Un voyage unique à travers l'histoire de la photographie. La collection Bachelot exposée à Rome


Compte rendu de l'exposition 'COLLECTION. 150 photographies de la collection Bachelot', organisée par Sam Stourdzé (à Rome, Académie de France à la Villa Médicis, du 7 octobre 2022 au 15 janvier 2023).

Une collection d’art a toujours un pouvoir narratif unique: elle raconte l’histoire, du point de vue de la personne qui l’a constituée, et elle parle du collectionneur, de sa passion, de ses goûts, des anecdotes de vie qui accompagnent chaque achat. Elle devient ainsi une sorte d’autoportrait, ou de portrait de famille, comme dans le cas de Monsieur et Madame Florence et Damien Bachelot. Leur collection est exposée à la Villa Médicis, siège de l’Académie de France à Rome, à deux pas de la Trinité des Monts, jusqu’au 15 janvier, avec un titre discret mais en lettres capitales, COLLECTION, qui représente bien la double âme de cette collection: une collection familiale, qui est aussi une collection exceptionnelle de photographies.

A l’origine, une collection d’entreprise, celle d’Aforge Finance, créée par Damien Bachelot et ses associés. En 2009, lors de la crise financière, Damien et son épouse l’ont sauvée pour qu’elle ne soit pas dispersée. Depuis, ils l’ont enrichie de nouveaux tirages et, dans les années où les auteurs des grandes agences photographiques n’avaient pas beaucoup d’attention sur le marché, ils ont réussi à mettre la main sur des pièces de valeur. “Nous n’avons jamais eu l’intention de créer une collection. Pendant longtemps, nous n’étions même pas conscients que nous étions en train d’en constituer une”, explique Damien Bachelot à l’adresse . Et pourtant, c’est aujourd’hui l’une des plus importantes collections de tirages photographiques en France et une véritable synthèse de l’histoire de la photographie avec des œuvres d’Henri Cartier-Bresson, Diane Arbus, Dorothea Lange, Vivian Maier, Paul Strand, Sabine Weiss - pour ne citer que les plus connues - qui est présentée ici, à la Villa Médicis, comme une véritable synthèse de l’histoire de la photographie. Les plus connus sont présentés ici à la Villa Médicis dans une sélection de 150 images, sous la direction de Sam Stourdzé, historien de l’image, directeur de l’Académie de France à Rome, et qui a dirigé pendant des années les Rencontres de la photographie d’Arles.

La partie originale de la collection est consacrée à la photographie humaniste, qui a marqué l’Europe de l’après-guerre et en particulier la France. Le regard photographique de l’époque était consacré aux gens simples et à leur vie quotidienne et “correspondait parfaitement à nos aspirations sociales et morales les plus profondes”, racontent les Bachelots.

Vue de l'exposition COLLECTION
Vue de l’exposition COLLECTION
Saul Leiter, United, San Carlo Restaurant at 3rd Avenue and 10th Street (1950 ; Collection Bachelot)
Saul Leiter, United, San Carlo Restaurant at 3rd Avenue and 10th Street (1950 ; Collection Bachelot)
Brassaï, La bande du Grand Albert, quartier Italie (v. 1931-1932 ; épreuve gélatino-argentique ; Collection Bachelot)
Brassaï, La bande du Grand Albert, quartier Italie (c. 1931-1932 ; épreuve gélatino-argentique ; Collection Bachelot)
Laura Henno, Fayal, Comores (2017 ; Collection Bachelot)
Laura Henno, Fayal, Comores (2017 ; Collection Bachelot)
Gilles Caron, Manifestation des catholiques - Londonderry, Irlande du Nord (août 1969 ; Collection Bachelot)
Gilles Caron, Manifestation des catholiques - Londonderry, Irlande du Nord (août 1969 ; Collection Bachelot)
Véronique Ellena, Sans titre, de la série Ceux qui ont la foi (2003 ; Collection Bachelot)
Véronique Ellena, Sans titre, de la série Ceux qui ont la foi (2003 ; Collection Bachelot)
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Paris est au centre de ce changement: dès le début du siècle, c’est déjà une ville cosmopolite, et des artistes, voire des photographes de toute l’Europe, y arrivent. C’est alors que “la photographie devient un art démocratique et non plus seulement le passe-temps de la bourgeoisie”, écrit Michele Poivert, historien de la photographie et collaborateur de l’exposition. C’est aussi à cette époque qu’Henri Cartier-Bresson, qui a laissé derrière lui la Résistance et l’expérience de la photographie de guerre, perfectionne sa poétique du récit et donne naissance à la photographie moderne. L’exposition présente quelques-unes de ses œuvres les moins connues, comme Le barrage de Bougival (1955), l’une de ses compositions les plus originales.

