by Federico Giannini, Ilaria Baratta , published on 12/04/2018
Categories: Œuvres et artistes
/ Disclaimer
Les Étrusques étaient un peuple amateur de sport (même s'ils préféraient le regarder plutôt que le pratiquer): voici quels étaient leurs sports préférés et où nous les trouvons représentés.
La boxe, la course à pied, le saut en longueur, la lutte, le lancer du disque, le lancer du javelot, les courses de chevaux: ce ne sont là que quelques-uns des sports que nous pratiquons aujourd’hui, mais qui étaient déjà pratiqués par les Étrusques il y a plus de deux mille cinq cents ans. Nous savons que dans la civilisation étrusque, l’usage des sports était déjà très répandu, mais nous devons également souligner que notre connaissance des sports étrusques est beaucoup plus limitée que celle des civilisations grecque ou romaine, principalement pour une raison: il existe très peu de témoignages écrits sur les Étrusques, et en ce qui concerne les œuvres d’art, le tableau est certainement fragmentaire, puisque, sur la base de ce qui nous est parvenu, on peut dire que les Étrusques étaient plus enclins à la compétition qu’à l’entrainement. Les productions artistiques étrusques (notamment les céramiques et les fresques) regorgent de scènes de boxe (que l’on peut imaginer, selon une expression moderne, comme le “sport national étrusque”, étant donné le grand nombre de représentations de boxeurs qui nous sont parvenues), de courses de chars et de combats de lutte. Ces représentations sont si précises que les chercheurs (surtout Jean-Paul Thuillier, autorité incontestée dans le domaine du sport étrusque) sont même parvenus à esquisser de nombreux aspects techniques de la pratique sportive en Étrurie.
Avant d’examiner de plus près quels étaient les sports préférés des Étrusques, comment ils les pratiquaient et quelles étaient leurs règles, il est nécessaire de préciser comment la civilisation étrusque concevait la pratique sportive. Une première différence qui distingue les Étrusques des Grecs consiste dans le fait que, pour les Étrusques, la pratique du sport n’est pas considérée comme fondamentale pour le développement de la personne (alors que, à l’inverse, la culture de la forme physique est un principe de base de la civilisation grecque): l’athlétisme, pour les Étrusques, n’a jamais été une valeur, et c’est pour cette raison que les représentations d’hommes en train de faire de l’exercice sont si rares. Si la culture de la forme physique est un trait fondamental d’une civilisation, il est tout à fait normal qu’elle soit représentée dans les œuvres d’art, et c’est pourquoi l’art grec en regorge. A l’inverse, si le sport est plus un spectacle et un divertissement qu’un exercice quotidien auquel le citoyen doit s’adonner, il s’ensuit que l’entraînement reste réservé à un cercle restreint de personnes (pour qui l’art n’a pas d’intérêt), et que les productions artistiques finissent par privilégier d’autres aspects de la pratique sportive. Une autre différence importante entre les Grecs et les Étrusques réside dans le statut social des athlètes: hommes libres en Grèce, du fait de la très haute considération du sport, esclaves en Étrurie. Mais des esclaves “bien nourris et bien traités”, comme le souligne Thuillier, et entièrement dédiés à la pratique du sport: on peut donc imaginer qu’ils bénéficiaient de conditions de vie bien meilleures que les esclaves affectés à d’autres tâches. Mais il se peut aussi que les nobles s’adonnent au sport par plaisir.
Une autre différence importante réside dans la conception même du sport chez les Grecs et les Étrusques. Bien sûr, pour simplifier, nous utilisons le terme moderne de “sport”, mais c’est un peu exagéré, car il serait plus correct de parler d’agon (pour les Grecs) et de ludus (pour les Étrusques et, plus tard, les Romains: ludus est en fait un terme latin). L’agon des Grecs est une véritable compétition (agonistique, dirions-nous: l’adjectif dérive précisément d’agon), très ressentie par les athlètes. Ludus, en revanche, est un spectacle (on pourrait traduire le terme par “jeu”), où l’athlète est avant tout appelé à divertir le public. Pour utiliser une comparaison moderne, en faisant bien sûr les proportions nécessaires, ce serait comme si les Grecs avaient préféré la lutte olympique, et les Étrusques la lutte. Évidemment, même les ludi avaient leurs propres cérémonies et leur propre solennité (un peu comme dans la lutte, où l’on décerne des titres de champion du monde), mais l’objectif principal était toujours et dans tous les cas le spectacle. En résumé, on peut dire que les Étrusques aimaient plus regarder le sport que le pratiquer... !
