Les "nouvelles recrues" de la Mibac écrivent à Bonisoli pour protester contre le réaménagement interne du ministère


Le Comité des nouveaux leviers de la Mibac écrit au ministre des Biens culturels, Alberto Bonisoli, pour protester contre le réaménagement interne du ministère.

Nous avons reçu et publié de la part du Comitato Nuove Leve Mibac, qui regroupe certains des lauréats des concours 2008 et 2016 du ministère de la Culture, une lettre ouverte au ministre Alberto Bonisoli exprimant son désaccord avec une procédure de requalification interne au ministère qui, selon les signataires, pourrait permettre à des collaborateurs internes de devenir des fonctionnaires ministériels sans remplir les conditions d’accès de l’extérieur. Le texte intégral est reproduit ci-dessous.

Monsieur le Ministre,

Vous laisseriez-vous opérer par un chirurgien qui n’a qu’un diplôme (éventuellement générique) et qui est infirmier depuis 6 ans ou qui travaille à l’infopoint de l’hôpital depuis 10 ans ? Nous ne le faisons pas, nous préférons un vrai chirurgien qui a une spécialisation et qui a gagné un concours, mais le Mibac risque ce paradoxe.

Le dernier concours commencé en 2016 vient de se clôturer, un concours très difficile et complexe (aussi complexe que l’avait été le concours de 2008), auquel de nombreux employés du ministère ont également participé, et l’ont réussi, dans le respect de la loi Brunetta qui avait rendu illégitimes les requalifications internes, en prévoyant comme seul accès le concours public avec une réserve de places pour les internes, qui dans ce cas n’a même pas été appliquée.

Le concours a sélectionné plus d’un millier de fonctionnaires, tous titulaires d’un diplôme de troisième cycle (parfois même plus d’un), le recrutement des lauréats est toujours en cours, nous n’avons encore aucune garantie que les classements seront complètement épuisés, et nous avons déjà assisté à la tentative d’abaisser inexorablement les exigences d’accès de l’intérieur aux mêmes profils techniques.En interne, aux mêmes profils techniques du ministère, avec des changements de domaine, où le projet d’avis soumis il y a quelques jours à la table de négociation nationale créerait une équivalence entre un doctorat/spécialisation/master avec “6 ans d’ancienneté dans des fonctions relatives au profil pour lequel on postule, ou 10 ans d’ancienneté dans le Mibac”(1 ). (1 ) Sans parler du profil promotion et communication, auquel il serait même possible d’accéder avec un simple diplôme de trois ans, et du profil restaurateur, pour lequel aucune inscription sur les listes de qualification n’est requise.

Et tout cela, à notre connaissance, dans un cadre d’illégitimité, puisque le décret législatif n° 75 du 25 mai 2017 (dit réforme Madia), apportant des modifications et des ajouts au décret législatif n°. 165, rétablit, uniquement pour la période triennale 2018 - 2020 en dérogation temporaire à Brunetta, les procédures sélectives internes, en prévoyant toutefois que les qualifications pour l’accès à ces procédures restent les mêmes que celles prévues pour l’accès de l’extérieur (2).

Or, de la liste déclarative des profils Mibac, approuvée par Aran 2010 et de la lex specialis (3) du dernier concours, ainsi que de l’avis sur les équivalences demandé par Mibac à Miur (4) nous apprenons que les qualifications pour devenir fonctionnaires archéologues, historiens de l’art, architectes, archivistes, etc.historiens de l’art, architectes, archivistes, bibliothécaires, anthropologues et démoethnoanthropologues sont un master dans des matières liées au profil, une qualification professionnelle (pour les architectes uniquement), ainsi que l’un des diplômes de troisième cycle suivants

  • doctorat dans des matières liées au profil pour lequel on concourt.
  • Spécialisation de deux ou trois ans dans des matières en rapport avec le profil pour lequel vous postulez.
  • Master de deux ans dans des matières en rapport avec le profil pour lequel vous postulez.

En l’absence de ces exigences, lors des concours susmentionnés (2008 et 2016), il n’était même pas possible de soumettre l’inscription en ligne, à moins que l’admission avec réserves ne soit ordonnée par la juridiction compétente, ce qui a alors entraîné de nombreuses exclusions pour manque de qualifications (5).

