Hieronymus Bosch, peintre mystérieux : vie et œuvre


L'univers de Bosch est un monde exclusif de symboles, de métamorphoses, d'allusions religieuses et de créatures démoniaques, considéré comme un précurseur des instances modernes.

Hieronymus Bosch (Jeroen Anthoniszoon van Aken ; s’ Hertogenbosch, 1453 - 1516) est un peintre néerlandais actif à la fin du 15e et au début du 16e siècle. Son expérience peut être replacée dans le cadre de la peinture flamande: jusqu’à l’indépendance des Pays-Bas du Nord à la fin du XVIe siècle, la Flandre et la peinturenéerlandaise ont eu une histoire commune. La peinture flamande a connu un développement remarquable après le transfert de la capitale du duché de Bourgogne à Bruges, en Flandre, en 1419 : cet événement a amené dans la région une classe bourgeoise cosmopolite et fortunée, attentive et intéressée par les œuvres d’art.Vers le milieu du siècle, le commerce avec l’Italie s’est également intensifié et la primauté de Bruges est passée à la ville d’Anvers, ce qui a augmenté les commandes et encouragé le mouvement des artistes. Les peintres italiens s’intéressent de plus en plus aux œuvres des Flamands, et nombre d’entre eux créent même les conditions pour voir les œuvres eux-mêmes. Les historiens de l’art émettent l’hypothèse d’un contact direct entre l’artiste toscan Piero della Francesca (Borgo San Sepolcro, 1412 - 1492) et l’artiste flamand Rogier van der Weyden (Tournai, 1399 - 1464, Bruxelles), qui voyageait entre les cours italiennes au milieu du XVe siècle. Il est également certain que les peintres italiens ont vu les œuvres du célèbre Van Eyck ou d’autres peintres flamands à Florence et à Gênes, deux villes culturellement et économiquement prospères. La peinture flamande a également été influencée par les grands artistes italiens, permettant ainsi un système d’influences réciproques. Les influences réciproques ne s’arrêtent pas à une date précise, mais au XVIIe siècle, on constate une perte d’intérêt, avec une moindre influence de l’art italien sur l’art flamand et vice-versa.

Il est intéressant de noter la position de la ville de Gênes, puissance mercantile et commerciale, qui, tout au long du XVe siècle, a joué un rôle crucial dans la diffusion de la peinture flamande en Italie. L’aristocratie ligure appréciait beaucoup les œuvres des artistes belges et hollandais et a donc mis en place une activité de collection assidue et intense. Les échanges économiques ont favorisé une prolifération fructueuse des œuvres, que l’on retrouve aujourd’hui dans diverses collections, par exemple celle du Palazzo Bianco, et dans de nombreuses galeries d’art génoises. Aujourd’hui encore, on trouve des armoiries de la ville de Gênes à Bruges, dans le bâtiment du consulat, mais aussi à Anvers, où la pénétration du goût de la Renaissance italienne s’est greffée sur la peinture du gothique tardif. Il y a deux artistes chez qui le phénomène de la combinaison de l’art de la Renaissance et de la peinture du Moyen Âge tardif est présent, Cornelis Engebrechtszoon (Leyde, 1462 - 1527) et Jacob van Oostsanen (Oostzaan, 1470 - 1533, Amsterdam).

Il y a enfin un artiste qui travaille de manière indépendante, avec des intentions tout à fait différentes, en s’appuyant sur une imagination débordante, sans se référer aux thèmes de l’Antiquité classique comme les peintres actifs dans ses propres années : il s’agit de Hieronymus Bosch, dont les œuvres représentent une combinaison parfaite de traditions locales et d’inventivité personnelle.

