TEFAF, Benappi apporte un chef-d'œuvre de Pierre Subleyras. L'espoir d'un achat par un musée italien

Quelques mois après la publication de la monographie de Nicolas Lesur consacrée au peintre français Pierre Subleyras (Saint-Gilles, 1699 - Rome, 1749), la galerie Benappi Fine Art de Londres, dirigée par Filippo Benappi et Valentina Vico, a exposé le tableau de Subleyras commandé par le pape Benoît XIV, Le mariage mystique de sainte Catherine de Ricci de 1746, lors de la foire d’art Tefaf de Maastricht , aux Pays-Bas, qui en est à sa 36e édition. Ce tableau figure parmi les chefs-d’œuvre de Subleyras, au même titre que la toile représentant Saint Camillus sauvant les malades au musée de Rome, peinte la même année. Les deux tableaux ont été offerts par le pape Benoît XIV et sont ensuite entrés dans diverses collections.

En 1763, l’œuvre est enregistrée dans la collection de Girolamo Colonna di Sciarra, puis dans celle de Lorenzo Onofrio Colonna, dans celle de Filippo III Colonna et, entre 1812 et 1935, elle a également appartenu à la famille Barberini (elle se trouvait au Palazzo Barberini à Rome). En 1935, le tableau a été vendu aux enchères et acheté par le marquis Sacchetti, qui l’a transmis par héritage à ses propriétaires actuels. Le tableau a été exécuté à l’occasion de la canonisation de sainte Catherine de Ricci: lors des cérémonies de canonisation, il était d’usage que les ordres religieux offrent au pape les œuvres dédiées à la personne élevée au rang de saint, mais c’était le pontife qui choisissait l’artiste et le sujet. C’est ainsi que Benoît XIV choisit Subleyras et le thème du Mariage mystique de sainte Catherine de Ricci. L’œuvre représente la vision que Catherine de Ricci, moniale dominicaine ayant vécu au XVIe siècle, a eue, selon la tradition hagiographique, le 9 avril 1542, dimanche de Pâques de cette année-là : la Vierge Marie, le Christ, sainte Marie-Madeleine et saint Thomas d’Aquin lui sont apparus en vision dans un triomphe d’angelots, pour célébrer ses noces mystiques, symbolisées par le Christ glissant l’anneau dans l’annulaire gauche de la sainte.

L’exposition du tableau, œuvre bien connue de la critique puisqu’il ne s’agit pas d’un inédit, intervient, comme prévu, peu après la publication de la monographie de Nicolas Lesur consacrée précisément à Subleyras et publiée en novembre 2023 chez Arthena. C’est une œuvre très connue, explique Lesur à la Gazette Drouot, mais très peu de gens ont eu l’occasion de la voir parce qu’elle était conservée dans le palais Sacchetti. Le tableau n’avait pas été exposé depuis un demi-siècle. Il n’a pas figuré à la rétrospective de 1987 à Rome et à Paris. Je dois avouer que pendant les douze années que j’ai consacrées à mes recherches sur Subleyras, je n’ai jamais réussi à l’approcher ! Les éditions Arthena n’ont même pas réussi à obtenir une bonne reproduction photographique en couleurs pour l’édition de l’œuvre, malgré de nombreuses tentatives. La voir enfin réapparaître après la publication est presque une aubaine !

Le tableau est notifié par l’État italien: cela signifie qu’il ne peut être vendu à un acheteur en dehors de l’Italie. Et même pour l’amener à l’exposition, Benappi Fine Arts a dû obtenir un permis spécial d’exportation temporaire auprès de la direction générale des beaux-arts du ministère de la culture. En fait, l’œuvre appartient toujours aux héritiers Sacchetti, qui espèrent la vendre à un collectionneur ou à un musée italien. Benappi Fine Arts n’en est pas à sa première opération de ce genre : amener un chef-d’œuvre notifié dans les grandes vitrines du marché international. Elle l’avait déjà fait, par exemple, en 2017, en exposant à la Biennale Internazionale dell’Antiquariato de Florence les deux tableaux Pannocchieschi d’Elci de Daniele da Volterra, deux chefs-d’œuvre du XVIe siècle, qui ont ensuite été achetés par les Offices, dans l’une des opérations les plus intéressantes qu’un musée italien ait réalisée ces dernières années, en sécurisant deux œuvres importantes pour le public (en fait, aujourd’hui, tout le monde peut les voir dans la section du musée consacrée au maniérisme toscan). On peut donc espérer que le chef-d’œuvre de Subleyras trouvera également sa place dans un musée italien.

Tefaf Maastricht, qui a ouvert ses portes le 9 mars et peut être visitée jusqu’au 14 mars, est l’une des foires d’art les plus prestigieuses au monde, avec 270 galeries exposant des chefs-d’œuvre anciens, design et contemporains, couvrant 7 000 ans d’histoire. Chaque année, des œuvres et des objets d’art rares, convoités par des collectionneurs et des institutions internationales, sont exposés. L’événement de dix jours présente un large éventail de galeries, dont treize nouvelles galeries telles que PKM Gallery de Séoul et Rosenberg & Co. de New York.

TEFAF, Benappi apporte un chef-d'œuvre de Pierre Subleyras. L'espoir d'un achat par un musée italien

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