Mantoue, la Wunderkammer du Palais Ducal est enrichie d'une dent de licorne !


À Mantoue, la nouvelle Wunderkammer du palais ducal, qui a ouvert ses portes en avril dans la Galleria delle Metamorfosi, s'enrichit d'un nouvel objet splendide: une dent de narval qui, à la Renaissance, était considérée comme la corne de la licorne mythologique.

Au palais ducal de Mantoue, une... dent de la licorne mythologique, le fameux monoceros, le cheval à corne sur le museau dont on parle depuis l’Antiquité, c’est-à-dire au moins depuis le Ve siècle av, J.-C., lorsque Ctésia de Cnide, médecin d’Artaxerxès II Mnémon, roi de Perse, affirma que dans la plaine formée par les fleuves Gange et Indus, l’actuel Hindoustan, vivait une sorte d’âne à la toison blanche et à la tête violette d’où sortait une corne blanche près de la tête, noire au milieu et cramoisie à l’extrémité. À partir de ce moment, la légende de la licorne s’est répandue jusqu’à ce qu’elle prenne la forme d’un merveilleux cheval blanc avec une corne sur le front.

Il s’agit évidemment d’un objet qui, dans le Wunderkammer des Gonzague, pourrait être considéré comme la corne de l’animal fabuleux, compte tenu des connaissances de l’époque: il s’agit en effet d’une dent de narval, qui enrichira l’exposition permanente Naturalia e Mirabilia, installée dans la Galleria delle Metamorfosi du Palais Ducal, dans le but de reconstituer symboliquement la chambre des merveilles des Gonzague, afin d’en évoquer l’atmosphère et les suggestions(lire notre étude approfondie ici). Entre le XVe et le XVIe siècle, la dent de narval était un objet rare et très cher (la valeur de l’objet était liée à sa rareté, à son origine mystérieuse, à sa valeur allégorique intrinsèque et à ses prétendues propriétés thérapeutiques): pulvérisée, la corne était en effet considérée par la médecine de l’époque comme le meilleur antidote possible contre le poison), et jusqu’à la moitié du XVIIe siècle, on ne soupçonnait même pas l’existence de ce cétacé des mers septentrionales (du moins pas en Italie): sa longue défense en forme de vigne passait pour être la corne de la mystérieuse et mythologique licorne.

"La licorne, écrit Stefano L’Occaso, directeur du palais ducal de Mantoue, dans le catalogue de Naturalia e Mirabilia, était l’une des plus grandes fiertés de la collection de Mantoue. La première attestation certaine de la présence de l’objet à Mantoue se trouve [...] parmi les possessions d’Isbaella d’Este, marquise épouse de Francesco II Gonzaga. Un inventaire dressé en 1540-1542, peu après sa mort, mentionne dans sa Grotte “une corne de licorne longue de sept palmes et demie, placée au-dessus de l’armaria, sur deux grappins torsadés”. Des morceaux de licorne étaient toutefois présents à Mantoue plus d’un siècle auparavant. Le 4 février 1404, Anna Visconti, troisième épouse de Francesco I Gonzaga, reçut un “petius de alicorno, cum catenella de argento” ; dans une liste du 7 février 1410, concernant les biens donnés à Paola Malatesta, épouse de Gian Francesco Gonzaga, il est fait mention de “unum frustrum ossii de unicorno fulcitum argento, cum una chatenela alba”, peut-être la même pièce attestée six ans plus tôt".

La corne de “palmi sette e mezo” (c’est-à-dire environ 175-180 cm) trouvée dans la Grotte d’Isabelle d’Este a été souvent étudiée au XVIe siècle et au début du XVIIe siècle. En 1571, l’éminent naturaliste Ulisse Aldrovandi, reçu par Guglielmo Gonzaga au palais ducal, rapporte avoir vu “une licorne de neuf palmes de long et de trois palmes de circonférence dans la partie où elle se greffe à la peau, puis se rétrécit progressivement vers l’extrémité. Réalisée en spirale, elle est cannelée et torsadée, de couleur blanchâtre”. Selon Aldrovandi, la corne de Mantoue était l’une des deux plus belles d’Europe (l’autre étant celle du roi Sigismond de Pologne: il illustrera plus tard les deux dans son ouvrage De quadrupedis solipedibus). De plus, à la Renaissance, la corne est synonyme de pouvoir: le “trône de consécration” des rois danois, au château de Rosenborg à Copenhague, est en grande partie construit avec des dents de narval. Elles ne pouvaient pas non plus manquer dans les cours italiennes de la Renaissance.

C’est au cours du XVIIe siècle que l’objet perd peu à peu sa valeur mythique, même si sa fortune a du mal à s’éteindre. Le médecin danois Olaus Worm rompt finalement le charme dans son Musaeum Wormianum de 1655, suivi plus tard par d’autres savants: les licornes n’existent pas, ce que l’on croyait être leurs cornes sont en fait les dents du narval, un cétacé qui habite les mers du Nord et dont les mâles possèdent une dent qui dépasse de la lèvre supérieure pour former une défense pouvant mesurer jusqu’à deux mètres de long. Des dents de narval ont été retrouvées échouées sur les côtes d’Europe du Nord, généralement sans crâne ni carcasse. L’origine de cet objet était donc incompréhensible pour beaucoup, et ce mystère augmentait sa valeur. À tel point qu’en 1582, Ambroise Paré, médecin du roi de France, pouvait affirmer que la licorne valait plus que l’or.

Au moins trois représentations de la créature fantastique se trouvent dans les salles du palais ducal de Mantoue. Une fresque dans la Chambre des Oiseaux, dans la Corte Nuova, datant d’environ 1570 ; dans les armoiries de la famille Petrozzani, sur la cloche hexafinestrée datant de 1593 (couloir de Santa Barbara) et dans l’Âge d’Or de Sante Peranda, du début du XVIIe siècle, aujourd’hui dans la salle du Labyrinthe. Aux images peintes s’ajoute désormais la dent de narval qui, à la Renaissance, était considérée comme la véritable corne: la défense du Palais des Doges, arrivée il y a quelques jours et déjà incluse dans l’itinéraire de visite du musée, est arrivée après un long voyage, accompagnée de certificats attestant que l’objet ne provenait pas d’une chasse illégale. En effet, le peuple inuit peut chasser le narval d’août à octobre et les défenses récoltées ne peuvent quitter le Canada que pour des raisons particulières. Nous pensons que les autorités canadiennes n’ont pas pu résister à l’attrait d’Isabelle d’Este“, dit-on en plaisantant depuis le palais ducal, ”et c’est ainsi que “sa” corne, d’une longueur de 178 cm exactement, est maintenant exposée au-dessus de nos têtes dans la Galleria delle Metamorfosi".

Sur la photo, la dent de narval est déjà installée dans la Galleria delle Metamorfosi du Palais des Doges.

Mantoue, la Wunderkammer du Palais Ducal est enrichie d'une dent de licorne !
Mantoue, la Wunderkammer du Palais Ducal est enrichie d'une dent de licorne !


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