Espagne, encore une restauration maladroite : du béton dans une église du XIIIe siècle


Incrédulité en Espagne face à une nouvelle restauration maladroite, la plus récente d'une longue série : du ciment a été trouvé sur une fenêtre à lancette de l'église Santa María del Castillo à Castronuño, un "joyau de l'art roman". Les auteurs sont toujours inconnus.

En Espagne, les restaurations ne semblent pas connaître la paix : À la longue série d’interventions qui ont mal tourné (dont la plus célèbre est sans doute l’Ecce Homo d’Elías García Martínez au Santuario de Misericordia de Borja, restauré de manière si déplorable qu’il est devenu une icône pop), s’est ajoutée il y a quelques semaines une autre intervention concernant l’ancienne église de Santa María del Castillo à Castronuño, un village d’un millier d’habitants dans la région de Castille et de Castille. Il y a quelques semaines, un nouveau projet a été lancé concernant l’ancienne église de Santa María del Castillo à Castronuño, un village d’un millier d’habitants de la région de Castille et León, niché sur les rives du fleuve Duero, dans un cadre pittoresque, à une heure de route de Valladolid. “Un joyau roman a été endommagé par une mystérieuse restauration en béton”, titrait El País: en fait, on ne sait pas qui est responsable de l’intervention qui a défiguré l’église du XIIIe siècle.

L’insertion maladroite de mortier sur une ancienne fenêtre à un seul lanterneau a été remarquée par des passants qui l’ont immédiatement signalée aux autorités. La chasse au restaurateur improvisé est désormais ouverte, car personne ne sait encore qui a réalisé ce travail inapproprié, ni de quand il date. Selon certains habitants, il s’agit d’une modification récente, tandis que d’autres pensent que le ciment est là depuis longtemps et qu’on ne l’a remarqué que récemment. Ce qui est sûr, c’est qu’elle n’a fait parler d’elle qu’après qu’un habitant de Castronuño l’a dénoncée sur les réseaux sociaux.



L'église de Santa María de Castillo à Castronuño. Photo de Miguel Muñoz Carmona
L’église Santa María de Castillo à Castronuño. Photo de Miguel Muñoz Carmona
L'insert en béton
L’insert en béton

Le maire de Castronuño, Enrique Seoane, a déclaré à El País que “rien ne peut être fait sans l’autorisation de l’archevêché et de l’Institut du patrimoine, mais il n’y a pas d’argent”. La pénurie constante de fonds pour les travaux de restauration est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles tant d’amateurs se sont lancés seuls ces dernières années. Et il pourrait en être de même cette fois-ci, notamment parce que, a rappelé le maire, l’église de Castronuño a subi ses dernières interventions il y a soixante ans. Javier Castán, professeur d’histoire de l’art à l’université de Valladolid et spécialiste de l’église de Santa María del Castillo, sur laquelle il a beaucoup écrit, est également intervenu dans cette affaire. “Il est difficile de croire que, dans une ville de 800 habitants, personne n’ait vu la ou les personnes qui ont agi de manière aussi négligente et responsable, à moins qu’il ne s’agisse d’un cas similaire à celui de l’Ecce Homo de Borja”. En effet, dans le cas de l’Ecce Homo, la paroissienne Cecilia Giménez, peintre amateur qui avait mal restauré l’œuvre d’Elías García Martínez, avait agi de sa propre initiative, estimant qu’elle n’avait rien fait de mal.

L’église de Santa María del Castillo est le symbole de la ville de Castronuño : construite au XIIIe siècle, elle domine le Duero d’un point de vue panoramique. Il s’agit d’un édifice compact à nef unique rectangulaire, fermée par une abside semi-circulaire. La façade présente un portail à ébrasement surmonté d’une rosace et est fermée par un clocheton caractéristique. À l’intérieur, l’espace est marqué par des arcs brisés qui reprennent ceux de l’extérieur. Santa María del Castillo abrite également la chapelle funéraire de Fernán Rodríguez de Valbuena (v. 1270 - 1333), prieur des Hospitaliers de Saint-Jean et personnage important du règne d’Alphonse XI. L’église a d’ailleurs été construite pour abriter sa dépouille.

Ces derniers temps, l’Espagne semble vraiment être le pays des restaurateurs improvisés. Outre le manque chronique de ressources, un autre problème est que la profession de restaurateur n’est pas réglementée, et l’Association professionnelle des conservateurs et restaurateurs d’Espagne (ACRE) a souvent exprimé sa volonté de changer cette situation.

Voir aussi Les 10 restaurations les plus étranges ou les plus désastreuses de l’histoire récente

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Espagne, encore une restauration maladroite : du béton dans une église du XIIIe siècle


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