Dans la peinture d’Alex Katz (New York, 1927), l’un des chefs de file du Nouveau Réalisme américain, l’été ne se termine jamais. Il ne s’agit cependant pas d’un été tel que nous l’entendons en Italie : l’été de Katz doit plutôt être considéré comme un été tranquille, loin des vacances de masse, comme un monde distillant une lumière aveuglante, des figures élégantes et du silence. Bien que sa renommée soit inextricablement liée aux portraits monumentaux qui ont redéfini la peinture de personnages dans l’Amérique de l’après-guerre, ses plages et ses marines du Maine représentent un chapitre tout aussi fondamental de sa recherche artistique.
La géographie de ces œuvres a pour épicentre Lincolnville, dans le Maine, où l’artiste passe ses étés depuis 1954, époque à laquelle il a également commencé à peindre ses premières œuvres “de plage”, même si, en réalité, l’essentiel de sa production sur les plages a débuté dans les années 1990. Mais pour comprendre sa sensibilité à la côte, sa capacité innée à saisir la richesse sensorielle de la lumière, de la température et des vents, il faut remonter à son enfance. Katz a grandi à St. Albans, un quartier tranquille du Queens, à New York, à quelques kilomètres de l’océan Atlantique. Il est facile d’imaginer comment ce paysage de marais saumâtres, de petites îles et de plages lumineuses s’est imprimé dans l’esprit du jeune artiste, expliquant ce que le peintre Peter Halley, dans un court essai qu’il a écrit pour une exposition de l’œuvre de Katz en 2002 à la galerie Thaddaeus Ropac, consacrée précisément à ses plages, appelle une “luminosité vénitienne”, une affinité avec l’étendue et le style d’un Véronèse. Cette lumière enfantine est la même que celle que l’on retrouve, des décennies plus tard, sur la côte du Maine.
Pour Katz, le Maine n’est pas seulement un sujet, mais une condition de l’âme et du regard. L’œil de l’artiste américain se porte habituellement sur des éléments primaires : l’eau, le ciel, la ligne d’horizon, la végétation et, surtout, la lumière : celle de Katz est une lumière froide, atlantique, qui ne réchauffe pas mais révèle, qui ne caresse pas les formes mais les sculpte avec précision.
Souvent associé par convention au Pop Art, Katz poursuit en réalité une démarche picturale exquise, parvenant à concilier l’abstraction et le réalisme de l’art américain d’après-guerre dans un style qu’il définit lui-même comme “totalement américain”. Sa figuration est essentielle et intense ; les images sont élémentaires, lumineuses et directes, exprimées par des plans de couleur nets et une perspective bidimensionnelle qui, bien que dépourvue de connotations sentimentales, communique une profonde résonance psychologique. Sa peinture, entre les années 1950 et 1960, s’est développée en réaction à l’expressionnisme abstrait, dont il rejetait la violence gestuelle et l’expressivité, essayant au contraire d’être le plus expressif possible, et au Pop Art, auquel Katz a répondu en se concentrant sur des scènes de la vie quotidienne, mais en les réinterprétant avec l’esthétique des illustrations commerciales.
Le véritable protagoniste de ces œuvres est le traitement de la lumière. Katz en fait une entité presque solide, une lame qui aplatit tout, éliminant les ombres intermédiaires et réduisant le paysage et les personnages à de pures silhouettes chromatiques. C’est une lumière qui fige le temps, à tel point que dans ses toiles les baigneurs ne sont presque jamais des individus pris dans un moment de loisir, mais des formes essentielles insérées dans une composition rigoureuse. Ils n’interagissent pas entre eux de manière conventionnelle ; leur proximité physique n’implique pas un lien émotionnel, mais répond à un besoin d’équilibre formel. Ce sentiment de détachement est accentué par l’échelle monumentale des toiles. En reproduisant des scènes intimes sur des panneaux d’affichage, Katz crée un court-circuit perceptif. L’immédiateté du sujet se heurte à la monumentalité de l’exécution, obligeant le spectateur à reconsidérer l’image non pas comme une fenêtre sur le monde, mais comme un objet pictural autonome.
Cela ne signifie pas pour autant qu’il n’y a pas de recherche plus profonde dans ses scènes de plage. “On peut aussi facilement observer que Katz, écrit Halley, dans ses peintures de plages, a documenté la migration massive de la classe moyenne vers les côtes qui a eu lieu depuis sa jeunesse dans les années 1950. Et l’artiste a un ”œil vif pour la sociologie côtière“. Mais ce n’est pas tout : ”D’une certaine manière, Katz lui-même ne m’a jamais semblé être l’un de ces migrants de l’eau. Sa sensibilité à la richesse sensorielle de la côte - sa lumière, sa température et ses vents - est trop grande et le désigne en quelque sorte comme un natif de cet environnement. Katz semble avoir ses plages, ses marais et l’océan au-delà au cœur de son être".
Nombre de ces compositions sont issues de photographies de la plage, tandis que d’autres sont dérivées d’études de personnages prises sur le vif. Les personnages qui peuplent ces plages sont souvent des membres de son cercle intime : sa femme et muse Ada, son fils Vincent, des amis et d’autres artistes. Cependant, même lorsqu’il dépeint ses proches, Katz conserve une froideur analytique indéniable. Ce sont des présences stylisées, et leur intériorité reste inaccessible. Ils font partie du paysage lui-même, deviennent des éléments structurels de la composition. En cela, sa peinture s’éloigne radicalement de l’introspection psychologique d’un Edward Hopper, auquel il a parfois été superficiellement comparé. Si Hopper a peint la solitude comme une condition existentielle, Katz peint le fait d’être seul comme un fait, un état de calme qui ne nécessite pas d’interprétation dramatique.
Les plages d’Alex Katz sont en fin de compte des exercices de vision sophistiqués. Elles représentent la déconstruction d’un archétype- la journée à la plage, avec tout ce que cela implique - pour le reconstruire selon un nouveau lexique visuel. L’artiste ne demande pas à l’observateur de sentir la chaleur du soleil ou le bruit des vagues, mais d’observer comment la lumière définit un bord, comment une couleur se juxtapose à une autre, comment une composition de figures peut générer un rythme visuel. C’est un monde de surfaces impeccables qui célèbrent leur propre et magnifique bidimensionnalité. Un été perpétuel, immobile, fixé à jamais dans la lumière cristalline et implacable de la peinture.
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