Le directeur du musée national de Villa Giulia : "La beauté, c'est aussi la responsabilité".


Suite au renforcement des mesures de lutte contre l’infection par le coronavirus Covid-19, les initiatives “en ligne” des musées italiens se multiplient. Ce matin, le directeur du Musée national étrusque de Villa Giulia à Rome, Valentino Nizzo, a invité le public à profiter de la fermeture des musées pour continuer à apprécier la culture en utilisant les moyens de communication modernes. “Nous devons tous être responsables, attentifs et suivre les instructions qui nous sont données”, a-t-il déclaré, ajoutant que “les institutions culturelles doivent être proches des citoyens pour leur rappeler combien la beauté (et essayons d’utiliser ce terme de manière non rhétorique) nous entoure. La beauté est aussi inscrite dans l’histoire, dans les récits, dans notre capacité à transmettre la mémoire, mais aussi à utiliser notre mémoire pour être plus responsable et faire en sorte que ce moment dure le moins longtemps possible, afin que nous puissions revenir rapidement à nos habitudes”. Et ce n’est pas tout : la beauté, pour Nizzo, c’est aussi “la beauté humaine de nos proches, de nos voisins, de nos amis auxquels nous devons prêter la plus grande attention parce que tout le monde peut être dangereux”. Le réalisateur conseille donc de mieux utiliser les systèmes de communication à distance “pour continuer à se passionner pour tout ce qui nous échappe parfois et que nous n’apprécions pas”.

Au cours de son émission en direct (que vous pouvez revoir en cliquant sur ce lien), M. Nizzo a lu et commenté un passage du 7e livre de l’Ab urbe condita de Tite-Live, dans lequel l’historien romain raconte comment le théâtre romain a vu le jour lors d’une épidémie. “Un passage sensationnel”, a dit Nizzo, “parfaitement cohérent avec ce qui se passe, un de ces passages qui rendent fous les historiens et les archéologues parce qu’ils regorgent d’informations utiles et intéressantes décrivant l’origine de traditions ou de moments artistiques essentiels comme la naissance du théâtre dans la Rome du IVe siècle, un passage qui décrit des événements qui remontent à 2385 ans, pour être exact 365 avant Jésus-Christ. Rome venait de surmonter le terrible fléau des Gaulois, venus saccager et brûler la ville, et s’apprêtait à devenir la première puissance de notre péninsule et, peu après, de toute la Méditerranée. C’est un passage qui mérite d’être lu aujourd’hui pour nous distraire, pour nous faire penser à autre chose, ou pour la curiosité que nous devons toujours avoir pour tout ce qui nous entoure, en profitant au maximum des moyens de communication et d’information dont nous disposons”.

Vous trouverez ci-dessous l’intégralité du passage lu par le directeur de Villa Giulia.

