotecnici, qui regroupe toutes les catégories et pas seulement celle des archéologues, coupe court: “les stagiaires n’ont pas l’autorité nécessaire pour réaliser eux-mêmes ces activités” et, face à ces raccourcis, “le professionnalisme du catalogueur est largement absent”. Le catalogage n’est pas une activité “innocente”, pour citer Marconi: “il exige souvent un effort d’interprétation manifeste, qui nécessite une coordination scientifique au plus haut niveau, tant du côté des musées que des universités”. Pour Camilli également, “l’évaluation minutieuse de l’état de conservation d’un bien sert à imposer au particulier une série de mesures appropriées”. Bref, “une mesure inutile, une duplication des lois étatiques, mais qui prive le bien des garanties prévues par les réglementations étatiques”, conclut-il. Et il observe avec perspicacité l’inconscience de ceux qui ont conçu ce “projet” :"Quel est le rapport avec l’exemple des hôtels de Taormina qui exposent des matériaux provenant de fouilles effectuées in situ? En effet, il ne s’agit pas de biens décontextualisés! Ils ne sont donc pas soumis à cette législation“. Rappelons en effet que l’objet de la concession ne concerne que les biens figurant sur ”une liste B pour lesquels on peut procéder avec une plus grande ’liberté’" (la critique est de Rita Paris, présidente de l’Association Bianchi Bandinelli): ceux qui ont été acquis par confiscation ; ceux qui ont été donnés ou remis spontanément ; les acquisitions plus anciennes dont la documentation a été perdue ; et ceux qui, précisément, sont privés de toute référence à leur contexte d’appartenance.

L'Antiquarium de Himera. Ph. Crédit Davide Mauro
L’Antiquarium d’Himera. Ph. Crédit Davide Mauro

Une “révolution douce” imposée de manière autoritaire: les contradictions des décrets Samonà

Entre les déclarations que nous avons déjà recueillies dans les articles précédents et les nouvelles interventions, la liste des contradictions et des lacunes devient vraiment impressionnante. Mais il suffit d’expliquer pourquoi la résolution approuvée en Commission, par le M5S, le Pd et le Cento Passi, engage le conseiller à retirer purement et simplement les décrets, plutôt que d’essayer, comme il l’a lui-même proposé, de rapiécer une robe déjà arrachée à l’atelier du tailleur. C’est précisément la conception des dépôts qui les préside, et plus généralement du patrimoine, et de ses finalités qui nécessite une remise en cause radicale par rapport à celle, dissuasive, de cette nouvelle législation. Tout comme il n’y a pas grand-chose à ajuster si c’est la structure porteuse qui ne tient pas la route: la forme de gestion du service public de valorisation, qui doit être revue .

C’est pourtant ce que Samonà a l’intention de faire, sans reculer d’un pas devant le rejet qu’il a subi. En se rendant directement à l’avis d’une commission parlementaire, c’est-à-dire d’un collège de parlementaires qui joue un rôle de contrôle de l’activité du gouvernement, en examinant une question particulière attribuée à sa compétence avec l’aide de spécialistes convoqués. Et le conseiller le fait en tentant d’embellir un monstrueux hybride réglementaire contraire à l’esprit du Code des biens culturels, c’est-à-dire une concession d’usage qui transfère ailleurs les biens dans les dépôts des musées et autres lieux culturels, en réabsorbant l’institution des prêts pour les expositions dans le seul but d’étendre à celle-ci le caractère onéreux de la concession .

C’est contraire non seulement au Code, mais aussi à la même législation régionale qui identifie “l’utilisation sociale des biens culturels et environnementaux sur le territoire de la Région Sicilienne” (R.L. 80/1977) parmi ses objectifs, ainsi que la protection et la valorisation, soulignant ainsi que la valeur sociale est supérieure à toute autre valeur, y compris la valeur économique.

