Saul Leiter, la poésie de la pluie : le photographe new-yorkais de l'âme exposé à Padoue


Le Centro Culturale San Gaetano de Padoue présente une grande rétrospective consacrée à Saul Leiter, maître de la photographie du XXe siècle. Cent soixante-six œuvres, dont des photographies, des peintures et des documents d'archives, témoignent de son regard intime et lyrique sur la ville, entre poésie, couleur et silence.

Du 15 novembre 2025 au 18 janvier 2026, le Centro Culturale San Gaetano de Padoue accueille Saul Leiter. Une fenêtre parsemée de gouttes de pluie, une grande exposition consacrée à l’un des maîtres de la photographie les plus raffinés du XXe siècle. Réalisée par Vertigo Syndrome en collaboration avec diChroma photography, la Fondation Saul Leiter et sous le patronage de l’administration municipale de Padoue, l’exposition est organisée par Anne Morin et rassemble un corpus impressionnant d’œuvres qui rendent toute la complexité d’un artiste timide, lyrique et profondément moderne.

L’exposition rassemble 126 photographies en noir et blanc, dont des tirages anciens et modernes, 40 photographies en couleur, 42 peintures, 5 magazines originaux d’époque et un document cinématographique. Un large parcours à travers les différents langages de Leiter - de la photographie de rue à la peinture en passant par les images de mode - pour composer un portrait cohérent et intime d’un auteur qui a transformé l’ordinaire en vision.

Le projet d’exposition a été conçu dans le but de restituer au public la valeur poétique et conceptuelle de l’œuvre de Leiter, en mettant en évidence ses choix formels et sa capacité à redéfinir le langage de la photographie au cours du XXe siècle. L’installation, conçue comme une expérience immersive et participative, invite les visiteurs à observer le monde à travers le regard de l’artiste. Lumières, angles et perspectives sont conçus pour reproduire ses méthodes de cadrage et de composition, créant ainsi des occasions d’expérimenter directement son approche des reflets, des transparences et des fragments visuels.

Saul Leiter, Marianne, 1947 © Fondation Saul Leiter
Saul Leiter, Marianne, 1947 © Fondation Saul Leiter
Saul Leiter, Rideau rouge, 1956 © Fondation Saul Leiter
Saul Leiter, Rideau rouge, 1956 © Fondation Saul Leiter

New York en un geste, un détail, presque rien

Alors que de nombreux photographes de l’après-guerre tentent de dépeindre la grandeur de la métropole américaine, Saul Leiter préfère se concentrer sur l’invisible. Ses sujets - passants sous la pluie, parapluies colorés, taxis aperçus à travers des vitres embuées - rendent un New York raréfié, presque onirique. Au lieu de célébrer la modernité et la puissance urbaine, Leiter cherche la poésie dans le quotidien, transformant d’infimes détails en formes de beauté.

Comme l’explique Anne Morin, commissaire de l’exposition, “Leiter se délectait de ce qu’il voyait. Il ne s’intéressait pas au caractère hégémonique de New York ou à sa monstrueuse modernité. Il invente des jeux d’optique, imbrique des formes et des plans qui dissimulent et révèlent ce qui se cache dans les intervalles, dans les alentours, dans les marges invisibles”. Sa photographie, loin de l’approche documentaire de ses contemporains, prend la forme d’une écriture visuelle courte et fulgurante, proche du haïku. De courtes apparitions qui, le temps d’un clin d’œil, condensent l’émotion et le mystère.

Saul Leiter, Sans titre, s.d. © Saul Leiter Foundation
Saul Leiter, Untitled, s.d. © Saul Leiter Foundation
Saul Leiter, Sans titre, s.d. © Saul Leiter Foundation
Saul Leiter, Sans titre, s.d. © Saul Leiter Foundation
Saul Leiter, Barbara et J., s.d. © Fondation Saul Leiter
Saul Leiter, Barbara et J., s.d. © Saul Leiter Foundation

La couleur comme langage poétique

Dans les années 1940, à une époque où la photographie en couleur était considérée comme commerciale ou frivole, Leiter a commencé à expérimenter son potentiel expressif. Ses images en couleur, réalisées à partir de 1948 avec le film Kodachrome, anticipent de plusieurs décennies l’acceptation de la couleur dans la photographie d’art. Loin de la recherche de la netteté et de la précision, Leiter privilégie la douceur des contours, des reflets et des flous, transformant la pluie, les vitres embuées et les rideaux en véritables instruments de composition.