Un autre aspect important à souligner, concernant le sport étrusque, est la dimension publique des événements. Dans plusieurs représentations de courses et de compétitions trouvées dans l’art étrusque, il est en effet possible de voir des représentations d’un public assistant à l’événement. Certes, il n’était pas rare que les membres des classes supérieures de la population organisent des compétitions sportives pour un public restreint, peut-être pour se divertir lors d’un banquet (par exemple, sur les plaques de terre cuite de Murlo, des carreaux qui décoraient la façade d’une maison, on voit une course de chevaux et une scène de banquet, et des associations similaires ne sont pas rares dans l’art étrusque), mais les jeux prenaient souvent aussi une dimension collective. Dans les fresques de la Tombe des Bigas à Tarquinia, par exemple, on distingue clairement des gradins en bois (et il faut souligner qu’aujourd’hui certaines études architecturales reviennent à considérer le bois comme un matériau de construction pour les gradins des stades, même de grande taille). Au-dessus de ces gradins, également couverts, les spectateurs, hommes et femmes, s’assoient pour assister à certaines compétitions sportives. Il s’agit, en ce sens, du document le plus précieux que l’art étrusque nous ait laissé, puisque dans aucune autre œuvre conservée on ne trouve des gradins de ce type. Les personnages eux-mêmes sont très intéressants: dans l’une des tribunes, on voit aussi une femme qui, dans un geste très affectueux, embrasse son homme en passant son bras autour de son cou et en lui souriant. Un geste qui, selon Thuillier, est presque une confirmation de l’égalité entre hommes et femmes dans la société étrusque, puisque, dans cette scène, c’est la femme qui “prend l’initiative d’un geste très moderne”.
|
Art étrusque, Plaque avec scène de banquet (VIe siècle av. J.-C. ; terre cuite ; Murlo, Antiquarium de Poggio Civitate - Musée archéologique) |
|
Art étrusque, Plaque avec scène de course de chevaux (VIe siècle av. J.-C. ; terre cuite ; Murlo, Antiquarium de Poggio Civitate - Musée archéologique) |
|
Art étrusque, Scène de course de chars (deuxième quart du Ve siècle av. J.-C. ; fresque ; Chiusi, Tomba del Colle) |
|
Art étrusque, scène de combat (deuxième quart du Ve siècle av. J.-C. ; fresque ; Chiusi, Tomba del Colle) |
|
Reproduction du mur gauche de la tombe des Bigas à Tarquinia (1901 ; huile sur toile, 204 x 516 cm ; Boston, Museum of Fine Arts) |
|
Reproduction du mur gauche de la Tombe du Bigas de Tarquinia, détail avec les terrasses |
|
Tombeau du Bigas de Tarquinia, moulage d’Otto Magnus von Stackelberg (1827), détail |
|
Les tribunes en bois du nouveau stade du Puskás Akadémia FC (équipe de football de première division hongroise), inauguré en 2014 |
Les compétitions sportives ne se déroulaient donc pas seulement à l’intérieur des cercles aristocratiques, mais dans certains cas, elles étaient également ouvertes au public. Les raisons pour lesquelles les jeux et les compétitions étaient organisés étaient diverses. Parmi les pratiques les plus répandues, on trouve les jeux organisés dans le cadre d’une cérémonie funéraire: les athlètes honoraient en quelque sorte le défunt par leurs compétitions. C’est ce que l’on voit, par exemple, dans la Tombe du Singe, où la défunte, une femme, est représentée assise et voilée, observant les compétitions qui se déroulent autour d’elle. Des jeux sportifs sont alors organisés en l’honneur des dieux: Dans les Historiae d’Hérodote, par exemple, on peut lire qu’à la suite de la bataille de la mer Sarde, un conflit naval qui s’est déroulé dans la mer près des bouches de Bonifacio et qui a vu s’affronter une armée de Grecs de Phocée, qui s’étaient réfugiés en Corse pour échapper aux persécutions de Cyrus le Grand, et une coalition d’Éthiopiens et de Romains, et de l’autre une coalition d’Étrusques et de Carthaginois, les Ceretani (c’est-à-dire les Étrusques de Cerveteri), qui, après l’apparition d’une épidémie causée par les prisonniers phocéens, envoyèrent une délégation à Delphes pour interroger l’oracle sur ce qu’il convenait de faire. L’oracle répondit que les Cérétans devaient organiser des jeux en l’honneur des morts. Les jeux publics étaient en effet une pratique courante en Étrurie aux VIe et Ve siècles avant J.-C., comme le confirme également Tite-Live dans son ouvrage Ab urbe condita, qui nous informe d’un autre type de compétition sportive, celle organisée à l’occasion d’un événement particulier. En particulier, Tite-Live raconte que le roi Tarquinius Priscus voulait célébrer une victoire sur les Latins avec des ludi.
