Des États généraux de la culture? Non, de la rhétorique et du bavardage


Les États généraux de la culture 2014 se sont tenus à Rome ce matin. Nous avons assisté à encore plus de rhétorique, de banalité et d'autoréférentialité, avec très peu d'idées intéressantes.

Disons que pour le premier live tweeting de Finestre sull’Arte, nous espérions des sujets un peu plus intéressants. Mais le fait est que le premier live tweeting que nous avons réalisé sur notre profil Twitter a eu lieu ce matin à l’occasion des Etats Généraux de la Culture qui se sont tenus à l’Auditorium Conciliazione à Rome, et que nous aurions sans doute mieux fait de concentrer nos énergies sur des sujets plus constructifs, car nous n’avons assisté qu’à trois heures de bavardages banals et rabâchés (à quelques petites exceptions près), ainsi qu’à de la pure rhétorique.

Je ne m’étendrai pas trop sur ce qui a été dit, car il est possible de trouver, sur le web, des comptes rendus très détaillés: par exemple, sur le site du Sole 24 Ore, il y a un résumé presque minute par minute. Je voudrais cependant faire quelques considérations. La première: en Italie, comme c’est de plus en plus souvent le cas, la parole est donnée aux plus de 70 ans et les jeunes sont toujours obligés de rester dans les tribunes. En effet, à l’exception du directeur du Musée égyptien Christian Greco, âgé de 39 ans (en supposant qu’à 39 ans on puisse encore être considéré comme professionnellement jeune: en Italie, c’est probablement le cas), le parterre était composé de personnes qui, dans certains cas, sont considérées comme matures, ce qui est un euphémisme. Je ne citerai, entre autres, qu’Andrea Carandini (promotion 1937), Emmanuele Emanuele (promotion 1937, qui tient d’ailleurs à préciser, en première information de son CV sur le site du MiBACT, ses titres de noblesse: et moi qui croyais qu’ils n’étaient plus reconnus en Italie), Antonio Paolucci (promotion 1939), Benito Benedini (promotion 1934), Carla Fendi (promotion 1937). Bref, près de la moitié des intervenants de ce matin (5 sur 13) sont nés avant que Mussolini ne fasse la déclaration de guerre aux ambassadeurs de Grande-Bretagne et de France. Franchement, quand je les entends parler d’innovation, je souris au moins.

Ensuite, nous entendons à nouveau les habituelles métaphores ennuyeuses, banales et fastidieuses sur l’héritage culturel de l’Italie. Manifestement dans le domaine de l’énergie. Emanuele a voulu donner un semblant de nouveauté en qualifiant la culture d’“énergie propre” du pays, mais c’est Carla Fendi qui nous a ramenés aux métaphores pétrolières: il était évident que dans un contexte rhétorique aussi impitoyable, la métaphore de la “culture comme pétrole de l’Italie” allait surgir à tout moment. Une fois de plus, nous avons assisté à une rhétorique terne sur le secteur privé: “faites place au secteur privé dans la culture”, a déclaré Emanuele. Le ministre Dario Franceschini lui a fait écho en disant, en substance, que l’État seul ne peut pas le faire et qu’il a besoin de l’aide du secteur privé. Nous avons poliment rappelé au ministre, d’ailleurs avec un tweet bien reçu pendant le direct, qu’avec l’affaire du MOSE à Venise, c’est un milliard d’euros de corruption et de pots-de-vin qui a été brûlé. Les politiques voudraient donc nous faire croire que l’argent n’est pas là? Mais ne s’agirait-il pas de réduire sérieusement le gaspillage et de lutter efficacement contre la corruption, avant même de demander l’aide de personnes privées? Des particuliers à qui, bien sûr, nous donnons presque toujours quelque chose en retour (et nous ne parlons évidemment pas de remerciements ou de plaques), selon la logique provinciale qui veut que celui qui fait l’aumône ait toujours un retour ou un intérêt.