Cornelis Cort, Portrait de Hieronymus Bosch (vers 1550)
Cornelis Cort, Portrait de Hieronymus Bosch (vers 1550)

La biographie incertaine de Jérôme Bosch

Les informations biographiques sur l’artiste et leur datation sont pauvres, tout comme les informations sur la période de sa formation. Jeroen Anthoniszoon van Aken, plus tard Hieronymus Bosch, est né aux Pays-Bas à’s Hertogenbosch, le 2 octobre 1453, dans une famille de peintres. Connu en Espagne sous le surnom de El Bosco, ou Gerolamo Bosco, encore Bosco di Bolduc et en Italie sous le nom de Ieronimo Bos. On suppose que, dans sa jeunesse, il s’est rendu à Anvers ou à Bruxelles, mais on ne sait pas exactement dans quelles années. Vers 1480, ou peut-être plus tôt, il épouse Aleytde Meervenne, la fille d’une famille aisée, ce qui permet à l’artiste de pratiquer la peinture librement et sans souci, puisqu’il n’a pas à penser aux dettes ou aux défaillances financières, problèmes courants pour un artiste de l’époque.

Entre 1486 et 1488, il adhère à la confrérie Notre-Dame de sa ville natale, liée au culte de la Vierge et dont les archives contiennent les quelques informations que nous possédons sur la vie de l’artiste. L’adhésion à cette association offre à l’artiste la possibilité d’inscrire ses œuvres dans un mécénat européen qui lui permet d’acquérir une notoriété, d’entretenir des relations avec les classes sociales supérieures, et bien sûr d’obtenir une clientèle fortunée. Les principes moraux, les dogmes religieux et la condamnation des péchés sont parmi les thèmes les plus fréquemment abordés par l’artiste, appris grâce à son expérience au sein de la Confrérie, en lien avec le mouvement mystique Devotio Moderna, actif aux Pays-Bas au milieu du XVe siècle.

Bosch n’aimait pas voyager et ne s’inspirait pas d’autres artistes, mais il aurait effectué deux voyages en Europe au cours de sa vie. La période comprise entre 1500 et 1510 est la plus fertile sur le plan artistique ; les triptyques (œuvres composées de trois panneaux peints, un grand panneau central et deux panneaux latéraux de taille plus réduite) les plus importants qui nous sont parvenus, tels que le célèbre Jardin des délices de la terre, datent de ces années. Un autre triptyque important, peint entre 1506 et 1508, est le Triptyque du Jugement, suivi du Triptyque de l’Adoration des Mages de 1510. De la même année datent le Triptyque de la Passion et le Triptyque de Saint Antoine, chef-d’œuvre de la maturité de l’artiste. L’un des rares documents de sa biographie fait état d’une importante commande, celle de Philippe le Bel, duc de Bourgogne de 1482 à 1506, qui, en septembre 1504, lui commanda un tableau du Jugement dernier (nous ne savons pas en fait de quelle œuvre il s’agit).

Bosch meurt le 9 août 1516, peut-être des suites d’une épidémie de choléra documentée à ’s Hertogenbosch. Dans les documents de la confrérie, on trouve un requiem dédié à la perte de l’artiste Jeronimus van Aken painter, datant du mois d’août de la même année, ce qui laisse supposer que c’est bien la maladie qui a emporté l’artiste à l’âge d’un peu plus de soixante ans.

Hieronymus Bosch, Triptyque du Jugement de Vienne (1482 ; huile sur panneau, 163,7 x 242 cm ; Vienne, Académie des beaux-arts)
Hieronymus Bosch, Triptyque du Jugement de Vienne (1482 ; huile sur panneau, 163,7 x 242 cm ; Vienne, Académie des beaux-arts)


Hieronymus Bosch, Triptyque des Ermites (vers 1493 ; huile sur panneau, 86,5 x 120 cm ; Venise, Gallerie dell'Accademia)
Hieronymus Bosch, Triptyque des Ermites (vers 1493 ; huile sur panneau, 86,5 x 120 cm ; Venise, Gallerie dell’Accademia)

