En Suisse, la première exposition sur les portraits de Giovanni Segantini


Du 1er juin au 20 octobre 2021, le musée Segantini de Sankt Moritz, en Suisse, accueillera la toute première exposition consacrée à l'art du portrait de Giovanni Segantini.

La toute première exposition consacrée au portrait de l’un des plus grands maîtres de la seconde moitié du XIXe siècle, Giovanni Segantini (Arco, 1858 - Pontresina, 1899), est inaugurée. L’exposition, intitulée Giovanni Segantini Master of Portraiture, se tiendra du 1er juin au 20 octobre 2021 au musée Segantini de Sankt Moritz, en Suisse. L’exposition, organisée par Annie-Paule Quinsac, auteur du catalogue raisonné sur Segantini, et Mirella Carbone, directrice du musée de l’Engadine, aborde pour la première fois la carrière de portraitiste de Giovanni Segantini.

L’artiste, excellent peintre de paysages et de scènes de la vie rurale, considérait le portrait comme le plus noble des genres picturaux, car, disait-il, “il a pour objectif l’exploration du visage humain [...] Le portrait est l’étude qui, avec la plus grande simplicité de moyens, enferme la parole la plus efficace de l’Art dans l’expression de la forme vivante”. L’exposition présente vingt-deux portraits et autoportraits (16 peintures et 6 dessins), provenant de collections publiques et privées internationales, réalisés tout au long de la carrière de Segantini, depuis ses débuts à Milan (1879) jusqu’à sa mort prématurée en Haute Engadine (1899). Ces œuvres permettent de suivre l’évolution du portrait de Segantini, du miroir au symbole, c’est-à-dire la transformation progressive de la conception que l’artiste avait de ce genre : à partir de ses premières œuvres, dans lesquelles il cherchait à rendre plus ou moins fidèlement les traits physionomiques, il est parvenu à la conception du portrait comme moyen d’expression d’une idée ou d’un symbole.

L’exposition s’ouvre sur quelques œuvres importantes de la première période milanaise, comme le fascinant portrait de Leopoldina Grubicy (1880), sœur de Vittore Grubicy de Dragon, marchand d’art et ami de l’artiste. Au moment de la pose, la jeune femme venait de se retrouver veuve avec deux enfants. Segantini a su rendre avec une grande force expressive le visage aristocratiquement élégant de son modèle, dans lequel les yeux, qui focalisent l’attention, expriment une infinie tristesse. Les œuvres milanaises sont suivies d’une sélection d’œuvres réalisées pendant le séjour en Brianza (1881-1886), dont le touchant dessin du petit Gottardo (1885), le fils aîné de l’artiste, endormi après avoir subi une intervention chirurgicale. L’effigie de la paysanne Maria Paredi date de 1886 et, grâce à son coup de pinceau violent, épais et filandreux, pourrait presque être qualifiée d’expressionniste. Peu après son installation à Savognin, dans le canton des Grisons, Segantini réalise l’un des plus beaux exemples de son talent d’“explorateur du visage humain”. Il s’agit du portrait monumental de Vittore Grubicy (1887), dans lequel il représente son ami dans un premier plan fortement construit, entouré de quelques toiles à peine recouvertes, dans l’intention de définir son travail de marchand d’art. Le visage de Grubicy, représenté de manière intime et détendue, capturé lors d’une discussion avec le peintre, révèle une personnalité réservée et généreuse. Trois ans plus tard, c’est l’élégie symboliste Rose Petal (1890), dernière représentation de son compagnon Bice Bugatti, chef-d’œuvre du portrait de Segantini, repeint sur une œuvre intitulée Galloping Tisi (1881). Le peintre décide ici d’effacer le message précédent, lugubre, de la maladie et de la mort, pour le remplacer par un symbole de vie, magistralement rendu grâce aussi à l’utilisation d’une expérimentation technique qui trouve ses racines dans la Renaissance : il s’agit de l’utilisation de la poudre et de la feuille d’or, pour atteindre une valeur iconique, qui coexiste avec des effets doux d’une forte sensualité.

C’est à travers les autoportraits que la métamorphose du miroir en symbole se manifeste de manière encore plus évidente ; les six œuvres exposées, les plus connues de sa production, vont de 1879 à 1898, du premier autoportrait, une œuvre réaliste qui reflète le charme des traits du jeune artiste dans sa vingtaine, au dernier, qui présente un visage de prophète. Particulièrement frappant est celui de 1882, fortement axé sur le rapport effigie/mort, une image macabre dans laquelle l’artiste se peint avec une forte théâtralité, halluciné, l’épée à la gorge, prêt pour le sacrifice de celui qui s’immole à l’idéal d’un nouveau culte. Même la palette s’adapte à ce message, avec des tons sombres qui contrastent avec la luminosité éclatante d’autres portraits contemporains. Un autre chef-d’œuvre est l’autoportrait de 1895, dans lequel le symbolisme transcende le rendu mimétique de la physionomie vers la représentation byzantine du Christ Pantocrator, qui domine la chaîne de “ses” montagnes. Grâce au graphisme monochrome, interrompu uniquement par des touches d’or et de craie blanche, l’image devient une icône, alors que la physicalité de la couleur aurait sapé son sens du sacré.

Un catalogue bilingue (italien et allemand), publié par la maison d’édition Hatje Cantz, accompagne l’exposition. En marge de l’exposition, des visites guidées (en allemand), conduites par Mirella Carbone, auront lieu les dimanches 4 juillet, 8 août et 5 septembre, à 17 heures. Des guides en italien sont disponibles sur demande. Pour toute information, consultez le site du musée Segantini.