Mais nous avons aussi entendu des idées qui donneraient la chair de poule à ceux qui se soucient un tant soit peu du patrimoine culturel. Comme la première idée proposée par Benedini: faire voyager le plus possible les œuvres d’art italiennes dans le monde entier, des œuvres d’art qui constitueraient ainsi des témoignages de l’Italie dans le monde entier. Ou bien emmener les bronzes de Riace à l’Expo. Ou en tout cas dans toute l’Italie... car s’ils sont à Reggio Calabria, qui va les voir? Et comme on insistait beaucoup sur ce dernier concept, une juste protestation s’est élevée de la part du public: l’objectif devrait être d’amener les visiteurs en Calabre (un objectif avec lequel toute personne raisonnable serait d’accord), et non pas d’amener la Calabre aux visiteurs. Et donc donner aux visiteurs une raison de venir en Calabre en développant une offre touristique stimulante, moderne et attrayante. Et comment ne pas mentionner une autre idée de Benedini, tout aussi farfelue, celle de créer un musée national dans le style du Louvre? Depuis un certain temps, nous discutons sur Finestre sull’Arte de la nécessité de décentraliser la culture et de désengorger les villes d’art dites les plus populaires au profit de centres plus petits (mais tout aussi intéressants), et ce matin nous arrive l’idée fantastique de centraliser encore plus en créant un musée national. Il faut espérer qu’un tel projet ne verra pas le jour: il est totalement irrespectueux de l’histoire de l’Italie, de sa diversité, de l’extraordinaire diffusion de son patrimoine culturel et des nombreux centres périphériques qui tentent constamment de se tailler une place dans la logique des flux touristiques.

Les propos du ministre Franceschini ont déjà été évoqués, mais il a également présenté le nouveau plan tarifaire des musées publics à partir du 1er juillet: pour résumer, les billets ne seront plus gratuits pour les plus de 65 ans, le premier dimanche du mois sera gratuit et le vendredi, les musées seront ouverts jusqu’à la tombée de la nuit. Pour le reste, la rhétorique habituelle de la protection et de la mise en valeur. Nous savons tous que le patrimoine a besoin d’être protégé et valorisé: il serait bon d’arrêter de parler et de commencer à agir. Naturellement, cela fait penser que l’intervention la plus intéressante a été aussi celle du plus jeune des orateurs, Christian Greco, qui a proposé l’idée d’introduire une évaluation des réalités culturelles par des commissions d’experts internationaux: une procédure qui existe déjà à l’étranger, et qui n’existe manifestement pas en Italie.

Et si la défense des surintendances, qui n’ont pas besoin de managers (ou plutôt: “n’ont pas besoin de Bocconiens”) pour fonctionner au mieux, revient à Antonio Paolucci, il y a lieu de se poser de très sérieuses questions. La première: ceux qui ne sont pas dans le métier n’ont généralement aucune idée du fonctionnement des surintendances, alors le public et les hommes politiques ne devraient-ils pas être informés de leur importance? Deuxièmement: pourquoi la seule personne qui a parlé aujourd’hui des surintendances est-elle une personne qui travaille pour un musée étranger, à savoir les musées du Vatican? Troisièmement: pourquoi la défense des surintendances devrait-elle être confiée à une personne qui aura 80 ans en 2019? Et ainsi de suite.

Passons sur l’intervention de Piero Fassino, qui n’a fait que prolonger d’un quart d’heure environ la misère du public, puisqu’on a parlé (comme si ce n’était pas déjà assez) de “culture et développement” et de “nécessité de l’intervention privée”, et passons directement à la dernière intervention, celle de la ministre de l’Éducation Stefania Giannini, qui nous fait gentiment savoir que pour réintroduire l’histoire de l’art à l’école, 25 millions d’euros par an sont suffisants. Rappelons, car repetita iuvant, que la corruption dans le projet MOSE à Venise nous a coûté 100 millions par an pendant dix ans. Réduire les gaspillages et lutter contre la corruption est un combat de civilisation et devrait être la première priorité de notre pays.

Au final, on a le sentiment d’avoir assisté à un discours qui ne s’imposait pas, entre rhétorique, banalités, déjà dit et autoréférentialité. Et le monde de la culture n’a plus besoin de bavardages: il a besoin de faits, il a besoin que les gens se retroussent les manches et se mettent au travail, parce que la culture en Italie ne peut plus attendre et a besoin de réponses concrètes à ses problèmes. Enfin, les jeunes, comme d’habitude, se sont comportés en spectateurs. Comment faire parler de l’avenir à des septuagénaires? Ils ne sont pas l’avenir. Alors quand allons-nous commencer à écouter les jeunes et à leur donner une voix cohérente pour comprendre leurs (nos) problèmes et essayer de mettre en œuvre leurs (nos) solutions? L’Italie regorge de jeunes compétents: donnons-leur des opportunités, ne les reléguons pas au rôle de spectateurs sans voix. Je lance une idée: il serait bon, lors de la prochaine édition des États généraux de la culture, d’éviter d’inviter les habituels personnages âgés et de proposer à la place un parterre de jeunes, préparés et qualifiés, choisis chacun dans différents secteurs de la culture. Je suis sûr qu’ils auraient des choses bien plus intéressantes à dire que ce qui a été dit ce matin.


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