Comme dans les compétitions sportives modernes, les Étrusques avaient également l’habitude de récompenser les vainqueurs par des primes substantielles. Et la récompense était bien plus moderne qu’on ne l’imagine: alors qu’aujourd’hui les vainqueurs d’une compétition sportive sont récompensés par une coupe (c’est-à-dire un objet qui, bien qu’il n’ait plus aujourd’hui qu’une fonction purement symbolique, servait à l’origine à boire et donc à porter un toast au succès), chez les Étrusques, ils obtenaient comme prix un trépied, un objet qui servait à soutenir une vasque ou un récipient pour les libations, et qui pouvait également avoir une grande valeur artistique. Dans l’art étrusque, on trouve plusieurs représentations de trépieds sur fond de combats de boxe, de courses de chevaux ou, en général, de compétitions sportives. C’est ce que l’on peut voir, par exemple, dans le célèbre vase François, une découverte extraordinaire qui se trouve actuellement au Musée archéologique national de Florence. Il s’agit d’un grand cratère (c’est-à-dire un vase dans lequel on mélangeait l’eau et le vin lors des banquets pour les servir aux convives) datant du VIe siècle, de production attique mais importé en Étrurie (les échanges entre la Grèce et l’Italie étaient fréquents à l’époque et les Étrusques étaient de grands importateurs de céramique: il y avait une production spéciale pour le marché étrusque en Grèce), qui doit son nom à son découvreur, l’archéologue Alessandro François (Florence, 1796 - 1857). Dans l’une des nombreuses scènes qui la peuplent, on voit une course de chevaux avec, à l’arrière-plan, un trépied qui attend le vainqueur. Plus proche encore des coupes modernes, le prix que l’on peut voir dans les terres cuites de Murlo déjà mentionnées. Ici aussi, il s’agit d’une course de chevaux (qui ne sont plus montés sur un char, mais sur des jockeys) et, à gauche, on peut voir un grand récipient placé sur une colonne: une sorte de coupe antique réservée au champion. Et, qui sait, peut-être des prix étaient-ils également prévus pour les trois premiers arrivés, comme c’est le cas aujourd’hui: dans la tombe des Àuguri, à Tarquinia, on peut voir deux lutteurs face à face, et derrière eux trois grandes coupes en forme de vase de différentes couleurs, empilées l’une sur l’autre.
|
Art étrusque, Scènes de jeux funéraires avec portrait du défunt au centre (vers 480 av. J.-C. ; fresque ; Chiusi, Tombe du Singe) |
|
Ergotimos et Kleitias, krater attique connu sous le nom de vase François (vers 570 av. J.-C. ; poterie à figures noires, 66 x 57 cm ; Florence, Museo Archeologico Nazionale). Ph. Crédit Francesco Bini |
|
Vaso François, détail de la course de chevaux avec, à l’arrière-plan, le trépied du vainqueur |
|
Art étrusque, scène de combat (540-530 av. J.-C. ; fresque ; Tarquinia, Tombe des Augures) |
La Tombe des Augures nous offre l’une des plus intéressantes représentations de rencontres sportives que l’on puisse trouver dans l’art étrusque. Il s’agit d’une scène de combat: et chez ces lutteurs, “toute l’expression”, écrivent les archéologues Giovanni Becatti et Filippo Magi en 1955, “est concentrée dans les corps musclés et lourds, tandis que les têtes fixes et entourées semblent être sans pensée, et avec une fine sensibilité le peintre a rendu les cheveux rasés sans aucun ornement de boucles, formant une ligne de contour continue qui continue sans interruption celle du profil du visage et du cou, en évitant tout détail qui pourrait rompre cette unité et retenir et détourner le regard de la masse corporelle des nus”. Des têtes de lutteurs non rasées et non soignées, toutes deux d’une brutalité atonale, qui forment un contraste significatif avec celles des juges de la compétition". Les deux chercheurs ont souligné que la masse musculaire des deux athlètes, beaucoup plus développée que celle des juges et, à côté d’eux, du personnage engagé dans le jeu typiquement étrusque du phersu (sur lequel nous reviendrons dans un instant), suggère qu’il s’agit de deux athlètes professionnels. Cependant, les athlètes professionnels en Étrurie étaient toujours des personnes de statut social inférieur, qui ne jouissaient pas de la