Cette vision révolutionnaire l’a amené à collaborer avec certains des plus grands magazines internationaux. Après avoir travaillé pour Esquire et Harper’s Bazaar, sa carrière s’est poursuivie avec des magazines tels que Show, Elle, British Vogue, Queen et Nova. À cette époque, ses images de mode se distinguent par leur tonalité intime et leurs couleurs délicates, loin du spectaculaire ambiant.

Saul Leiter, publicité pour Miller Shoes, 1957 © Saul Leiter Foundation
Saul Leiter, publicité pour Miller Shoes, 1957 © Saul Leiter Foundation

Un peintre timide avec un Leica

L’exposition de Padoue restitue également la dimension picturale de son œuvre. En effet, Leiter était peintre avant d’être photographe, et son regard sur la réalité découle d’une sensibilité formée dans les arts visuels. Ses photographies sont construites comme des tableaux, avec une attention particulière portée à la composition, à la couleur et à la lumière. “Je n’ai pas de philosophie. J’ai un appareil photo”, a déclaré M. Leiter. Je regarde à travers l’objectif et je photographie. Mes photographies ne représentent qu’une petite partie de ce que je vois et de ce qui pourrait être photographié. Ce sont des fragments de possibilités infinies".

Agacé et réfractaire à la célébrité, Leiter n’a imprimé qu’une fraction de son travail. La plupart des négatifs sont restés inédits jusqu’à sa mort, révélant un univers d’images intimes et poétiques. En 2018, cinq ans après sa mort, une série de nus en noir et blanc réalisés à la fin des années 1940 et au début des années 1960 a également vu le jour, des œuvres qui témoignent de ses recherches les plus personnelles et privées.

Son travail reflète un ordre secret, un équilibre suspendu mêlant réalité et rêve. Pour Anne Morin, “les images de Leiter durent le temps d’un battement de cil, posé sur le bord de quelque chose. Ce sont des formes courtes et fragmentées, comme des annotations du réel, réalisées avec une maîtrise et une métrique qui rappellent le haïku. Son geste est celui d’un calligraphe : rapide, précis, sans complaisance”.

Saul Leiter, Ana, vers 1950 © Saul Leiter Foundation
Saul Leiter, Ana, vers 1950 © Saul Leiter Foundation

Un poète avec un objectif

Saul Leiter est né en 1923 à Pittsburgh, fils de rabbin. Il abandonne ses études religieuses pour se consacrer à l’art et s’installe à New York en 1946, où il entre en contact avec des artistes tels que Richard Pousette-Dart et W. Eugene Smith. Dès le début, il expérimente la photographie 35 mm, immortalisant amis et passants dans l’East Village. Après une longue période d’activité dans le monde de la mode, il vit pendant deux décennies dans le silence, loin des projecteurs.

Il est redécouvert en 2006 avec la publication de Early Colour, qui le consacre comme un pionnier de la photographie couleur et une figure clé de la photographie moderne. Ses œuvres sont aujourd’hui conservées dans les plus grands musées internationaux, du Whitney Museum of American Art au Victoria and Albert Museum de Londres.

Saul Leiter est décédé à New York le 26 novembre 2013. "Depuis 2014, la Fondation Saul Leiter conserve et valorise ses archives, poursuivant un travail de valorisation qui a trouvé de nouveaux chapitres avec les expositions The Unseen Saul Leiter et Saul Leiter : The Centennial Retrospective, organisées à l’occasion du centenaire de sa naissance en 2023.

Informations utiles

L’exposition Saul Leiter. Une fenêtre parsemée de gouttes de pluie peut être visitée du 15 novembre 2025 au 18 janvier 2026 au Centro Culturale San Gaetano de Padoue. L’exposition est ouverte du mardi au dimanche et les jours fériés de 10h30 à 19h30 ; fermée le lundi.

Billets : plein tarif 16 €, tarif réduit 14 €, tarif réduit enfants de 7 à 12 ans 6 €. Jusqu’au 14 novembre, il y a une promotion de prévente avec un billet ouvert pour 12 euros (au lieu de 20), incluant un poster de 100x140 cm et deux événements collatéraux gratuits.

Saul Leiter, la poésie de la pluie : le photographe new-yorkais de l'âme exposé à Padoue
Saul Leiter, la poésie de la pluie : le photographe new-yorkais de l'âme exposé à Padoue


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