Ajoutons que si la réforme Madia a rétabli des dispositions inattendues en matière de promotion interne, elle en a aussi délimité précisément les contours, en prévoyant des épreuves “visant à vérifier l’aptitude des candidats à utiliser et à appliquer des notions théoriques pour résoudre des problèmes spécifiques et des cas concrets” (6). Pour répondre à cette disposition législative, le projet d’accord, que nous avons contesté, proposait un quiz de vingt questions à choix multiples, contrairement aux épreuves du concours 2016, qui comportaient plutôt

  • un test de présélection (avec une base de données de 4500 questions) consistant en une épreuve de 80 questions en 40 minutes.
  • une première épreuve écrite composée d’un document (thème) relatif au sujet du profil et de questions à réponse courte en droit et en anglais.
  • une deuxième épreuve écrite de nature technico-juridique, portant sur la rédaction d’un acte administratif, avec commentaire et références normatives.

Sur l’épreuve orale, nous n’avons pas grand-chose à dire, étant donné l’imprécision de sa formulation dans le projet d’accord, alors qu’il y a beaucoup à dire sur l’évaluation des qualifications, où un “postgraduate course”(7) générique vaudrait presque autant qu’un doctorat. Nous espérons que tout ceci n’est qu’une plaisanterie de mauvais goût, et que les progressions internes prévues par la loi Madia pourront se faire selon des critères de haut niveau, avec un jury externe et avec les mêmes qualifications que celles exigées à l’extérieur.

Monsieur le Ministre, soyez vigilant sur ce qui se passe, car nous sommes soucieux de l’avenir de ce ministère. Nous vous demandons donc de ne pas permettre que des compétences aussi importantes, qui garantissent la possession d’un profil académique et de formation pertinent, soient considérablement affaiblies, avec des répercussions prévisibles sur la qualité du travail, surtout si l’on tient compte du fait que le Mibac est le seul ministère appelé à appliquer une discrétion technique et que, pour cette raison, il ne peut en aucun cas négliger la haute spécialisation de ses fonctionnaires (8).

Et il est à peine utile de souligner que cela créerait également des problèmes pratiques embarrassants. Comment un architecte pourrait-il exercer toutes ses tâches, y compris la gestion d’un chantier, sans qualification professionnelle ? Comment un archéologue non spécialisé pourrait-il dévaloriser les résultats de l’archéologie préventive qui, selon la loi, doivent être établis par un professionnel ayant une formation spécialisée ?

Nous comptons donc sur vous, sur la valeur que vous accordez à la formation, pour garantir l’équité et l’impartialité des sélections, en espérant que nous pourrons procéder à l’épuisement des listes d’aptitude, afin de ne pas enlever des places à ceux qui ont déjà réussi un concours, sans obtenir de remises et conformément à notre législation de référence.

(1) Projet d’accord relatif aux progressions entre zones pour la période triennale 2018 - 2020, juillet 2017, p. 3.

(2) L’article 22, alinéa 15, du décret législatif n° 75 du 25 mai 2017 dispose : “Pour la période triennale 2018-2020, les administrations publiques, afin de renforcer le professionnalisme interne, peuvent activer, dans les limites des pouvoirs d’embauche actuels, des procédures sélectives de progression entre les domaines réservés au personnel permanent, sans préjudice de la possession des qualifications requises pour l’accès externe”.

(3) Arrêté du 15 avril 2016 relatif à la “Discipline de la procédure de sélection publique pour le recrutement de 500 fonctionnaires, en application de l’article 1er, alinéa 328 et suivants de la loi n° 208 du 28 décembre 2015”. (JO série générale n° 96 du 26 - 04 - 2016) .

(4) Ministère de l’éducation, de l’université et de la recherche , Avis sur les classes de diplômes et les équivalences aux fins de la sélection publique pour le recrutement de 500 fonctionnaires à MiBACT , réunion du Conseil national des universités du 4 mai 20 16.

(5) Arrêts Tar n° 06227/2018 et n° 06221/2018.

(6) Art. 22, paragraphe 15 du décret législatif n° 75 du 25 mai 2017.

(7) Ipotesi di accordo concernente le progressioni tra le aree per il triennio 2018 - 2020 , luglio 2017, alla tabella denominated “Titoli professionali e di studio”, p. 6.

(8) Voir : Giuseppe Severini, Tutela del patrimonio culturale, discrezionalità tecnica e principio di proporzionalità , in Aedon. Rivista di Arti e Diritto online (revue quadrimestrielle dirigée par Marco Cammelli ) , 3, 2016, pp. 1 - 7.

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