liberté: les nobles, comme nous l’avons mentionné, pouvaient s’adonner à des activités récréatives et sportives, mais jamais à un niveau professionnel (bien que les érudits aient longtemps soutenu que les nobles pouvaient néanmoins prendre part à des compétitions dans des contextes officiels). Quant au phersu, jeu très violent, probablement le plus sanglant du monde étrusque, il est représenté sur de nombreuses fresques, mais nous en savons très peu sur lui. Comme nous l’avons dit, il était typiquement étrusque: dans ce jeu, le protagoniste (qui était appelé phersu), un personnage portant un masque (en latin, le terme pour le masque est persona), peut-être un acteur, tenait en laisse un chien féroce et le dirigeait vers un personnage dont la tête était couverte d’un sac blanc. Nous ignorons cependant si le jeu se terminait par la mort du concurrent (et donc si les condamnés y étaient soumis), ou s’il s’agissait simplement d’un spectacle truculent qui n’entraînait cependant pas de conséquences trop graves pour le joueur. Des chercheurs ont cependant voulu voir dans le phersu un antécédent des jeux de gladiateurs de la Rome antique.
Mais quels étaient les sports les plus pratiqués par les Étrusques? On pourrait commencer par celui qui, comme on l’a dit, était le plus populaire: la boxe. Nous voyons une scène avec deux boxeurs qui s’affrontent sur la décoration d’une amphore attique, trouvée dans la Tombe du Guerrier à Lanuvio et maintenant au Musée national étrusque de Villa Giulia à Rome. L’œuvre présente un schéma typique de la représentation des combats de boxe: les deux athlètes s’affrontent, le poing levé, face à face, sous le regard des juges (dans le cas de l’amphore de Lanuvio, seul le prix, qui apparaissait généralement à l’arrière-plan, est absent). La boxe antique se caractérise justement par cette étrange position de garde, avec les poings très hauts pour protéger le visage, beaucoup plus que dans la boxe moderne: il est donc concevable que, dans la boxe étrusque, seuls les coups au visage étaient autorisés. Cette règle semble également confirmée par des sources écrites (par exemple Virgile qui, dans le cinquième livre de l’Enéide, parle de boxeurs se frappant à la tête) et est probablement due au fait que les coups au visage étaient considérés comme plus efficaces pour la victoire (sans parler du fait que ces coups étaient beaucoup plus spectaculaires que ceux au corps, et l’on a dit que les Étrusques aimaient le divertissement plus que la compétition). D’ailleurs, dans la boxe antique, tant en Grèce qu’en Étrurie, les catégories de poids n’existaient peut-être pas: dans une inscription grecque retrouvée à Francavilla Marittima, un athlète se vante d’avoir remporté une compétition de boxe en battant des athlètes beaucoup plus doués physiquement que lui.
L’accompagnement musical est uneparticularité de la boxe étrusque: les boxeurs apparaissent souvent accompagnés d’un musicien qui joue de la tibia, la double flûte caractéristique. On ne sait cependant pas quel était le rôle exact de l’auleta, c’est-à-dire du musicien: certains ont émis l’hypothèse que la musique servait à guider les mouvements des boxeurs, auquel cas la boxe étrusque aurait été un peu comme la capoeira brésilienne moderne, un mélange de danse et d’art martial. Certains, au contraire, pensent qu’il s’agissait d’un simple accompagnement, mais sans utilité pratique pour la contention. Ceux qui pensent au contraire qu’elle avait une utilité pratique, pensent que la musique servait probablement à marquer les moments du match, et à mettre de l’ordre dans le combat en rythmant les actions des boxeurs. Une autre hypothèse encore est que l’auleta ne servait qu’à commencer le combat ou, au contraire, à le terminer (un peu comme dans la boxe moderne où c’est le gong qui marque l’enchaînement des rounds). Et si l’on pense que les combats de boxe en Étrurie étaient divisés en rounds exactement comme aujourd’hui (bien qu’aucune preuve dans les textes anciens ne nous l’assure), l’auleta aurait été un peu comme la pom-pom girl moderne et aurait simplement diverti le public entre un round et le suivant. Difficile cependant de trouver une solution.
