Animaux et lieux fantastiques dans les musées italiens: Emilia Romagna


Le voyage à travers l'Italie à la découverte d'animaux et de lieux fantastiques dans les musées de la péninsule se poursuit. Nous voici en Émilie-Romagne, huitième étape de l'itinéraire.

Le voyage à travers les musées italiens à la découverte d’animaux et de lieux fantastiques a atteint la huitième étape, l’Émilie-Romagne. Comme d’habitude, de nombreuses créatures fantastiques ont été découvertes dans les musées de la région, des Apennins à la mer. Animaux et lieux fantastiques dans les musées italiens est un projet réalisé par Finestre sull’Arte en collaboration avec le ministère de la Culture pour faire découvrir autrement nos musées, des lieux sûrs et accessibles à tous. Voici les animaux de l’Émilie-Romagne !

1. Le monstre à sept têtes de l’abbaye de Pomposa

Parmi les fresques qui ornent les murs de la nef de l’abbatiale de Pomposa figure la “bête à sept têtes” décrite dans l’Apocalypse de Jean (13, 1, 11): “Je vis monter de la mer une bête qui avait dix cornes et sept têtes, sur ses cornes dix diadèmes et sur chaque tête un titre blasphématoire. Je vis aussi une autre bête monter de la terre. Elle avait deux cornes, comme les cornes d’un agneau, et elle parlait comme un dragon”. L’artiste, un peintre de l’école bolonaise qui travaillait au milieu du XIVe siècle, la représente comme sortant de la mer, parmi les poissons. Nous la voyons représentée comme un animal au corps de léopard et à la tête de dragon, avec un diadème sur chacune des têtes, comme le décrit la description johannique: elle tend à être interprétée comme un symbole de Satan. Sa présence est particulièrement significative car il s’agit d’un exemple intéressant du langage figuratif et religieux de l’époque médiévale, qui se trouve ici dans le contexte d’un cycle de fresques avec des histoires du Nouveau Testament, dont l’Apocalypse de Jean fait partie.

École bolonaise, Bête à sept têtes (vers 1350 ; fresque ; Pomposa, église abbatiale de Santa Maria)
École bolonaise, Bête à sept têtes (vers 1350 ; fresque ; Pomposa, église abbatiale de Santa Maria)

2. Le dragon de saint Georges par Vitale degli Equi à la Pinacoteca Nazionale de Bologne

L’image de Saint-Georges terrassant le dragon par Vitale degli Equi (Bologne, vers 1310 - 1360), une œuvre conservée à la Pinacoteca Nazionale de Bologne, est l’une des plus célèbres de l’histoire de l’art médiéval. Nous ne connaissons pas l’origine de cette peinture, mais elle constitue l’une des attestations les plus intéressantes du langage très vivant, presque expressionniste, de Vitale degli Equi, également connu sous le nom de Vitale da Bologna (sur la cuisse du cheval se trouve un monogramme qui a été interprété comme sa signature). La légende veut que saint Georges ait sauvé la princesse de Selem des griffes d’un terrible dragon qui voulait la dévorer, alors qu’elle était offerte en sacrifice par le peuple de Selem pour apaiser la voracité de l’animal. On voit ici le saint engagé dans une lutte acharnée, à laquelle participe également le cheval, pris dans un hennissement sonore que l’on entend presque, contre la bête monstrueuse qui est sur le point d’être terrassée par la lance de saint Georges. La princesse, aux traits nobles, observe la scène plus en retrait, à l’abri. Pour le grand Roberto Longhi, le tableau de Vitale degli Equi est comme un “conte de fées entre arcane et sauvage, anticipant les folies hétéroclites de tant de maîtres nordiques, des Bohémiens du XIVe siècle à Matthias Grünewald”. Nous pouvons également considérer qu’il s’agit de l’une des œuvres les plus dramatiques et les plus intenses de l’histoire de l’art médiéval.

