Vérone, une grande exposition sur les relations entre Dante et la ville. Jusqu'à Shakespeare


Jusqu'au 3 octobre, une grande exposition à la galerie d'art moderne Achille Forti de Vérone évoque la relation entre Dante et la ville et met en parallèle l'histoire de Paolo et Francesca avec celle de Roméo et Juliette : elle s'intitule "Entre Dante et Shakespeare : le mythe de Vérone".

Vérone célèbre Dante, à l’occasion du 700e anniversaire de sa mort, avec une exposition de grande envergure qui concerne des places, des monuments, des églises, des palais et des bibliothèques, que les visiteurs pourront explorer à l’aide d’une carte de l’auteur qui les guidera à travers les lieux directement liés à sa présence dans la ville. Le projet, intitulé Vérone, Dante et son héritage 1321 - 2021, est réalisé par les Musées civiques et la municipalité de Vérone, avec le patronage et la contribution du Comité national pour les célébrations du 700e anniversaire de la mort de Dante Alighieri (Florence, 1265 - Ravenne, 1321), en collaboration avec l’université de Vérone et le diocèse de Vérone, et la contribution de la Fondazione Banca Popolare di Verona : L’objectif de cette vaste exposition est de rendre hommage au poète suprême et à la ville même où Dante a été accueilli à deux reprises après son exil de Florence. Le lien de Dante avec Vérone était étroit, en particulier avec la cour des Scaliger, avec laquelle il a établi une relation étroite au fil des ans, d’abord avec Bartolomeo della Scala, puis avec Cangrande della Scala.

Le premier séjour de Dante dans la cité des Scaligeri a probablement eu lieu de juin 1303 au printemps 1304, car il était envoyé en mission diplomatique à la cour des Della Scala : qui régnait alors sur Bartolomeo della Scala, mort en 1304, et qui accueillit le poète, comme l’affirme Dante lui-même dans le 17e chant du Paradis : le “gran lombardo / che ’n su la scala porta il santo uccello”, en référence au fait qu’il était le seul des Scaligeri à arborer un aigle sur son tombeau. À cette occasion, Dante, lié au gouvernement des Bianchi, eut la tâche de convaincre Bartholomé de rejoindre l’alliance anti-florentine, mais le résultat ne fut pas positif. Cependant, il resta à Vérone pendant au moins dix mois, au cours desquels il put admirer les beautés de la ville et visiter d’autres villes vénitiennes importantes, comme Padoue (entre 1303 et 1304, Padoue entretenait d’excellentes relations avec Vérone, puisque Bartolomeo della Scala avait épousé Agnese, fille de Vitaliano del Dente et de Beatrice Scrovegni, sœur d’Enrico Scrovegni qui commanda à Giotto la décoration de la fameuse chapelle padouane). C’est peut-être à Padoue que Dante a rencontré et connu Giotto: tous deux étaient florentins et se trouvaient loin de leur patrie. Dante retourne ensuite à Vérone entre 1316 et 1320, accueilli comme hôte et protégé de Cangrande : la preuve de la longue association entre les deux se trouve dans l’éloge de Cangrande au chant XVII du Paradis et dans l’épître XIII par laquelle Dante lui dédie le Paradis. Dante s’est présenté à Cangrande pour lui demander protection et l’Epistola dedicatoria lui a probablement été utile pour s’attirer les faveurs d’un puissant protagoniste de l’époque qu’il ne connaissait pas jusqu’alors.

Sandro Botticelli, Première sphère des planètes (ciel lunaire). Béatrice explique à Dante, au Paradis, l'origine des sphères lunaires et l'ordre du cosmos Par. II (1492-1495 ; plume et encre brune sur préparation à la pointe d'argent sur parchemin, 322 × 470 mm ; Berlin, Staatliche Museen, Kupferstichkabinett)
Sandro Botticelli, Première sphère des planètes (ciel lunaire). Béatrice explique au Paradis à Dante l’origine des sphères lunaires et l’ordre du cosmos, Par. II (1492-1495 ; plume et encre brune sur préparation à la pointe d’argent sur parchemin, 322 × 470 mm ; Berlin, Staatliche Museen, Kupferstichkabinett)


Sandro Botticelli, Première sphère des planètes (ciel lunaire). Béatrice explique à Dante le vrai siège des bienheureux, Par. IV (1492-1495 ; plume et encre brune sur préparation à la pointe d'argent sur parchemin, 322 × 470 mm ; Berlin, Staatliche Museen, Kupferstichkabinett)
Sandro Botticelli, Première sphère des planètes (ciel lunaire). Béatrice expliquant à Dante le vrai siège des bienheureux, Par. IV (1492-1495 ; plume et encre brune sur préparation à la pointe d’argent sur parchemin, 322 × 470 mm ; Berlin, Staatliche Museen, Kupferstichkabinett)