Biographie de Giovanni Segantini

Segantini est né le 15 janvier 1858 à Arco, dans la province de Trente, qui faisait alors partie de l’Empire austro-hongrois. Il fréquente l’Académie Brera de Milan et connaît son premier succès avec le tableau Le chœur de l’église Sant’Antonio de Milan (1879). En 1881, Segantini quitte Milan et s’installe avec son associé Bice Bugatti à Brianza. L’éloignement de la ville et de l’académie, avec ses chanoines et ses sujets mythologiques et religieux obligatoires, est un choix de principe. À cette époque, la Brianza est une région rurale et Segantini concentre ses études sur la vie quotidienne des fermiers et des bergers. En 1882 naît son premier fils, Gottardo, puis Alberto, Mario et Bianca.

En août 1886, après un long voyage d’exploration, le peintre s’installe avec sa famille à Savognin, un village de paysans de montagne situé dans l’Oberhalbstein (canton des Grisons). Durant l’hiver 1886-1887, son marchand d’art, Vittore Grubicy, lui rend visite et informe son protégé des tendances artistiques les plus modernes en France. Mais c’est surtout le paysage de montagne, avec sa lumière intense, qui conduit Segantini à un nouveau langage pictural. Au fil du temps, il enrichit les paysages alpins minutieusement observés d’un contenu symbolique pour créer des visions allégoriques d’une rare luminosité. L’abandon de la peinture réaliste de genre survient à un moment de crise du réalisme dans toute l’Europe. Après huit années passées à Savognin, Giovanni Segantini s’installe en Engadine avec sa famille. En 1894, il loue le chalet Kuoni à Maloja. Là encore, l’artiste, dont les tableaux comptent parmi les plus chers de l’époque, mène le train de vie luxueux de la haute bourgeoisie milanaise, dilapidant rapidement ses gains considérables. Il passe les mois d’hiver à Soglio, dans le Val Bregaglia. À l’âge de 41 ans, Segantini meurt inopinément d’une péritonite le 28 septembre 1899 sur le mont Schafberg, au-dessus de Pontresina, alors qu’il travaille sur le tableau central de son Triptyque de la nature.

Giovanni Segantini, Portrait de Leopoldina Grubicy (1880 ; huile sur toile ; Winterthur, Stiftung für Kunst, Kultur und Geschichte)
Giovanni Segantini, Portrait de Leopoldina Grubicy (1880 ; huile sur toile ; Winterthur, Stiftung für Kunst, Kultur und Geschichte)


Giovanni Segantini, Portrait de Vittore Grubicy de Dragon (1887 ; huile sur toile ; Leipzig, Museum für bildende Künste)
Giovanni Segantini, Portrait de Vittore Grubicy de Dragon (1887 ; huile sur toile ; Leipzig, Museum für bildende Künste)


Giovanni Segantini, Pétale de rose (1890 ; huile sur toile ; collection privée)
Giovanni Segantini, Pétale de rose (1890 ; huile sur toile ; collection privée)


Giovanni Segantini, Costume des Grisons (1887 ; huile sur toile, 54,5 x 78,5 cm ; Otto Fischbacher Giovanni Segantini Stiftung, en dépôt au Musée Segantini de St. Moritz)
Giovanni Segantini, Costume des Grisons (1887 ; huile sur toile, 54,5 x 78,5 cm ; Otto Fischbacher Giovanni Segantini Stiftung, en dépôt au Musée Segantini de Saint-Moritz)


Giovanni Segantini, Portrait de Mme Maria Paredi (vers 1886 ; huile sur toile sur carton ; St. Moritz, Musée Segantini)
Giovanni Segantini, Portrait de Mme Maria Paredi (vers 1886 ; huile sur toile sur carton ; St. Moritz, Musée Segantini)


Giovanni Segantini, Gothard après l'opération (vers 1885 ; crayon et fusain sur papier ; collection privée)
Giovanni Segantini, Gothard après l’opération (vers 1885 ; crayon et fusain sur papier ; collection privée)


Giovanni Segantini, Autoportrait (1895 ; fusain et traces de poussière d'or sur toile ; St. Moritz, Musée Segantini)
Giovanni Segantini, Autoportrait (1895 ; fusain et traces de poussière d’or sur toile ; Saint-Moritz, musée Segantini)


Giovanni Segantini, Autoportrait (1893 ; crayon Conté sur papier gris, 35,5 x 25 cm ; Otto Fischbacher Giovanni Segantini Stiftung, en dépôt au Musée Segantini à St. Moritz)
Giovanni Segantini, Autoportrait (1893 ; crayon Conté sur papier gris, 35,5 x 25 cm ; Otto Fischbacher Giovanni Segantini Stiftung, en dépôt au Musée Segantini de Saint-Moritz)


Giovanni Segantini, Portrait d'une jeune femme de profil (1880 ; huile sur toile, 61 x 42 cm ; Poschiavo, Fondation Ernesto Conrad)
Giovanni Segantini, Portrait d’une jeune femme de profil (1880 ; huile sur toile, 61 x 42 cm ; Poschiavo, Fondation Ernesto Conrad)


Musée Segantini. Photo par Andrea Badrutt
Musée Segantini. Photo d’Andrea Badrutt

En Suisse, la première exposition sur les portraits de Giovanni Segantini
En Suisse, la première exposition sur les portraits de Giovanni Segantini


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