À la même époque, Robert Doisneau travaille avec son ironie faite de détails, comme dans Homme au tableau (1950), mais aussi Brassaï, nom de scène de Gyula Halasz, qu’Henry Miller avait surnommé “l’œil de Paris” pour sa capacité unique à capturer les côtés inconnus d’une ville si photographiée. Et même à cette époque, la photographie n’était pas réservée aux hommes, comme le montrent les photos de Sabine Weiss, exposées avec Paris, enfants (1955) ou Janine Niépce, historienne de l’art et membre de la Résistance française, l’une des premières femmes en France à travailler en tant que photojournaliste. Son Mariage vu de ma fenêtre, sur le front de mer Louis Blériot (1943) surprend par son regard contemporain sur une image qui trahit son âge.

Dans leur aventure de collectionneurs, les Bachelot font souvent référence au marché américain. La demande d’œuvres photographiques y est plus faible et les prix plus abordables qu’en France. C’est là qu’ils découvrent la Street Photography américaine, et commencent à acquérir des classiques du documentaire, de Dorothea Lange à Diane Arbus en passant par Vivian Maier. Le trait commun reste l’individu, dans sa condition humaine et sociale, mais il est certain que la photographie américaine révèle “une représentation plus dure, plus sombre de la nature humaine”, souligne Sam Stourdzé. L’exposition est marquée par The Defendant, Alameda County Courthouse, Calif. (1957) de Dorothea Lange, cet homme au visage caché dans sa grande main qui semble trembler, mais aussi un portrait simple et très douloureux d’Helen Levitt, Boy with gun (1942).

C’est à New York que les Bachelot découvrent Saul Leiter, pionnier de la couleur dans les années 1950. Ils nouent avec lui un lien personnel à la fin de sa vie, alors qu’il n’est pas encore très célèbre. Cette amitié se traduit par une série de tirages au Cibachrome, “un procédé perdu inégalé pour la profondeur des couleurs” dit Damien Bachelot, présentée dans l’escalier menant du rez-de-chaussée aux dernières salles de l’exposition.

Sabine Weiss, Paris, Enfants (1955 ; Collection Bachelot)
Sabine Weiss, Paris, Enfants (1955 ; Collection Bachelot)
Joel Meyerowitz, Dairy Land Provincetown, Massachusetts (1976 ; Collection Bachelot)
Joel Meyerowitz, Dairy Land Provincetown, Massachusetts (1976 ; Collection Bachelot)
Mario Giacomelli, Io non ho mani che mi accarezzino il volto (1961-1963 ; Collection Bachelot)
Mario Giacomelli, Io non ho mani che mi accarezzino il volto (1961-1963 ; Collection Bachelot)
Luigi Ghirri, Atelier Morandi, Grizzana (1989 ; Collection Bachelot)
Luigi Ghirri, Atelier Morandi, Grizzana (1989 ; Collection Bachelot)
Dave Heath, Margarita Perez (1963 ; Collection Bachelot)
Dave Heath, Margarita Perez (1963 ; Collection Bachelot)

Nous arrivons ensuite à la deuxième partie de la collection, qui met davantage l’accent sur la contemporanéité et son expérimentation. Et là, entre la dureté des gris de Josef Koudelka dans ses images d’Europe de l’Est, et les récits américains de Paul Fusco aux couleurs saturées, il y a aussi un peu d’Italie, avec les “pretini” de Giacomelli.pretini" de Giacomelli(Io non ho mani che mi accarezzino il volto - 1961/1963), des extrêmes exceptionnels de noir et blanc, et les couleurs pastel de Luigi Ghirri(Atelier Morandi, Grizzana - 1987). Viennent ensuite les reportages contemporains, avec Luc Delahaye, Mohamed Bourouissa, Véronique Ellena, puis Laura Henno, qui frappe par sa capacité artistique à raconter les conditions humaines les plus difficiles.

En somme, il s’agit presque d’un manuel d’histoire de la photographie. Cent ans de prises de vue de la vie, résumées dans une mise en page simple et attrayante. C’est une expérience unique pour le visiteur, qui a rarement l’occasion de se trouver face à des objets artistiques comme ceux-ci: des tirages vintage, jaunis par le temps, aux contours abîmés, des tirages de toutes tailles qui nous rapprochent d’une physicalité de la photographie à laquelle les grandes expositions nous ont déshabitués. En effet, l’attention portée à l’authenticité des tirages est le propre du collectionneur. À l’heure où “l’image numérique règne en maître et où le tirage photographique est devenu encombrant”, selon Sam Storudzé, les œuvres de cette collection sont au contraire physiquement uniques.

Chaque objet a son histoire: une photographie de journal qui a servi de reproduction pour un magazine, un tirage présenté au Museum of Modern Art de New York à l’occasion d’une exposition particulière, comme en témoigne l’étiquette au dos, ou encore le tirage fétiche d’une photo que l’auteur a gardée toute sa vie(Lella d’Edouard Boubat, 1948). Il s’agit d’un voyage dans la technique de la photographie, qui part du tirage au sel d’argent, caractéristique du XXe siècle, passe par différents formats, du 24x36 mm du Leica au 6x6 cm du Rolliflex, l’appareil préféré de Brassai, pour arriver à l’art vidéo de Laura Henno, hébergé de manière suggestive dans l’ancienne citerne de la Villa Médicis.


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