Oubliez la “révolution douce”: la résolution a été approuvée après un bras de fer de plus de deux heures et trois auditions “intensément” suivies (et pas seulement numériquement), ce qui a compensé dans une certaine mesure l’absence de comparaisons de grande valeur entre les spécialistes. Si ces instruments ont été pompeusement baptisés “charte”, il est superflu de rappeler, en effet, que les “chartes de restauration” historiques, qui intègrent des principes et des prescriptions pour guider les interventions, sont le résultat d’élaborations complexes et progressives, mûries à la suite de comparaisons dans le monde scientifique international.

Une taxonomie déformée. Au sein de la Commission, Salvatore Settis, en plus d’examiner les mérites des différents articles des décrets, a précisé que ce n’est que dans la terminologie utilisée que cette"orientation opérationnelle est diamétralement opposée aux bonnes pratiques en vigueur dans les musées les plus avancés du monde et d’Italie“. L’expression ”biens dépourvus de toute référence à leur contexte de provenance" confère donc à ces biens un stigmate classificatoire qui pèse comme"une pierre tombale sur toute possibilité présente et future d’identifier les contextes de provenance par le biais d’une recherche documentaire ou archivistique plus précise". Clemente Marconi nous avait également dit que, outre "le danger de déclassifier des biens retirés du commerce clandestin","ce sont surtout les biens dont le contexte d’origine est apparemment perdu, et dont le potentiel réel de recherche et de valeur n’est pas clair, qui devraient être jalousement gardés dans les dépôts“ pour permettre ”l’identification de leur provenance grâce à la recherche dans les archives et à l’apport de spécialistes“. Inacceptable”, selon Cultraro, “cette segmentation par degrés du patrimoine culturel en différentes catégories auxquelles on attribue une échelle présumée de valeur et d’estimation économique en fonction de l’absence et/ou de la présence du contexte de découverte”. Toujours sur le plan lexical, il qualifie de "malheureuse“ l’expression de ”vieilles acquisitions“, qui contraste fortement avec le processus long et stratifié de formation des principaux musées régionaux siciliens, comme le musée archéologique de Salinas à Palerme et le musée Paolo Orsi à Syracuse. Outre le cas des fragments de métopes sélinites trouvés par Marconi, Cultraro évoque sa propre expérience: l’identification, au musée de Syracuse, d’une ”collection inédite de céramiques égéennes-mycéniennes, à ce jour la deuxième plus grande collection nationale après celle de Florence, qui m’a été présentée sans aucune indication sur la date et le lieu de son acquisition“. Que se passerait-il aujourd’hui, selon les décrets Samonà? Que ”cette extraordinaire collection, composée de plus de 300 objets, se serait malheureusement retrouvée parmi les corpus d’objets pouvant être cédés à des particuliers".

L’activité d’étude et donc de promotion de la connaissance, objet de l’art. 6 du Code, est la grande absente de la Charte, comme le soulignent notamment Buttitta, Cultraro et Rita Paris, présidente de l’Association Bianchi Bandinelli, pour qui le terme “en dépôt” “renvoie à un patrimoine oublié, obsolète”.

Catalogage en dehors du périmètre défini par l’article 9-bis du Code. Outre ce qui a déjà été dit plus haut, si la “valorisation” dans cette acception “dévoyée”, évoquant une idée dépassée et statique (“biens en réserve”) des musées et de leurs dépôts , soit l’objectif déclaré des deux décrets des conseillers, ceux-ci affectent en réalité une activité qui relève de la protection, celle du catalogage des biens. Et il est prévu que cette activité (mais aussi la formation de “listes” de biens et de “lots homogènes”) pourra être assurée par des instituts dont le personnel est affecté par une grave hémorragie de personnel technico-scientifique. Mais est-il crédible que les rédacteurs de ces décrets ignorent la “diminution progressive et incessante du nombre de cadres et de fonctionnaires compétents, en raison des limites d’âge ; face à un gel des recrutements qui dure depuis une vingtaine d’années”, comme l’ont dénoncé Burgio et bien d’autres voix critiques lors de l’audition ?