Évolution du style de Bosch : de la jeunesse à la maturité

La vie de Bosch peut être reconstituée à travers ses peintures, même s’il y a des ruptures chronologiques. Les œuvres de l’artiste, comme nous l’avons déjà mentionné, étaient très appréciées par le marché de l’art de l’époque, et le sont restées après sa mort. L’estime dont il jouit au cours des siècles suivants est telle que les critiques contemporains le considèrent comme une source d’inspiration pour certains des courants artistiques les plus importants de la fin du XIXe siècle, tels que le symbolisme, puis l’expressionnisme allemand et le mouvement surréaliste, qui ont vu le jour au début du XXe siècle. Il a également exercé une influence significative sur les théories freudiennes, qui tendent à la découverte de l’inconscient, une dimension intérieure invisible mais présente en chacun de nous. L’influence sur les mouvements artistiques précités est en grande partie due au choix des thèmes : Bosch renvoie en effet à une dimension continuellement nourrie de symboles, issus de la tradition médiévale, mais aussi des miniatures et des satires du XVe siècle. Le choix des thèmes s’explique par l’attitude de l’artiste qui condamne les péchés, méprise la corruption et les vices qui font de l’homme un pécheur.

Parmi les œuvres attribuées à sa première période, citons La guérison de la folie, où l’on voit l’extraction d’une pierre du cerveau d’un fou, l’Ecce Homo à Francfort, la Crucifixion à Bruxelles, le Jongleur et les Sept péchés capitaux. Dans ce dernier, sept scènes sont représentées, séparées les unes des autres par des cercles, au centre desquels se trouve l’œil de Dieu, qui veut “fixer nos actions sur terre”. Si, dans cette première phase de sa carrière artistique, son style est fait de combinaisons de couleurs pures et de coups de pinceau doux, dans sa maturité, il ajoute également un intérêt pour le détail, à travers la définition méticuleuse des détails, produisant des compositions de plus en plus chargées, sans négliger la précision dans la peinture de riches paysages.

Le triptyque des Tentations de saint Antoine, dont il existe aujourd’hui entre quinze et vingt exemplaires, témoigne de l’appréciation de l’artiste. Le panneau central représente saint Antoine, agenouillé devant le crucifix, inconscient de ce qui se passe autour de lui ; le diable tente de faire tomber le saint dans le péché, sans succès. Au centre de l’œuvre se trouve le thème humain de la tentation. Sur le côté est représenté l’enfer et ce qui arrive à ceux qui y finissent, c’est-à-dire les pécheurs. Bien que les personnages semblent appartenir à une dimension fantastique, chacun d’entre eux renvoie en réalité à un concept très précis. Par exemple, dans l’œuvre qui représente l’apogée de sa carrière, le Jardin des délices terrestres, les acrobates font allusion aux hommes qui tentent de modifier les lois qui régissent la nature. Le tableau est un triptyque mobile, c’est-à-dire composé de trois panneaux qui peuvent être repliés sur eux-mêmes. Le triptyque fermé représente La création du monde, à travers une sphère ronde et parfaite flottant dans le vide. L’œuvre, dans sa vue de face, dépeint trois scènes : en partant de la gauche, le jardin d’Eden, le jardin des délices et l’enfer musical. Dans le premier panneau, en bas à gauche, se trouve un trio composé de Dieu, Adam et Ève ; leurs expressions sont ambiguës, on ne comprend pas ce qu’ils pensent ou ce qu’ils font. Le mystère de l’œuvre se prolonge dans le choix de représenter des fraises et des cerises de manière compulsive, dans le panneau central. Peut-être l’artiste a-t-il voulu représenter le jardin des délices du monde, loin d’une interprétation religieuse, lié uniquement au trio de la création ? Ou bien le panneau central représentait-il la réalité terrestre, éloignée de la réalité céleste ?

Bosch fait encore aujourd’hui l’objet de recherches et d’études, pour plusieurs raisons : le symbolisme complexe et mystérieux qui se dégage de ses œuvres, l’aura de mystère qui enveloppe certaines de ses créations ainsi que sa propre vie, son imagination qui l’amène à peupler ses tableaux de personnages fantastiques qui ont peu d’autres parallèles dans l’histoire de l’art et qui fascinent tant le public aujourd’hui, l’invention de thèmes et de personnages, imprégnés de symboles, de visions et d’hallucinations.

