"La Madonnina quasi persiana" de Vitale degli Equi au Poldi Pezzoli de Milan


Le musée Poldi Pezzoli de Milan abrite l'un des meilleurs chefs-d'œuvre de Vitale degli Equi (Bologne, documenté de 1330 à 1359), une Vierge à l'enfant de sa dernière phase. Roberto Longhi l'a qualifiée de "Madonnina presque persane".

Roberto Longhi l’a qualifiée de “Madone presque persane qui semble attendre de donner à l’Enfant une leçon sur l’art du parfum”. La Vierge à l’Enfant de Vitale degli Equi est en effet l’un des objets les plus charmants du musée Poldi Pezzoli de Milan et l’une des plus belles expressions du goût de collectionneur de Gian Giacomo Poldi Pezzoli. Il s’agit de l’une des plus belles pièces de la collection, qui mérite à elle seule une visite. On ne la remarque pas tout de suite, dans la Saletta dei Trecenteschi remplie de fonds d’or, de panneaux précieux et de petits chefs-d’œuvre de l’art du XIVe siècle, mais l’œil qui la rencontre réalise immédiatement, même sans être nécessairement un expert, qu’il se trouve devant l’un des plus hauts produits de l’art de l’époque. Longhi a bien souligné que ce panneau représente l’heureux résultat de la rencontre de deux cultures: le lyrisme des Bolonais et le luxe des Vénitiens.

Il s’agit d’une œuvre qui reprend le motif iconographique de la Madone de l’humilité: la Vierge est assise à même le sol et non sur un trône. Humble, donc: elle se met à la hauteur du spectateur. Souvent, l’humilité de la pose est accentuée par celle de l’attitude, de l’expression. Dans le panneau de Vitale da Bologna, la Madone est assise sur un magnifique tapis persan, qui est tenu, plus en arrière, par deux saints: à gauche, sainte Catherine d’Alexandrie montre au spectateur la roue de sa torture, tandis qu’à droite, un saint martyr non identifié observe la scène.

La ligne expressionniste de l’art bolonais, qui voit en Vitale l’un de ses maîtres les plus habiles et les plus acclamés, peut être appréciée dans les mouvements de la mère et du fils: Marie est un parent aimant qui s’occupe de son enfant, le prend par la main, le caresse (le geste de l’index de sa main gauche, effleurant le menton de l’Enfant, suffirait à lui seul à démontrer toute l’affection de la mère divine). L’Enfant, quant à lui, lui rend l’attention par son regard. Il y a, chez Vitale degli Equi, une recherche constante de l’expression, de l’indice émotionnel.

Vitale degli Equi, Vierge à l'enfant (vers 1353 ; tempera sur panneau, 41 x 24 cm ; Milan, Museo Poldi Pezzoli)
Vitale degli Equi, Vierge à l’enfant (vers 1353 ; tempera sur panneau, 41 x 24 cm ; Milan, Museo Poldi Pezzoli)

Observant à nouveau l’Enfant, Vitale, avec une invention très originale, le surprend en train de choisir parmi ce que Longhi lit comme des ampoules, placées sur le tabouret à côté de lui “comme si, tel un prince oriental”, écrit le grand érudit, “il écoutait sa mère lui donner sa première leçon dans l’art des parfums”. Carlo Volpe propose une autre interprétation de ces objets colorés et effilés posés sur la petite table: il s’agirait de bobines de fil coloré, et l’Enfant tendrait à la Madone une aiguille qu’il tiendrait entre le pouce et l’index. Cette interprétation se rattache à un précédent: une Madone de la broderie que Vitale a peinte pour l’église San Francesco de Bologne. La fresque, aujourd’hui détachée, est antérieure à la Vierge à l’Enfant de Poldi Pezzoli (l’œuvre bolonaise date des années 1930, la milanaise d’environ 1353: elle a été rapprochée du polyptyque de San Salvatore à Bologne, œuvre de ces années-là avec laquelle elle partage le même décorativisme) et est conservée dans les collections de la Fondazione Cassa di Risparmio di Bologna, gérée par le Genus Bononiae. Si l’on veut lire l’image de l’œuvre de Poldi Pezzoli comme celle d’une Madone occupée à coudre, on peut la relier aux milieux religieux de l’époque: l’un des textes les plus populaires parmi les ordres religieux était les Meditationes Vitae Christi du Pseudo Bonaventura, un ouvrage écrit en Toscane vers le début du XIVe siècle. Un passage dépeint l’image d’une sainte famille occupée à des tâches quotidiennes: saint Joseph assure la subsistance de la famille en travaillant le bois, et Marie apporte sa contribution en s’occupant des travaux d’aiguille et de quenouille.

Le thème de la Madone laborieuse était donc particulièrement cher aux ordres religieux de l’époque. Dans la fresque de saint François, basée sur un plasticisme qui peut sembler inhabituel si l’on se réfère à l’œuvre de Milan (Cesare Brandi a cependant souligné combien le grand bolonais du XIVe siècle était capable de passer d’une vision plastique à une vision plus picturale “comme un motif musical”), le thème de la Madone laborieuse était donc particulièrement cher aux ordres religieux de l’époque. ), Vitale aborde le thème de la Vierge de la Broderie avec une grande sobriété, avec une image intense et dépouillée, destinée aux franciscains qui devaient prier devant elle. Le ton change en revanche avec la Madone de Poldi Pezzoli, marquée par une élégance gothique, courtoise et féerique: le tapis évoque des contrées lointaines et rêvées, la somptueuse robe de soie bleue avec broderies d’or et doublure en voile laisse imaginer un commanditaire épris de luxe. Madone de l’humilité certes, mais habillée comme une reine.

Une artiste spontanée donc, imaginative, capable de changements de registre et d’approche même soudains, capable de fusions insolites entre des modes d’expression différents, voire éloignés: la solidité de la fresque bolonaise d’une part, et ces “exquis vilucchi de lignes” qui, écrit Brandi, “se poursuivent en une inépuisable arabesque” dans la Madone de Poldi Pezzoli, peinte avec un flair virtuose, car il semble que Vitale n’ait jamais retiré son pinceau de la surface, pour reprendre une autre image de Brandi.

En 1966, Arturo Carlo Quintavalle, introduisant le volume des Masters of Colour de Rizzoli consacré à Vitale degli Equi, écrivait que les dernières œuvres du peintre bolonais, à commencer par la Madone et l’Enfant des Poldi Pezzoli, pouvaient être considérées comme les œuvres qui ont inauguré la traduction nordique des “Madones de la roseraie” des différents Pisanello et Gentile da Fabriano. Le regretté Vitale est en effet un artiste qui “poursuit la voie de plus en plus riche de l’art courtois”. Un art de cour, non pas au sens strict, mais imprégné d’atmosphères de cour, pourrait-on dire, non dépourvu d’accents siennois et avignonnais, mais animé d’une verve tout à fait originale et novatrice. C’est ainsi que l’on pourrait décrire Vitale degli Equi dans la dernière phase de sa carrière. La Vierge à l’Enfant des Poldi Pezzoli est le chef-d’œuvre de cette phase.


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