Vitale da Bologna, Saint Georges et le dragon (vers 1330-1335 ; tempera sur panneau, 86 x 70,5 cm ; Bologne, Pinacoteca Nazionale)
Vitale da Bologna, Saint Georges et le dragon (vers 1330-1335 ; tempera sur panneau, 86 x 70,5 cm ; Bologne, Pinacoteca Nazionale)

3. Le dragon du Retable de Sainte Marguerite de Parmigianino à la Pinacoteca Nazionale de Bologne

Le musée de Bologne abrite également l’un des plus beaux chefs-d’œuvre de Parmigianino (Parme, 1503 - Casalmaggiore, 1540), le Retable de Santa Margherita, appelé ainsi en raison de la présence de la sainte. La légende raconte que cette sainte, originaire de la ville d’Antioche, fut dénoncée comme chrétienne par le préfet Ollario, qui tenta de la séduire mais fut repoussé par elle, et décida donc de la punir. En prison, Marguerite reçut la visite du diable, qui prit la forme d’un terrible dragon: elle parvint cependant à le chasser par la seule force de la prière. Dans le tableau de Parmigianino, on voit le dragon peint comme un être hideux, semblable à un reptile et à un poisson, la bouche grande ouverte, sous le saint qui s’approche tendrement de l’Enfant Jésus pour recevoir de lui un baiser qui scelle leur union mystique. Il s’agit de l’un des trois retables que Parmigianino a peints lors de son séjour à Bologne, entre 1527 et 1530. Chef-d’œuvre de la manière italienne" (comme l’a défini l’universitaire Jadranka Bentini), le retable a été peint pour les bénédictines du couvent de Santa Margherita (d’où le sujet), mais a ensuite été donné par celles-ci au collectionneur Giovanni Maria Giusti en échange d’une maison qui leur permettrait d’agrandir le couvent. Giusti décida cependant de la destiner au maître-autel de l’église du couvent, où elle resta jusqu’aux réquisitions napoléoniennes: transférée à Dijon en 1796, elle revint à Bologne en 1818.

Parmigianino, Retable de Santa Margherita (1529 ; panneau, 293 x 216,5 cm ; Bologne, Pinacoteca Nazionale)
Parmigianino, Retable de Santa Margherita (1529 ; panneau, 293 x 216,5 cm ; Bologne, Pinacoteca Nazionale)

4. La licorne dans L’expulsion du paradis de Jan Soens à la Pilotta de Parme

Il n’est pas fréquent de voir des animaux fantastiques dans les représentations de l’épisode de l’Expulsion du Paradis: il s’agit du moment où Adam et Ève sont expulsés de l’Éden parce que la femme a été surprise en train de cueillir le fruit de l’arbre interdit. L’Expulsion du Paradis de Jan Soens (’s-Hertogenbosch, 1547/1548 - Parme, 1611), peintre hollandais actif entre la fin du XVIe siècle et le début du XVIIe siècle (de 1575 à 1606, il fut artiste de la cour de la famille Farnèse à Parme et à Plaisance), se distingue par la présence d’une licorne: cette présence s’explique par plusieurs raisons. En effet, la beauté de l’animal, associée à celle du jardin luxuriant qui sert de toile de fond à l’histoire, permet de souligner ce qu’Adam et Ève ont perdu. De plus, dans l’Antiquité, la licorne était un symbole de pureté. Et encore, c’était l’un des animaux héraldiques préférés de la famille Farnèse: la famille qui régnait sur Parme et Plaisance a donc voulu faire allusion à la splendeur de sa cour en posant la question. Nous ne savons pas où se trouvait le tableau, mais nous savons qu’il faisait partie d’un cycle entièrement consacré au livre de la Genèse.

Jan Soens, Expulsion du paradis (vers 1586 ; huile sur toile, 113 x 110 cm ; Parme, Complexe de la Pilotta, Galerie nationale)
Jan Soens, Expulsion du Paradis (vers 1586 ; huile sur toile, 113 x 110 cm ; Parme, Complesso della Pilotta, Galleria Nazionale)