Sandro Botticelli, Cinquième sphère des planètes (ciel de Mars) : Cacciaguida prédit l'exil à Dante, mais aussi la gloire éternelle à titre posthume Par. XVII (1492-1495 ; plume et encre brune sur préparation à la pointe d'argent sur parchemin, 322 × 470 mm ; Berlin, Staatliche Museen, Kupferstichkabinett)
Sandro Botticelli, Quinta sfera dei pianeti (ciel de Mars) : Cacciaguida prédit l’exil de Dante, mais aussi une gloire posthume éternelle, Par. XVII (1492-1495 ; plume et encre brune sur préparation à la pointe d’argent sur parchemin, 322 × 470 mm ; Berlin, Staatliche Museen, Kupferstichkabinett)


Domenico Peterlin, Dante en exil (1860-1865 ; huile sur toile, 78,5 × 105 cm ; Vicenza, Museo Civico di Palazzo Chiericati, inv. A.572)
Domenico Peterlin, Dante en exil (1860-1865 ; huile sur toile, 78,5 × 105 cm ; Vicence, Museo Civico di Palazzo Chiericati, inv. A.572)


Luigi Melche, Dante lisant la Divine Comédie à la cour des Scaligeri (1864 ; huile sur toile, 44 × 36 cm ; Padoue, Museo d'Arte Medievale e Moderna, inv. 1209)
Luigi Melche, Dante lisant la Divine Comédie à la cour des Scaligeri (1864 ; huile sur toile, 44 × 36 cm ; Padoue, Museo d’Arte Medievale e Moderna, inv. 1209)


Leopoldo Toniolo, Dante rend visite à Giotto dans la chapelle Scrovegni (vers 1865 ; huile sur toile, 75,6 × 99,3 cm ; Padoue, Museo d'Arte Medievale e Moderna, inv. 1767)
Leopoldo Toniolo, Dante rend visite à Giotto dans la chapelle Scrovegni (vers 1865 ; huile sur toile, 75,6 × 99,3 cm ; Padoue, Museo d’Arte Medievale e Moderna, no. 1767)


Ugo Zannoni, Dante Alighieri, esquisse pour le monument de la Piazza dei Signori (1865 ; bronze sur socle de bronze et de marbre, 41 × 14,5 × 15,5 cm ; Vérone, Società Letteraria). Photo : Gardaphoto, Salò
Ugo Zannoni, Dante Alighieri, esquisse pour le monument de la Piazza dei Signori (1865 ; bronze sur piédestal en bronze et marbre, 41 × 14,5 × 15,5 cm ; Vérone, Società Letteraria). Photo : Gardaphoto, Salò


Luigi Ferrari, Buste de Dante (1864 ; marbre, 81 × 57 × 37 cm Vicence, Istituzione pubblica culturale Biblioteca civica Bertoliana)
Luigi Ferrari, Buste de Dante (1864 ; marbre, 81 × 57 × 37 cm Vicence, Istituzione pubblica culturale Biblioteca civica Bertoliana)

C’est le point de départ de l’exposition qui est le pivot de l’exposition généralisée : Tra Dante e Shakespeare : il mito di Verona (Entre Dante et Shakespeare : le mythe de Vérone), ouverte du 11 juin au 3 octobre 2021 à la Galleria d’Arte Moderna Achille Forti au Palazzo della Ragione, sous le commissariat de Francesca Rossi, Tiziana Franco et Fausta Piccoli. L’exposition s’ouvre sur laprétendue rencontre entre Dante et Giotto à Padoue (un tableau de Leopoldo Toniolo datant d’environ 1865 illustre la visite de Dante à Giotto dans la chapelle Scrovegni), retraçant ainsi la culture artistique de Padoue à l’époque de la révolution picturale de Giotto. L’exposition s’attarde ensuite sur le lien qui s’est tissé entre le poète et Cangrande della Scala, et de là partent de nombreux témoignages décrivant le contexte dans lequel Dante a passé les années de son exil à Vérone jusqu’à la création de sa Commedia. Le premier objectif de l’exposition, qui couvre une période chronologique allant du XIVe au XIXe siècle, est de reconstituer les relations entre Dante, Vérone et la Vénétie au début du XIVe siècle. Les trois dessins de Sandro Botticelli, prêtés par le Kupferstichkabinett de Berlin, datent de 1492-1495 et comptent parmi les œuvres les plus remarquables de ce premier noyau d’exposition, en particulier celui qui est conventionnellement intitulé Première sphère des planètes (Ciel lunaire). Béatrice explique à Dante, dans le Paradis, l’origine des taches lunaires et l’ordonnancement du cosmos. Paradiso II a été choisi comme image coordonnée de l’exposition : il développe graphiquement le thème de l’itinéraire de Dante au Paradis et le traduit en un voyage du poète, guidé par Béatrice dans les rues de Vérone, à la découverte des lieux liés à sa mémoire. En outre, des textes décorés de la Commedia, manuscrits et imprimés, guident le public depuis l’époque de Dante jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, témoignant de l’attention que Vérone et le Venero ont accordée au poète et à son œuvre.