Desressources humaines, numériquement insuffisantes, surchargées par les tâches prévues par les décrets. Une situation qui met en doute la capacité à mener à bien les activités de surveillance prévues par les décrets. Par exemple, la vérification des conditions microclimatiques des lieux où seront exposées les œuvres sous concession. À cet égard, lors de l’audition, Settis a demandé s’“il ne serait pas plus fonctionnel à tous égards que le personnel scientifique des Surintendances, au lieu de se déplacer d’un concessionnaire à l’autre, consacre son temps et ses énergies intellectuelles et physiques à la mise en ordre des dépôts et à l’étude in situ (dans les musées eux-mêmes) des œuvres qui y sont conservées”. Pour la Cia, la “Charte de Catane aggrave la crise dramatique dans laquelle se trouve aujourd’hui le système régional de protection du patrimoine culturel”. La référence est faite au rôle technique, qui en fait n’existe plus.

Opération à coût zéro. Aucune couverture financière n’a été prévue pour ces décrets. Le Cia souligne que “ces dernières décennies, les ressources allouées par la Région au patrimoine culturel n’ont cessé de diminuer: elles sont passées de 500 millions en 2009 à seulement 10 ces dernières années”. Dans le cas de la Charte, la Région résout le manque de fonds en transférant toutes les charges au concessionnaire privé. Une chose est sûre, entre les stagiaires et les bénévoles, aucun emploi n’est créé, contrairement à ce qui est claironné: Cette opération ne créera pas d’emplois de qualité", observe Leonardo Bison, de Mi Riconosci, et n’est pas non plus la réponse à laquelle invite Burgio pour “donner un avenir aux nombreux jeunes qui sont obligés de ”fuir“, ou de se tourner vers d’autres emplois après avoir passé des années à étudier le patrimoine culturel”. L’obligation pour les particuliers de se doter d’un restaurateur est entourée d’un flou qui ne dit rien des procédures de recrutement ni de la durée de l’engagement.

Estimation des biens et risque de corruption Bien qu’il n’en soit pas fait mention dans les deux décrets, l’article 108 du Code établit la manière de déterminer les redevances de concession, d’établir les redevances et, pour fixer les montants minimaux, il renvoie à “une disposition de l’administration concédante” (paragraphe 6). Dans notre cas, il s’agit de la région de Sicile, bien que Samonà, dans “la Sicilia”, affirme que c’est “le ministère qui détermine la redevance due” (ignorant, peut-être, que certains parcs archéologiques siciliens autonomes ont établi leur propre barème de redevances). Tarasco lui-même, dans le passé, a souligné l’importance de la détermination des redevances en termes de prévention de la corruption: “des redevances faibles ou nulles pourraient dissimuler des accords illicites entre l’administration concédante et des tiers concessionnaires”.

Lesanalyses archéométriques à des particuliers. La Charte souhaite les confier à des particuliers plutôt qu’à des centres de recherche spécialisés. M. Cultraro a rappelé que “la Région de Sicile a conclu un accord-cadre avec le Conseil national de la recherche (loi régionale n° 1 du 17 février 1987 et résolution subséquente du CNR n° 25/11 du 9 février 2011), visant à mettre en œuvre des programmes d’éducation, de recherche et de transfert de technologie au profit des besoins sociaux et économiques de la Région. Étant donné que l’Institut des sciences du patrimoine culturel (ISPC), dont je suis membre, est présent en Sicile et qu’il s’agit d’une unité de recherche qui, depuis des années, met en œuvre des projets visant à valoriser le patrimoine sicilien grâce aux technologies multimédias les plus avancées (voir les reconstitutions de l’amphithéâtre romain de Catane ou du théâtre de Taormine), les recherches sur la composition matérielle et les diagnostics des objets devraient être confiées à des centres de recherche spécialisés”.

Centralisation des procédures sous un Rup. Les décrets prévoient de placer sous la responsabilité d’un seul gestionnaire de procédure l’ensemble des procédures par lesquelles la Région entend accorder à des particuliers l’usage de certains biens de ses entrepôts. Une centralisation qui supprime ce qui reste des techniciens internes des musées et des surintendances, comme le note Paris. Le démantèlement définitif du “rôle technique du patrimoine culturel”, pour la Cia.

