Le geste est l’élément primordial de toute œuvre d’art. On parle de la trace tangible de la pensée qui devient forme, de la matière qui prend vie grâce à la main de l’artisan. La rubrique Gesti a été créée pour découvrir les actes créatifs et pour raconter l’histoire de ceux qui, par des mouvements conscients, transforment des matières premières en expressions de beauté et de technique. Aujourd’hui, Gesti est consacré à l’Atelier Terre, un atelier florentin, choisi parmi 22 créateurs, qui réinterprète la tradition du commesso florentin dans un style contemporain, et qui porte la composition Simbiosi sous les feux de la rampe internationale àRévélations 2025 - Biennale Internationale Métiers d’Art et Créations, événement de référence pour le secteur desmétiers d’art contemporains qui se tiendra au Grand Palais à Paris du 21 au 25 mai 2025. L’édition 2025 marque également une étape particulièrement importante pour l’Italie, qui sera présente en tant qu’invitée d’honneur, confirmant ainsi le rôle stratégique du Made in Italy dans la scène créative mondiale.
L’organisation de la participation italienne est supervisée par Elisa Guidi, coordinatrice d’Artex, le centre pour l’artisanat artistique et traditionnel de Toscane. Finestre sull’Arte souhaite rendre compte du travail des artisans italiens sélectionnés pour représenter le pays. L’Atelier Terre est né avec l’intention de renouveler un langage historique de l’artisanat à Florence, visant ainsi à le projeter au-delà de la décoration bidimensionnelle traditionnelle. Son approche est orientée vers l’expérimentation des volumes et des matériaux, en mettant l’accent sur la tridimensionnalité et l’utilisation de surfaces sculpturales.
Pour l’édition 2025 de Révélations, l’Atelier Terre présente Symbiosis, une œuvre modulaire créée pour l’occasion. Il s’agit d’une composition de six blocs creux en bronze patiné, dont quatre sont partiellement habillés de pierre, conçus pour évoquer un amas de balani: petits crustacés marins à la forme conique caractéristique, souvent roses ou violets, qui prolifèrent sur les surfaces immergées dans les eaux saumâtres. L’installation se compose ainsi de modules indépendants aux formes irrégulières, conçus pour être disposés les uns à côté des autres, sans point de vue privilégié. L’ensemble reproduit ainsi la configuration apparemment chaotique mais structurée d’une colonie vivante.
L’objectif du projet est de dépasser la bidimensionnalité qui caractérise la technique du commesso florentin depuis des siècles. La décision de l’appliquer à des objets tridimensionnels permet ainsi d’étudier de nouveaux modes de représentation, dans lesquels les surfaces perdent leurs arêtes vives et les motifs ornementaux s’approchent d’une esthétique abstraite et organique. Symbiosis se situe idéalement à mi-chemin entre le monde minéral et le monde biologique, en faisant appel à des formes naturelles hybrides qui échappent à une classification univoque. Dans ce cas, la matière joue un rôle central dans la conception. Les blocs, entièrement soudés et finis à la main, sont constitués de feuilles de bronze et reçoivent deux traitements de surface différents. Le premier consiste en un revêtement partiel à l’aide de fines tranches d’améthyste, taillées selon la technique florentine du commesso. La variété choisie présente des veines blanches évidentes qui rappellent les stries typiques du balani. Le deuxième traitement concerne la patine à chaud du bronze, visant à obtenir des nuances vertes et brunes qui simulent les altérations chromatiques des surfaces marines érodées par l’eau. L’interaction chromatique entre le violet de l’améthyste et les tons oxydés du métal génère un contraste visuel fort mais équilibré qui renforce le lien symbolique entre les deux matériaux. La structure modulaire de l’œuvre permet également une certaine flexibilité de présentation : les six éléments peuvent être réduits ou multipliés en fonction de l’espace disponible et des besoins du client. Pour l’exposition parisienne, les modules seront présentés selon le croquis conçu par le studio, sans orientation hiérarchique privilégiant un côté par rapport à l’autre. L’intention est de laisser à l’observateur la liberté d’analyser les surfaces sous tous les angles.
Parallèlement à sa participation officielle à Révélations 2025, l’Atelier Terre a été invité à présenter un second projet pour la section Le Banquet. Pour la vitrine curatoriale, le studio florentin propose Bougainville, une tenture murale articulée conçue comme une tapisserie de pierre modulaire inspirée par les floraisons estivales de la plante ornementale boungaville. L’œuvre prend forme à partir de fines tranches d’améthyste, choisies pour leurs transparences et leurs teintes violettes qui, juxtaposées, évoquent l’effet d’une aquarelle abstraite.
Sur ce fond de pierre, volontairement dépourvu de contours nets, se détachent des éléments représentant des bourdons en vol, réalisés en calcédoine, jaspe de Volterra et quartz tourmaline. Les veines naturelles des pierres guident plutôt l’élaboration des motifs, dans une approche qui alterne fidélité illusionniste et liberté de composition.