Le second noyau sur lequel l’exposition entend se concentrer est lié à la redécouverte du mythe de Dante au XIXe siècle: de nombreuses œuvres représentent des personnages et des thèmes liés au Poète Suprême et à la Comédie. Une véritable fortune iconographique des personnages de Dante s’est déployée, de Béatrice et Gaddo, de Pia de’ Tolomei à Paolo et Francesca. Des tableaux de Giuseppe Luigi Poli, Gaetano Previati et Giuseppe Frascheri sont exposés et illustrent précisément l’amour tragique des deux beaux-frères (nous avons d’ailleurs consacré une étude approfondie dans notre revue aux tableaux du XIXe siècle traitant de l’amour de Paolo et Francesca). Le couple introduit le thème de l’amour tragique entre deux jeunes gens, bien représenté à Vérone dans l’histoire de Roméo et Juliette : une histoire née sous la plume de Luigi da Porto au XVIe siècle et rendue célèbre dans le monde entier par William Shakespeare. Les peintures de Tranquillo Cremona, Domenico Scattola, Pietro Roi font référence au mythe de Roméo et Juliette.

Giuseppe Frascheri, Paolo et Francesca surpris par Gianciotto (1836 ; huile sur toile, 140 × 130 cm ; Savone, Pinacoteca Civica - Museo d'Arte di Palazzo Gavotti). Photo : Fulvio Rosso, Calice Ligure
Giuseppe Frascheri, Paolo et Francesca surpris par Gianciotto (1836 ; huile sur toile, 140 × 130 cm ; Savone, Pinacoteca Civica - Museo d’Arte di Palazzo Gavotti). Photo : Fulvio Rosso, Calice Ligure


Giuseppe Frascheri, Rencontre de Dante avec Paolo et Francesca (1850 ; huile sur toile, 123 × 81 cm ; Savone, Pinacoteca Civica - Museo d'Arte di Palazzo Gavotti)
Giuseppe Frascheri, Rencontre de Dante avec Paolo et Francesca (1850 ; huile sur toile, 123 × 81 cm ; Savone, Pinacoteca Civica - Museo d’Arte di Palazzo Gavotti)


Gaetano Previati, Paolo e Francesca (vers 1887 ; huile sur toile, 98 × 227 cm ; Bergame, Accademia Carrara, inv. 58AC00732)
Gaetano Previati, Paolo et Francesca (vers 1887 ; huile sur toile, 98 × 227 cm ; Bergame, Accademia Carrara, inv. 58AC00732)


Giuseppe Luigi Poli, Le baiser de Paolo et Francesca (vers 1827 ; huile sur toile, 106 × 119 cm ; Bergame, Accademia Carrara, inv. 58AC0074)
Giuseppe Luigi Poli, Le baiser de Paolo et Francesca (v. 1827 ; huile sur toile, 106 × 119 cm ; Bergame, Accademia Carrara, inv. 58AC0074)


Domenico Scattola, Juliette prenant un somnifère (vers 1846 ; huile sur toile, 114 × 91,5 cm ; Vérone, collection de la Fondazione Cariverona, inv. 6742)
Domenico Scattola, Juliette prenant un somnifère (vers 1846 ; huile sur toile, 114 × 91,5 cm ; Vérone, collection Fondazione Cariverona, inv. 6742)


Tranquillo Cremona, Visite au tombeau de Juliette (1862 ; huile sur toile, 144 × 100 cm ; Milan, Galleria d'Arte Moderna, inv. GAM 1565), Photo : Umberto Armiraglio, Busto Arsizio
Tranquillo Cremona, Visite au tombeau de Juliette (1862 ; huile sur toile, 144 × 100 cm ; Milan, Galleria d’Arte Moderna, inv. GAM 1565), Photo : Umberto Armiraglio, Busto Arsizio


L’objectif de l’exposition est de définir une identité de la Vérone du XIXe siècle, constituée d’une part par la présence historique et réelle de Dante à la cour de Cangrande (l’œuvre de Luigi Melche représentant Dante lisant la Divine Comédie à la cour des Scaligeri est de Luigi Melche), et d’autre part par la présence imaginaire de Roméo et Juliette, également créée dans le cadre d’un Scaligeri du XIVe siècle. Les deux noyaux thématiques définissent des aspects significatifs de la physionomie urbaine et culturelle de Vérone : les monuments et les témoignages urbains et architecturaux liés à l’exil de Dante et le mythe de Roméo et Juliette créé par Shakespeare.

Pour plus d’informations sur l’exposition, voir www.danteaverona.it ou https://gam.comune.verona.it. Heures d’ouverture : Du mardi au dimanche de 12 à 19 heures. Fermé le lundi. Billets et réservations exclusivement en ligne sur www.museiverona.com.

Vérone, une grande exposition sur les relations entre Dante et la ville. Jusqu'à Shakespeare
Vérone, une grande exposition sur les relations entre Dante et la ville. Jusqu'à Shakespeare


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