|
Peintre d’Antimène, amphore panathénaïque avec scema de boxe, provenant de la Tombe du Guerrier dans la Nécropole de l’Osteria (530-510 av. J.-C. ; poterie à figures noires ; Rome, Musée national étrusque de Villa Giulia). Ph. Crédit Francesco Bini |
|
Art étrusque, Amphore connue sous le nom d’Amphore B64 (vers 510-500 av. J.-C. ; poterie à figures noires, 45,72 x 31 cm ; Londres, British Museum) |
|
Art étrusque, Amphore connue sous le nom d’Amphore B64, détail avec scène de boxe |
|
Combat de capoeira avec des joueurs. Ph. Crédit Ricardo André Frantz |
|
Art étrusque, scène de phersu (540-530 av. J.-C. ; fresque ; Tarquinia, Tombe des Àuguri) |
De nombreux autres sports étaient pratiqués par les Étrusques. La lutte était particulièrement populaire (nous la voyons représentée dans la tombe des Àuguri dans l’illustration ci-dessus): le but du jeu, dans ses formes anciennes, était de déséquilibrer l’adversaire et de le faire tomber au sol (à la différence que, contrairement à la lutte moderne, pour les anciens, le match était terminé lorsque l’un des deux combattants tombait: la lutte au sol n’était pas envisagée comme elle l’est aujourd’hui). À cette fin, les athlètes avaient l’habitude de s’oindre d’huile, non seulement pour préparer leurs muscles, mais aussi pour rendre la lutte de leur adversaire plus difficile: de nombreux musées étrusques exposent des spécimens de strigil, un outil qui servait à retirer l’huile de la peau une fois la compétition terminée. Les Étrusques pratiquaient ensuite les quatre autres sports du pentathlon grec (le cinquième étant la lutte): le saut en longueur, le lancer du disque, le lancer du javelot et la course. Le saut en longueur était le seul type de saut pratiqué dans l’Antiquité (le saut en hauteur n’était pas envisagé) et pouvait être effectué avec ou sans élan, et en tout cas souvent avec un accompagnement musical. La tombe dite des Olympiens à Tarquinia représente un sauteur en train d’atterrir: il est représenté les bras en arrière, sur le point de toucher le sol, au milieu d’un groupe de personnages pratiquant d’autres sports (c’est la raison pour laquelle la tombe est connue). Parmi ceux-ci se trouve un disque: le lancer du disque était en effet un sport également pratiqué en Étrurie, et plusieurs statuettes en bronze représentant des athlètes s’exerçant au lancer du disque ont également été conservées. Un disque particulièrement intéressant est celui conservé au musée archéologique de Populonia: on le voit avec le disque placé horizontalement sur l’avant-bras droit, et avec le bras gauche levé (c’est le mouvement que fait l’athlète pour se préparer au lancer). Il existe également des statues en bronze de lanceurs de javelot (l’une d’entre elles se trouve au musée archéologique de Florence), ainsi que des céramiques: un célèbre lanceur de javelot est représenté sur l’amphore B64 du British Museum, à côté d’un disque. Il existe également de nombreuses représentations de la course à pied: célèbres sont celles de la tombe des Olympiens, mais aussi intéressantes sont les coureurs que l’on voit sur un kyathos (vase qui servait à dessiner: une sorte de grande louche) conservé à Grosseto, au musée archéologique et artistique de la Maremme. Ce qui est intéressant à propos de la course à pied, c’est que les anciens participaient probablement à des compétitions de sprint, étant donné la carrure toujours musclée des coureurs que l’on retrouve dans l’art étrusque. Mais il ne s’agit peut-être que d’un expédient esthétique, car le sprint, dans lequel la performance et la force physique de l’athlète comptent plus que l’endurance, est artistiquement plus intéressant qu’une course de fond: il est donc tout à fait légitime d’imaginer que les Étrusques concouraient également sur de longues distances, mais qu’ils préféraient représenter des courses courtes dans les œuvres d’art.
