Du 11 juin au 3 octobre 2025, la Galleria Christian Stein de Milan accueille pour la troisième fois une exposition personnelle de Stefano Arienti (Asola, 1961), l’un des artistes les plus connus de la scène contemporaine italienne. L’exposition Ut pictura poësis a pour cadre le salon néoclassique des locaux milanais de la galerie : un espace donnant sur un jardin isolé où une végétation haute et mature filtre la lumière et introduit une vibration atmosphérique constante à l’intérieur.
Arienti avait déjà exposé dans ce même lieu en 2019 et 2021, avec deux projets centrés sur la transformation poétique d’images photographiques personnelles, souvent banales, auxquelles il redonnait un statut esthétique grâce à des techniques hybrides : papiers froissés, surfaces rayées, reliefs et abrasions. Dans ces œuvres, la relation entre la culture visuelle et le monde naturel s’articule dans un équilibre précaire mais fertile qui remet en question les dualismes traditionnels. Le naturel, l’humain, l’urbain, le technologique : tout était sur le même plan d’une vision non hiérarchique, où le geste artistique devenait un instrument de suspension du conflit.
“En utilisant des techniques, on peut toujours obtenir des résultats différents... J’ai essayé au fil des ans de montrer que l’on peut faire de l’art, poétiquement, avec un geste minimal. Que ce geste-là, même un peu obtus et peut-être répétitif, est crucial”, déclare Arienti. “L’espace courtois du Palazzo Cicogna, avec sa vue secrète sur le jardin, encadre une séquence de quatre époques qui se chevauchent : classique, renaissance, impressionniste et contemporaine. L’histoire, comme la géographie, m’a toujours intrigué”.
“Ses œuvres partent toujours de quelque chose qui existe déjà, mais qui, par le biais de différentes techniques, subit un remaniement, se transformant en quelque chose de nouveau et d’inédit”, écrit Chiara Bertola, directrice du GAM de Turin. “Il confirme lui-même dans une interview qu’il ne ”produira jamais rien de nouveau, parce que toute la créativité est déjà disponible : il suffit d’avoir l’attention d’aller la découvrir et d’en faire quelque chose de personnel“. Arienti est plus un peintre qu’un sculpteur : il travaille avec des images et se considère comme un peintre ”parce que je prends principalement des décisions picturales, bien que je ne peigne pas au sens strict“. Il travaille cependant avec les valeurs tactiles de la peinture, intervenant souvent sur des figures peintes ou photographiées en les ”implémentant“ ou en les ”augmentant“ avec de la pâte à modeler, du Play-Doh, des puzzles. Il ajoute de la matière à l’image, pour la transformer et la rendre plus tactile et plus vivante”.
Avec Ut pictura poësis, un titre qui évoque le parallèle entre l’art et la poésie, Stefano Arienti opère un retour aux sources, mais pas dans un sens régressif. Il s’agit plutôt d’un renouvellement de la peinture qui passe par la mémoire, personnelle et collective, des gestes et des images fondateurs. L’artiste présente deux séries d’œuvres qui, bien que formellement distinctes, se renvoient l’une à l’autre dans un jeu d’échos et de correspondances. D’une part, on retrouve ses célèbres compositions réalisées avec du pongo, matériau pauvre et enfantin, mais capable d’une densité tactile et chromatique surprenante ; d’autre part, les grandes bâches de chantier, étanches à la poussière, légères et semi-transparentes, qui accueillent des traces picturales à peine perceptibles, presque évanescentes.
Les œuvres pongo représentent une réflexion sur le paysage et la peinture en tant qu’événement sensible. Arienti part de tableaux impressionnistes connus, en particulier de Monet, choisi pour son insistance à capturer l’insaisissable, et les reconstruit en manipulant la matière plastique sur la surface photographique. L’image originale se dissout mais survit comme une impression, comme un écho visuel. La couleur redevient corps et matière vivante.
“Tout est admirable, et chaque jour la campagne est plus belle, et je suis envoûté par la campagne”, écrit Monet à son marchand parisien Durand-Ruel.
Le choix du pongo, apparemment ludique, rappelle le temps libre et originel de l’enfance, où la forme et le sens naissent d’une intuition primitive, sans médiation, et redonnent à l’acte créatif un sens de découverte et d’enchantement.
Ces œuvres sont flanquées de grands chiffons à poussière tendus au mur : des surfaces diaphanes, sur lesquelles émergent des signes minimes, des traces légères qui semblent s’évaporer dans l’air. Arienti les définit comme “plus proches de grandes tapisseries dessinées, qui s’insèrent spontanément dans l’architecture de la pièce”, et c’est vrai : ce sont des œuvres qui invitent le spectateur à ralentir, à se laisser traverser par la lumière. L’artiste évoque ici la technique de la sinopia et du spolvero, cette phase de dessin préparatoire qui précède la fresque, faisant émerger non pas tant une image achevée que sa possibilité, son devenir. Comme si nous étions devant un rêve en train de se former, ou un souvenir qui refait surface.
Sur ces toiles de fond se détachent ensuite des compositions de pongo vives et charpentées qui rappellent la tradition de la grande peinture décorative italienne. Et là, dans une nouvelle stratification, Arienti cite Titien en reprenant les célèbres cycles mythologiques peints pour le Camerino d’Alabastro du duc Alfonso d’Este : Bacchus et Ariane, la Fête des Dieux, la Bacchanale des Andrii, la Fête des Cupidons. Des thèmes profanes, tirés d’Ovide et de Philostrate, où l’ivresse, l’amour et la musique deviennent des métaphores de la beauté et de l’éphémère. Arienti retravaille, réinterprète, démonte et recompose.
L’artiste agit toujours au moins à trois niveaux : il manipule les matériaux et les techniques avec une curiosité expérimentale ; il collectionne, catalogue, recycle les images comme un collectionneur encyclopédique ; enfin, et c’est peut-être le geste le plus radical, il renouvelle le langage de la peinture à partir de sa crise. Non pas pour la fermer, mais pour l’habiter poétiquement.
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À Milan, Stefano Arienti et la peinture comme poésie : entre Monet, Titien et la légèreté du pongo |
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