Insuffisances et contradictions juridiques. Les imprécisions, les références normatives internes aux décrets qui ne correspondent pas peuvent ouvrir des “dérives du Code, induites par une mauvaise application des instituts juridiques de référence”, comme l’explique Foà. La principale contradiction est que la forme de gestion de la valorisation choisie est la concession en usage (art. 106), mais, a observé le juriste, “la discipline dédiée à la concession est au contraire celle du service de valorisation (on se réfère aux art. 112 et 115 du Code: art. 5 du décret n° 74 et art. 2 du décret n° 78)”. Foà a également précisé lors de l’audience ce qu’il nous avait déjà dit: “le prêt est une institution différente de la concession en usage”, “le prêt et la concession diffèrent normativement et ontologiquement”. Pour être précis, “le décret du conseiller ”Charte de Catane" n’est pas très clair dans sa formulation juridique, car il rappelle une ancienne discipline régionale sur les prêts (sortie du territoire régional et prêts temporaires), en plus de la discipline sur le service public de valorisation, alors que son objet est la concession d’usage de biens culturels. Le cadre réglementaire mis en place ne semble pas fournir un ensemble homogène d’instruments juridiques au regard de la finalité préconisée et de l’effectivité de la pleine valorisation des biens culturels soumis à cette discipline. Nous avions, en effet, immédiatement noté la tentative d’hybridation des deux institutions qui, selon Tarasco, serait légitimée par une prétendue nature moins exhaustive de la discipline dans l’art. 48 (prêts) par rapport à l’art. 106. Alors que, au contraire, explique Foà, “la discipline codifiée en matière de prêts est complète et ponctuellement précisée par des décrets et circulaires ministériels. La concession, en revanche, qui concerne également les biens immobiliers, exige la destination ”culturelle“ du bien (art. 106, c. 1) et sa compatibilité avec ”le caractère historico-artistique du bien“ (art. 106, 2-bis): la destination ”culturelle" du bien doit être prise en compte dans la définition de la concession. 106, 2-bis): les spécifications du codicille ne sont pas fortuites, si l’on pense aux cas âprement contestés de concessions pour des usages incompatibles avec le caractère culturel du bien (parcs archéologiques transformés en gigantesques DJ sets ou salles de musée ouvertes à des banquets de mariage, sur lesquels nous avons souvent écrit).

Une tentative qui constitue la charge dangereusement innovante de cette législation qui, du fait d’une interprétation de la valorisation en termes purement économiques, n’aspire pas par hasard à faire figure de pionnière dans le reste du pays. C’est donc avec prudence qu’il faut la rejeter comme une “duplication des lois de l’Etat”.

Et avant même d’être mise en œuvre, cette “révolution” à la sauce autonomiste a déjà produit des dégâts. D’image. Celle d’une Sicile en retard sur le reste du pays, écrasée par l’aveu d’une défaite due à l’incapacité de la Région à compétence exclusive en la matière d’accomplir la tâche institutionnelle de protection et de valorisation dans les lieux publics de ses biens culturels.

Dans le reste de l’Italie, les choses se passent différemment

Une comparaison impitoyable avec les “politiques” de valorisation des dépôts comme celle des "Uffizi diffusi", qui vise à relocaliser les œuvres des dépôts dans des espaces muséaux publics dans toute la Toscane. Pas dans des hôtels ou des centres commerciaux.

Alors qu’en Sicile, la Charte voudrait confier à des stagiaires universitaires une activité telle que le catalogage, au Parc archéologique de Paestum, des professionnels sont responsables du nouveau catalogue numérique en ligne, où l’on peut consulter les informations du catalogue, les documents d’archives ou le patrimoine monumental. Au Musei Civici di Verona, en revanche, la fermeture a été le déclencheur d’un projet impliquant l’université de Vérone et l’académie des beaux-arts de la ville, qui a abouti au catalogage des œuvres dans la plateforme ministérielle SIGECweb. “Nous allons beaucoup travailler sur les dépôts”, “c’est un aspect peu connu du public mais qui mérite d’être approfondi”: c’est le pari de la nouvelle directrice de la Galleria Borghese Francesca Cappelletti. Et toujours à Mantoue pour Stefano L’Occaso " nous pouvons encore créer la suggestion de ce qu’aurait pu être le Palazzo Ducale grâce aux pièces que nous avons en réserve". Quant à James Bradburn, il a mis en œuvre la mission démocratique consistant à “ramener Brera au cœur de sa ville et le visiteur au centre du musée”, notamment grâce à des solutions telles que le “musée visible”, qui intercale, sans l’interrompre, la visite avec les dépôts d’œuvres d’art: comme si, dans un théâtre, le spectateur pouvait épier les coulisses et que ce qui se passe dans les coulisses pouvait faire irruption sur la scène. Mais sans aller trop loin, nous avons déjà vu que dans la même ville de papier, à Catane, la fermeture forcée des musées a été l’occasion d’une réorganisation sans précédent des dépôts du musée civique du château d’Ursino.