D’un point de vue structurel, la composition est constituée d’une série de plaques hexagonales irrégulières, chacune consistant en une surface de marqueterie montée sur un support en titane, reliées entre elles par des charnières mobiles, également en titane. Ce système permet à l’œuvre de s’articuler dans l’espace, en s’adaptant aux murs ou aux surfaces tridimensionnelles comme un organisme végétal grimpant. La légèreté et la solidité du support permettent une utilisation polyvalente, allant du mobilier à l’art mural en passant par la présentation sculpturale. Le projet se distingue par sa capacité à communiquer deux manières différentes de comprendre la marqueterie : d’une part, un rendu figuratif, méticuleux et contrôlé ; d’autre part, une pratique plus fluide qui se laisse guider par les variations spontanées du matériau.
À la base de l’Atelier Terre, il y a la rencontre de deux artisans ayant un parcours commun et une vision similaire. Philip Kron Morelli, fondateur de l’atelier, est né à Desenzano del Garda en 1991 et a créé l’atelier à Florence, poussé par un intérêt pour les transformations que le temps imprime aux matériaux, aux objets et aux techniques artistiques. Il est rejoint par Arianne Palla, Florentine née en 1993, qui partage la même fascination pour les pierres, leurs géométries naturelles et la capacité de l’homme à se lier à elles à travers l’art. Toutes deux ont été formées à la Scuola di Alta Formazione dell’Opificio delle Pietre Dure de Florence, où elles ont obtenu le titre de restauratrice du patrimoine culturel. C’est dans les murs de cette institution historique qu’ils ont appris les bases du commesso florentin, une technique d’incrustation qui utilise des pierres dures telles que la calcédoine, le jaspe, l’agate et le silex pour créer des motifs figuratifs mimétiques, reconnaissables à la précision des joints et à la brillance des surfaces. Né à la fin du XVIe siècle avec la fondation de l’Opificio delle Pietre Dure par la famille Médicis, le commesso est devenu un art décoratif appliqué aux objets, aux meubles et à l’architecture. C’est précisément dans cette veine que s’inscrit l’Atelier Terre, en préservant d’une part les règles traditionnelles, tout en introduisant d’autre part un langage visuel plus libre, construit autour des qualités chromatiques et matérielles des pierres elles-mêmes. Au cours de son activité, l’atelier a développé des solutions spécifiques pour élargir les possibilités d’application de la technique florentine. Parmi les réalisations, on trouve des tables en pierre légère, obtenues en alignant les commandes sur des panneaux en fibre de carbone ou des dalles en titane. C’est le cas, par exemple, d’un plateau de 70 cm de diamètre, composé d’une double couche de commesso sur un support en carbone, d’une épaisseur totale de 6 mm et d’un poids total de 8 kg. Ou encore un collier composé d’un travail clérical doublé sur du cristal de roche, d’une épaisseur totale de seulement 3 mm.
L’atelier peut également suivre toutes les étapes du processus créatif, de la conception à la réalisation de la pièce, en calibrant les caractéristiques techniques (épaisseur, poids, support) aux besoins du projet. Il s’agit donc d’un atelier équipé pour produire aussi bien des pièces uniques que des petites séries limitées. Les compositions peuvent naître d’un modèle prédéfini, dont l’Atelier Terre se charge de la transposition en pierre, de la sélection des matériaux et de l’élaboration des croquis, ou d’un processus entièrement créatif, dans lequel le choix des pierres oriente l’ensemble du projet, mais l’une des particularités de l’atelier est sans aucun doute l’attention portée aux matériaux. L’Atelier Terre dispose d’une collection d’échantillons de plus de 150 variétés de pierres, provenant de collections privées, de négociants spécialisés ou collectées directement dans la région.
Outre les pierres dures et semi-précieuses, l’atelier utilise également des marbres anciens, sélectionnés en fonction de leurs qualités esthétiques et de leur compatibilité technique. Le travail des pierres naturelles implique une connaissance approfondie du matériau et un soin particulier dans la sélection, dont dépend la réussite de chaque pièce : la taille manuelle à l’archet est en effet la principale technique utilisée dans l’atelier, car c’est la seule qui permette d’obtenir des motifs figuratifs au rendu mimétique et aux joints invisibles.
Parallèlement aux créations originales, l’Atelier Terre réalise des copies de modèles historiques de l’Opificio delle Pietre Dure et crée des œuvres stylisées pour des projets d’ameublement. Dans l’une des œuvres documentées, un échantillon de commesso a été réalisé à partir d’un modèle de l’OPD pour une table de style antique. Dans un autre cas, un carreau provenant d’un modèle de musée a été fini avant d’être poli. Une autre ligne de travail concerne le placage d’accessoires d’ameublement, réalisé en collaboration avec l’artisan PKM pour la société Baldi Home Jewels. Les travaux documentés comprennent des plateaux de table plaqués en lapis-lazuli et en marbre jaune, des surfaces courbes revêtues pour des vases et des tables décorées de malachite, exemples qui montrent l’adaptabilité de la technique à des surfaces complexes et à des géométries non conventionnelles. Bien que l’approche soit artisanale, le souci du détail, l’originalité des solutions techniques et la qualité des matériaux positionnent l’Atelier Terre sur un territoire qui fusionne de manière irréprochable l’art, le design et, surtout, la haute décoration.
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L'Atelier Terre apporte la beauté du commesso florentin à Paris pour Révélations 2025 |
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