"Sous les consuls de Lucius Genucius et de Quintus Servilius, alors que ni les séditions ni les guerres ne troublaient la paix, ce qui était très rare à Rome, car on n’était jamais à l’abri de la peur et du danger, une violente peste se déclara. On dit qu’un censeur, un édile curule, trois tribuns de la plèbe moururent, et qu’il y eut proportionnellement beaucoup d’autres victimes parmi le peuple. Mais ce qui rendit cette peste mémorable, ce fut surtout la mort, aussi douloureuse que tardive, de Marcus Furius. C’était en effet un homme unique en toutes circonstances, distingué dans la paix et dans la guerre avant son exil, plus illustre pendant son exil, à la fois parce qu’il fut pleuré par la cité qui, après sa prise, implora son aide alors qu’il était loin, et parce que, revenu dans la patrie, il rendit heureusement la patrie elle-même à la vie avec lui. Pendant les vingt-cinq années qui suivirent, et qu’il vécut encore longtemps, il se montra à la hauteur du titre qui lui venait de cette gloire, et fut jugé digne d’être appelé le second fondateur, après Romulus, de la ville de Rome. Cette année-là et la suivante, au cours de laquelle Caius Sulpicius Petitus et Caius Licinius Stolone furent consuls, la peste dura. Il ne s’est donc rien passé qui mérite d’être rappelé, si ce n’est que pour implorer la faveur des dieux, pour la troisième fois après la fondation de la ville, un lettisterio [sacrifice dédié aux divinités païennes] a été célébré, et comme et comme la violence de l’épidémie ne diminuait ni par des mesures humaines ni par l’aide divine, et que les esprits étaient en proie à la superstition, on dit qu’entre autres moyens d’apaiser la colère des dieux célestes, on institua aussi les scenic ludi, une nouveauté pour ce peuple belliqueux. C’était aussi une nouveauté sans grande importance, comme presque toutes les choses au début, et de surcroît étrangère. Sans chant, sans gestes pour imiter le chant, des danseurs venus d’Étrurie, dansant au son de la flûte, exécutaient des mouvements gracieux à la mode étrusque. Les jeunes se mirent alors à les imiter, tout en échangeant des devises en vers rudimentaires, et les mouvements s’accordant à la voix, la nouveauté fut acceptée et s’imposa de plus en plus à l’usage. Les mauvais interprètes, parce que le danseur était désigné par le mot étrusque ister, reçurent le nom d’“histrion”. Ceux-ci n’échangeaient plus des vers grossiers et improvisés comme par le passé, mais interprétaient des satires riches en mélodies, avec un chant désormais adapté au son de la flûte et des mouvements harmonisés. Quelques années plus tard, Tite-Live [Andronicus], qui avait osé pour la première fois écrire un drame sur la base de satires, et qui était aussi un acteur naturel dans ses propres compositions, comme sa voix était devenue stridente à cause de trop nombreux rappels, et donc, dit-on, demanda la permission, il plaça un jeune homme devant le flûtiste pour chanter, et récita la pièce. Le jeune homme chanta sa partie avec beaucoup plus de vivacité, car il n’était pas gêné par la nécessité d’utiliser sa voix. Le chant commence alors à être accompagné par les gestes des histrions, et la voix de ces derniers est laissée aux seuls dialogues. Mais comme ce système de représentation s’éloignait du rire et de la libre moquerie et que l’amusement se transformait peu à peu en art, les jeunes, après avoir laissé aux histrions la récitation des compositions dramatiques, reprirent l’ancienne coutume d’échanger des bouffonneries exprimées en vers, d’où ce qu’on appela plus tard les “esòdi”, et que l’on connut sous le nom de “bouffons”.Les jeunes gardaient jalousement ce genre de spectacle, qu’ils ne laissaient pas profaner par les histrions. C’est pourquoi la coutume est restée que les acteurs de l’atellane ne pouvaient être éloignés de leur tribu et qu’ils accomplissaient leur service musical comme s’ils étaient étrangers à l’art dramatique. Parmi les débuts d’autres institutions, il m’a semblé que je devais également mentionner l’origine la plus ancienne des représentations théâtrales, afin que l’on puisse voir clairement à partir de quels principes sobres nous en sommes arrivés aux excès actuels, qui ne sont guère admissibles dans les royaumes somptueux".

“Mais l’introduction des ludi, institués pour conjurer la malédiction divine, ne libéra pas les âmes de la crainte superstitieuse, ni les corps du mal ; au contraire, le débordement du Tibre ayant inondé le cirque et réduit de moitié les représentations, ce fait, comme si les dieux étaient désormais hostiles et méprisaient les moyens utilisés pour apaiser leur colère, suscita une immense terreur. Aussi, alors que Cnaeus Genucius et Lucius Aemilius Mamercus étaient consuls pour la seconde fois, comme la recherche de remèdes expiatoires affligeait les âmes plus que les corps n’étaient atteints par le mal, on raconte que les anciens se souvenaient qu’une peste avait été arrêtée jadis par l’affichage du clou par le dictateur. Poussé par cette superstition, le Sénat ordonna qu’un dictateur soit élu pour la pose du clou. Lucius Manlius Imperius fut élu, qui à son tour élut Lucius Pinarius comme maître de chevalerie. C’est une loi ancienne, écrite en lettres et en mots archaïques, que le magistrat suprême, aux Ides de septembre, enfonce le clou. Celui-ci était fixé sur le côté droit du temple de Jupiter Optimus Maximus, du côté où se trouve la chapelle de Minerve. On dit que ce clou, les écritures étant rares à l’époque, était le signe indiquant le nombre d’années, et que la loi était consacrée à la chapelle de Minerve puisque l’invention de Minerve est le nombre. Toujours à Volsinii, selon Cincio, un rapporteur scrupuleux de tels documents, on peut voir des clous indiquant le nombre d’années plantés à l’époque de Norzia. Le consul Marcus Horatius consacra le temple de Jupiter Optimus Maximus selon les dispositions de cette loi un an après l’expulsion des rois. La cérémonie d’affichage du clou passa ensuite des consuls aux dictateurs, parce que leur autorité était plus grande. Cette coutume fut ensuite supprimée et l’institution sembla mériter à elle seule la nomination d’un dictateur”.

Le directeur du musée national de Villa Giulia :
Le directeur du musée national de Villa Giulia : "La beauté, c'est aussi la responsabilité".


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