Quant aux courses de chevaux, comme nous l’avons vu plus haut, il existait en Étrurie aussi bien des courses de chevaux montés par des jockeys que des courses de chars. Ces sports étaient très populaires, comme en témoignent les diverses représentations que l’on trouve sur les fresques, les céramiques et les reliefs. Dans les dalles de Murlo, par exemple, nous avons une course de chevaux montés, tandis que les courses de chars (en particulier les chars conduits par deux ou trois chevaux) se trouvent dans les fresques de la Tombe des Chariots, dans celles de la Tombe de la Colline, sur la célèbre amphore du Musée archéologique de Florence (de production grecque, mais trouvée à Orvieto dans la tombe d’un aristocrate étrusque). Ce sport était particulièrement apprécié de la noblesse, qui organisait souvent des courses de chevaux.
|
Fabrication étrusque, Strigil (3e-2e siècle av. J.-C. ; fer ; Cortona, Museo dell’Accademia Etrusca di Cortona) |
|
Art étrusque, Coureur, sauteur en longueur et disque (fin du VIe siècle av. J.-C. ; fresque ; Tarquinia, Tombe des Olympiens) |
|
Art étrusque, Discobolus, sommet de candélabre (510-490 av. J.-C. ; bronze ; Populonia, Musée archéologique du territoire) |
|
Art étrusque, vase avec des athlètes en train de courir (vers 510-490 av. J.-C. ; bronze ; Grosseto, Museo Archeologico e d’Arte della Maremma) Ph. Crédit Francesco Bini |
|
Art étrusque, Amphore connue sous le nom d’Amphore B64, détail avec un lanceur de javelot |
|
Peintre grec, amphore panathénaïque avec un char (vers 565-535 av. J.-C. ; poterie ; Florence, Museo Archeologico Nazionale) |
Enfin, une question s’impose: les Étrusques avaient-ils des champions qu’ils honoraient? Y avait-il, dans l’ancienne Étrurie, un équivalent du Roger Federer ou du Leo Messi d’aujourd’hui? Les témoignages qui nous sont parvenus sont bien maigres pour répondre à cette question, mais nous avons un nom: il s’agit de Ratumenna, un charretier (c’est-à-dire un conducteur de char) de Veio, l’une des plus importantes cités étrusques. Selon la légende, Ratumenna, au cours d’une course, perdit le contrôle de son char et en fut projeté si violemment qu’il perdit la vie. L’épisode se déroula à Rome, près de la porte (Porta Ratumenna, ou Porta Ratumena, selon la variante latine) qui prit plus tard son nom, et qui n’existe plus: elle se trouvait près de l’endroit où se dresse aujourd’hui le Vittoriano. Compte tenu de la popularité de la légende et du fait qu’une des anciennes portes de Rome lui était dédiée, il est tout à fait légitime d’imaginer que Ratumenna était un grand champion de courses de chars. Et qui sait, on peut imaginer que Ratumenna représentait alors pour les Étrusques ce qu’un champion comme Ayrton Senna représente aujourd’hui pour les amateurs de Formule 1.
Bibliographie de référence
- Giovannangelo Camporeale, Les Étrusques. Histoire et civilisation, UTET, 2015 (4e édition)
- Thomas F. Scanlon, Sport in the Greek and Roman Worlds: Greek Athletic Identities, Oxford University Press, 2013
- Nigel B. Crowther, Sport in Ancient Times, University of Oklahoma Press, 2010
- Allen Guttmann, Sports: The First Five Millennia, Massachusetts University Press, 2004
- Richard Mandell, Sport: a Cultural History, iUniverse, 1999
- Jean-Paul Thuillier, Les jeux athlétiques dans la civilisation étrusque, École Française de Rome, 1985
- Giovanni Becatti, Filippo Magi, Le pitture delle tombe degli Auguri e del Pulcinella Monumenti, Istituto Poligrafico dello Stato, 1956
Avertissement : la traduction en français de l'article original italien a été réalisée à l'aide d'outils
automatiques.
Nous nous engageons à réviser tous les articles, mais nous ne garantissons pas l'absence totale d'inexactitudes dans la traduction dues au
programme. Vous pouvez trouver l'original en cliquant sur le bouton ITA. Si vous trouvez une erreur,veuillez nous contacter.