Jusqu’au 18 février, l’espace Senape Vivaio Urbano , situé Via Santa Croce à Bologne , accueille l’exposition Nel giardino dei corpi svelati (Dans le jardin des corps dévoilés), une exposition personnelle du très jeune photographe Matteo Piacenti (Viterbo, 2001) qui présente des photographies de nus prises lors de sa première performance collective, dans laquelle il pose la question suivante: "Et si nous partions de la nudité pour régénérer la société ? Le projet, dont le commissaire est Leonardo Iuffrida, vise à mettre en évidence la centralité du corps dans le monde contemporain et le désir urgent d’authenticité, de contact et de sens de la communauté.
“La recherche de likes et de followers, les stéréotypes de genre et l’imposition de normes de beauté inaccessibles nous enferment dans un effort constant de spectacularisation de notre identité”, explique l’artiste. “À une époque où le monde virtuel remplace la vie de manière globale, il est essentiel de remettre l’accent sur l’authenticité, mais aussi sur la présence, la physicalité, la participation active, l’empathie, le sens de la communauté et la connexion avec l’autre dans la vie réelle. Sans filtre. Le corps est un vecteur fondamental et légitime de communication de l’identité, mais il est devenu aujourd’hui l’un des principaux outils de valorisation sociale, au point de devenir une obsession collective. Il est donc nécessaire de se débarrasser des conditionnements culturels et des préjugés sur la beauté afin de vivre plus consciemment, d’embrasser l’unicité de chaque individu et d’accueillir la multiplicité du paysage humain. Mais surtout, revendiquer le droit de se révéler et d’être perçu au-delà des apparences. Sans étiquette. La société utilise souvent la nudité comme une arme de contrôle et de pouvoir. Au contraire, la nudité doit être défendue, lorsqu’elle est consciente et libre, et revendiquée comme une forme d’autodétermination et de réappropriation de soi”.
Ces réflexions ont donné naissance au projet de Matteo Piacenti, qui a publié une annonce à la recherche de sujets prêts à se découvrir littéralement dans une performance inclusive qui a eu lieu le 4 décembre 2022 dans la salle d’exposition de Senape Vivaio Urbano. Les vêtements et les téléphones portables étaient interdits à tous, y compris au photographe. Le seul appareil photo était celui de Matteo Piacenti. Les participants, originaires de toute l’Italie et âgés de 18 à 91 ans, étaient plus d’une centaine, dont beaucoup ne s’étaient jamais déshabillés devant un objectif ou un groupe de personnes.
En passant par la culture de la librairie IGOR et la végétation de la pépinière Urban Mustard, les participants à la performance ont été accueillis dans la salle d’exposition, transformée en un lit métaphorique où ils pouvaient se réunir sans barrières. “Un espace intime mais public”, lit-on dans la présentation, “pour réitérer ce besoin d’ouverture à l’autre qu’incarnent les corps dans leur nudité, et réduit en taille pour nous rapprocher. Un environnement essentiel, candide, abstrait, onirique, sans coordonnées temporelles et spatiales pour atteindre les racines profondes de l’être. Une performance conçue comme une rencontre. Aucune activité à réaliser, aucun rôle à jouer, si ce n’est l’invitation à sentir son propre corps et à se connecter à soi-même et aux autres, à affronter courageusement la recherche de la partie la plus authentique de nous-mêmes, individuellement et en tant que société. Avec le désir de briser les préjugés et les vieilles croyances, les participants ont été invités à s’approcher d’un état primal dans lequel, ensemble, nus et libres, ils se dévoilent et se révèlent comme s’ils naissaient pour la première fois. Blooming est un réseau humain en quête d’humus vital, un jardin dans lequel les corps, les sens et les consciences s’éveillent comme des germes d’où rayonne une nouvelle communauté”.
L’expérience se poursuit dans l’exposition qui rassemble les photos de nus prises par Piacenti pendant la performance. Le visiteur pénètre dans l’espace même où s’est déroulée la performance, afin de se rapprocher de l’événement vécu et d’entrer, par le biais de la photographie, dans une relation directe avec les participants. Dans l’installation, les sujets photographiés se manifestent par leur présence physique mais aussi comme des arborescences humaines, entrelacées dans une étreinte collective rendue crédible par le médium de la photographie.
La photographie n’est pas utilisée par Piacenti comme un simple témoignage d’un événement passé, mais comme son prolongement. Contrairement à ce qui se passe avec les contenus en ligne ou les images pornographiques, qui se substituent à la réalité en la privant de sens, les photographies de Piacenti visent à servir de véhicule à une expérience dans laquelle on est invité à participer directement et activement en dehors de l’image, en animant le réel et en ramenant l’implication, le désir et le contact dans la dimension physique. L’utilisation de la photographie souligne ainsi le désir de maintenir vivante cette relation tangible avec la réalité que Piacenti a proposée avec sa performance et ses prises de vue. L’invitation à la participation et à la réflexion est offerte au visiteur de l’exposition comme une main tendue.
Matteo Piacenti est un artiste et un représentant de la nouvelle génération de photographes de l’Archivio Storico Istituto Luce. Ses œuvres ont été exposées à la Royal Photographic Society de Bristol, au WeGil de Rome, à la Galleria d’Arte Moderna de Rome, au Museo delle Culture de Lugano, à la galerie 29 Arts in Progress de Milan, au Teatro India de Rome et à la Crypt Gallery de Londres.
L’exposition est ouverte du lundi au samedi de 10 h à 13 h et de 16 h à 19 h 30.
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