Que se passe-t-il lorsque la mémoire d’un lieu s’effrite entre les doigts, comme une poussière de minerai extraite de la terre ? Otobong Nkanga creuse dans les sédiments de l’histoire, dans les fractures du paysage, dans les cicatrices invisibles de la matière. Son art ne se contente pas d’être vu : il doit être parcouru, parcouru avec l’œil et le corps, comme une carte aux significations superposées. Née au Nigeria en 1974, Nkanga a construit une pratique artistique qui relève à la fois de la poésie visuelle et de la géologie politique. Son obsession est la matière: les minéraux, les textiles, les plantes, l’eau. Tout ce qui est vivant et tout ce qui a été exploité jusqu’à l’impuissance. Ses œuvres sont des racines dans le sol de l’extraction coloniale, de la dispersion culturelle, de l’identité brisée.
Dans Carved to Flow (2017), l’une de ses installations les plus célèbres, le savon devient une métaphore de la diaspora, du voyage, de la transformation. Fabriqué à partir d’huiles et de minéraux provenant de différentes parties du monde, il est sculpté en blocs sombres et solides qui, au fil du temps, s’usent, se dissolvent, se répartissent. La matière s’effrite, s’adapte, migre. Comme la mémoire. Comme les corps en mouvement.
Nkanga travaille souvent avec du tissu : ses tapisseries, comme Infinite Yield (2015), ne sont pas seulement des entrelacements de fils, mais des cartes du pouvoir, de la perte, de la connexion. Dans cette œuvre, une figure humaine fusionne avec une structure minière, comme si la peau elle-même était un minéral, comme si la chair était de la roche. L’exploitation minière ne concerne pas seulement la terre, mais aussi le corps, la culture, la langue.
Mais ses recherches ne s’arrêtent pas là. Dans Landversation (2014), Nkanga donne la parole à la terre, au sens propre comme au sens figuré. Ce projet performatif et installatif est constitué de rencontres, de dialogues et d’histoires tissées avec les communautés locales. Il s’agit d’une œuvre en constante évolution, dans laquelle les gens, avec leurs mots et leurs expériences, font partie de la création artistique. Les territoires se parlent à travers ceux qui les habitent. Le paysage n’est plus un arrière-plan, mais un sujet vivant, témoin et gardien d’un passé qui se mêle au présent.
L’élément végétal, si souvent négligé dans les récits historiques, est un autre des protagonistes de ses recherches. Dans Anamnesis (2015), Nkanga collecte et réassemble des fragments de plantes et de fleurs qui ont voyagé avec l’homme, comme des spectateurs silencieux de la migration et du commerce. La végétation devient un témoin de l’histoire coloniale, du transit forcé des personnes et des cultures, de ce qui est perdu et de ce qui reste dans les traces invisibles laissées dans le sol.
Une autre œuvre clé de ses recherches est Steel to Rust (2016), dans laquelle la corrosion du métal devient une métaphore des économies extractives et des cycles d’exploitation. Le fer, symbole de la modernité industrielle, rouille et se dissout, nous rappelant que rien n’est éternel et que même les structures les plus solides sont vouées à la transformation. Nkanga réfléchit au paradoxe d’une civilisation qui extrait les ressources de la terre pour construire, mais qui finit par générer de l’entropie et de la décomposition.
La matérialité de son travail se heurte et se confond avec le temps : le métal qui s’oxyde, le tissu qui s’effiloche, le savon qui s’use. Tout se transforme, et c’est dans cette métamorphose que réside le sens le plus profond de sa poétique. Le changement n’est pas seulement une fatalité, mais une révélation. Ses œuvres sont les fragments d’une conversation entre le présent et le passé, entre l’homme et la matière qui l’entoure.
Rien n’est éternel, rien n’est figé. Et c’est dans cette métamorphose que réside la révélation : le changement n’est pas une anomalie, mais une loi de la matière et de la vie. Nkanga écoute le son de la terre, recueille ses voix éparses, ses chuchotements immergés dans le sol. Il nous met au défi de penser les lieux non pas comme de simples espaces, mais comme des corps qui absorbent et renvoient des souvenirs. Son œuvre n’est pas seulement une dénonciation, c’est aussi un chant feutré, un dialogue avec ce qui nous précède et avec ce qui restera après nous.
Ses œuvres n’offrent pas de réponses, mais soulèvent des questions profondes. Que signifie l’appartenance ? Où s’arrête notre responsabilité à l’égard de la terre ? Sommes-nous les gardiens ou les prédateurs du sol qui nous accueille ? Après tout, comme le suggèrent les œuvres de Nkanga, tout est en mouvement. La terre, ses blessures, ses voix. Et nous, avec elle, nous continuons à creuser, à chercher, à nous interroger sur le poids de la mémoire et la légèreté du passage.
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