Hieronymus Bosch, Sept péchés capitaux (vers 1500-1525 ; huile sur panneau, 120 x 150 cm ; Madrid, Museo del Prado)
Hieronymus Bosch, Sept péchés capitaux (vers 1500-1525 ; huile sur panneau, 120 x 150 cm ; Madrid, Museo del Prado)


Hieronymus Bosch, Jardin des délices terrestres (vers 1480-1490 ; huile sur panneau, 220 x 389 cm ; Madrid, Museo del Prado)
Hieronymus Bosch, Jardin des délices terrestres (vers 1480-1490 ; huile sur panneau, 220 x 389 cm ; Madrid, Museo del Prado)


Hieronymus Bosch, Triptyque des tentations de saint Antoine (1501 ; huile sur panneau, 131 x 238 cm ; Lisbonne, Musée national d'art ancien)
Hieronymus Bosch, Triptyque des tentations de saint Antoine (1501 ; huile sur panneau, 131 x 238 cm ; Lisbonne, Musée national d’art ancien)

Où voir les œuvres de Bosch en Italie et en Europe ?

Il existe très peu d’œuvres de Bosch à notre connaissance. En Italie, il n’existe que trois œuvres du peintre néerlandais, toutes conservées à la Gallerie dell’Accademia de Venise, où sont conservés les chefs-d’œuvre des peintres italiens des XVIe et XVIIe siècles actifs en Vénétie, tels que Tintoret, Titien, Canaletto, Giorgione, Giovanni Bellini et Véronèse : Il s’agit du Triptyque du martyr crucifié, des Quatre visions de l’au-delà (œuvre composée de quatre panneaux dont la lecture horizontale conduit le spectateur de l’Ascension, le Paradis, à la Chute des damnés, l’Enfer) et du Triptyque des Ermites.

Pour voir ses chefs-d’œuvre, il est également conseillé de se rendre à l’étranger, notamment dans la ville natale de l’artiste, où se trouve le Centre d’art Jheronimus Bosch, consacré à sa vie et à son œuvre. Curieusement, ce musée ne conserve aucune de ses œuvres. Les seules peintures autographes de Bosch sur le sol néerlandais se trouvent toutes au musée Boijmans van Beuningen de Rotterdam et sont le Vendeur de rue, Saint-Christophe et les Tables du déluge. Le triptyque des Tentations de saint Antoine est conservé au Musée national d’art ancien de Lisbonne, le musée le plus important du Portugal, fondé en 1884 et abritant des œuvres anciennes jusqu’au XIXe siècle.

Le musée du Prado à Madrid (en Espagne, Bosch est connu sous le nom de “El Bosco”) abrite certaines de ses premières œuvres importantes : Les sept péchés capitaux, La guérison de la folie et Le chariot de foin. Son chef-d’œuvre le plus connu, le Jardin des délices, sa réalisation la plus ambitieuse, est également exposé dans ce musée. Le musée, construit en 1785 d’après un projet de l’architecte Giovanni de Villanueva mais ouvert seulement en 1819, abrite des chefs-d’œuvre de l’Espagne du XVIIe siècle, des œuvres du Greco, de Giuseppe de Ribera, de Diego Velasquez, ainsi que d’artistes actifs dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, tels que Francisco Goya. L’une de ses dernières œuvres, datant d’environ 1510, est exposée à la National Gallery de Londres : il s’agit du Christ simulé. À Francfort-sur-le-Main, on peut admirer un Ecce homo juvénile, à Gand, en Flandre, la Montée au Calvaire et Saint Jérôme en prière sont conservés au Museum voor Schone Kunsten, et en Belgique également, mais aux Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, se trouve la Crucifixion avec Donateur.

Hieronymus Bosch, peintre mystérieux : vie et œuvre
Hieronymus Bosch, peintre mystérieux : vie et œuvre


Avertissement : la traduction en anglais de l'article italien original a été réalisée à l'aide d'outils automatiques. Nous nous engageons à réviser tous les articles, mais nous ne garantissons pas l'absence totale d'inexactitudes dans la traduction dues au programme. Vous pouvez trouver l'original en cliquant sur le bouton ITA. Si vous trouvez une erreur,veuillez nous contacter.



Finestre sull'Arte