A quoi la résolution de l’opposition engage-t-elle le gouvernement régional? Un non constructif

La résolution représente un non constructif, preuve que lorsqu’elle le veut, la politique sait écouter la voix des techniciens. Appelant le gouvernement régional à “retirer en légitime défense le décret 74/Gab. du 30 novembre 2020 et le décret 78/Gab. du 10 décembre 2020 du ministre régional des Biens culturels et de l’Identité sicilienne”, le document prévoit deux actions. La première à long terme, qui engage le gouvernement à mettre en œuvre ce qui relève de sa compétence pour le catalogage et la valorisation des biens dans les “réserves” des musées et des surintendances “afin d’augmenter le nombre d’œuvres utilisables par le public dans les espaces d’exposition existants et de créer de nouveaux espaces d’exposition”. L’autre à court terme et dans un esprit proactif, en remplaçant la forme de gestion “externe” de la valorisation prévue par la Charte par la concession au secteur privé du service de valorisation au sein même des institutions culturelles, où seule l’osmose entre collection permanente et réserves peut être garantie. En particulier, il est suggéré d’adopter des “procédures de preuve publique” qui examinent "également les entreprises “start-up” telles que définies par le décret-loi n° 179 du 12 octobre 2012 et/ou les “entreprises de jeunes” telles que réglementées par la loi n° 44/86 qui ont du personnel répondant aux exigences de l’art. 9 bis du bis du décret législatif n° 42 du 22 janvier 2004 et qui poursuivent l’objectif de la valorisation dans des espaces d’exposition appartenant et/ou gérés exclusivement par la Région Sicilienne". C’est ici que l’on commence à parler sérieusement de travail rémunéré.

Oui, donc, à un secteur privé qui reste l’allié d’une administration publique qui souffre. Non, au contraire, à l’abdication précipitée des tâches institutionnelles au profit du secteurprivé.

Pour Valentina Zafarana, première signataire de la résolution, et les autres députés de Cinquestelle, Giovanni Di Caro, Stefania Campo, Ketty Damante et Roberta Schillaci, “cet instrument pourrait créer des dommages irréversibles à notre patrimoine culturel et doit donc être stoppé”. "Ces décrets, affirme au contraire Claudio Fava, du Centopassi, sont le résultat d’un malentendu inadmissible, à savoir l’idée que les dépôts des musées de la Région ne sont que des entrepôts poussiéreux". Pour le député Pd Nello Dipasquale, “le conseiller Samonà a manqué l’occasion d’initier une confrontation sérieuse et constructive au sein de la commission de la culture du Parlement. Il a préféré imposer un chemin qu’il avait déjà entamé dans la plus grande solitude, au lieu de suspendre ou de retirer, avec humilité et responsabilité, un acte qu’il avait rédigé avec la contribution de quelques amis”. Les auteurs de la Charte, rappelons-le, sont l’ancienne surintendante du patrimoine culturel de Catane, Rosalba Panvini, et l’association SiciliAntica.

Et si Samonà parle déjà de “l’avis qui sera ensuite publié par le directeur général des Biens culturels”, le centre-gauche annonce plutôt “une motion à présenter à la Chambre pour que le Parlement tout entier puisse s’exprimer sur la question et engager directement le gouvernement pour que cesse ce saccage”.


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