5. La licorne dans les décors de la Casa Romei à Ferrare

Une autre licorne que l’on peut voir en Émilie-Romagne est celle qui apparaît dans les élégantes décorations de la Casa Romei à Ferrare, et en particulier dans les panneaux de bois du plafond de la Sala delle Sibille. Casa Romei est la maison construite au XVe siècle par le marchand et banquier ferrarais Giovanni Romei (1402-1483), qui était si étroitement lié à la famille d’Este et à la cour de Ferrare qu’il épousa en secondes noces Polissena d’Este, nièce du marquis Borso d’Este. La construction de l’aile de la Casa Romei où se trouve la salle des Sibylles est liée à ce mariage: la licorne, symbole de pureté, est dans ce cas une sorte d’hommage à Borso d’Este, qui avait entrepris une importante mise en valeur des zones marécageuses autour de Ferrare. On croyait en effet que la licorne, animal magique, purifiait les eaux des poisons qu’elles contenaient avec sa corne. Le treillis situé à l’arrière de la scène complète l’allégorie de l’assainissement des terres des Este: il rappelle le “paraduro”, une palissade qui servait à soutenir les berges des fleuves et à contenir les terres en vue du comblement des canaux à assainir.

École de Ferrare, Dame à la licorne (seconde moitié du XVe siècle ; peinture sur papier ; Ferrare, musée Casa Romei)
École de Ferrare, Dame à la licorne (seconde moitié du XVe siècle ; peinture sur papier ; Ferrare, musée Casa Romei)

6. Le lion à tête d’éléphant de la Casa Minerbi de Ferrare

C’est certainement l’un des animaux fantastiques les plus étranges que l’on puisse trouver dans les musées italiens: un lion rampant à tête d’éléphant. Il s’agit du symbole héraldique de la famille Del Sale: l’édifice dans lequel il se trouve, la Casa Minerbi, appartenait en effet à la famille Del Sale dans l’Antiquité. Il s’agit d’une résidence du XIVe siècle qui a subi plusieurs modifications au fil du temps: la salle des armoiries, où se trouve l’emblème de la famille Del Sale, date de la seconde moitié du XIVe siècle. La famille Del Sale avait choisi d’associer les deux animaux probablement en raison des caractéristiques que, selon la mentalité médiévale, ils symbolisaient: le lion était un symbole de force, l’éléphant de prudence. Il est intéressant de noter que la tête est celle de l’éléphant, ce qui prouve que c’est encore la prudence de l’éléphant qui anime la force du lion. La Casa Minerbi est actuellement fermée au public, mais elle sera bientôt accessible après d’importants travaux de restauration et un nouvel aménagement de l’exposition.

École ferraraise, armoiries de la famille Del Sale (seconde moitié du XIVe siècle ; fresque ; Ferrare, Casa Minerbi)
École ferraraise, armoiries de la famille Del Sale (seconde moitié du XIVe siècle ; fresque ; Ferrare, Casa Minerbi)

7. Les sphinx du château de Torrechiara

Le château de Torrechiara, une belle localité nichée dans la campagne aux confins des Apennins émiliens, près de Langhirano, est un véritable paradis pour les amateurs d’animaux fantastiques: dans les salles richement décorées du château, on en trouve de toutes sortes. Cependant, peu d’entre eux sont aussi présents que les sphinx: certains sont visibles dans le Salone degli Stemmi, l’une des salles les plus riches et les plus intéressantes de l’édifice. Celui-ci présente également une particularité: en plus d’une tête de femme, il possède également un sein féminin, ce qui témoigne de l’imagination du peintre qui l’a exécuté: la culture maniériste, dans le contexte de laquelle ces fresques ont été réalisées, aimait en effet l’extravagant et le bizarre. La salle des armoiries occupe tout le côté nord-est du rez-de-chaussée et était vraisemblablement l’espace d’apparat du château, où se déroulaient les réceptions officielles et même les banquets. Il est entièrement décoré de grotesques: on entend par là un motif ornemental sur un fond typiquement blanc et composé d’entrelacs bizarres de plantes, d’animaux et d’êtres fantastiques, très en vogue au XVIe siècle, et qui doit son nom au fait qu’il a été découvert dans la Domus Aurea, l’ancienne résidence de l’empereur romain Néron (ces motifs étaient en effet très répandus dans la décoration murale de la Rome antique). La Domus Aurea étant souterraine, les découvreurs de la fin du XVe siècle pensaient avoir pénétré dans une magnifique grotte décorée à l’antique, d’où le nom de ces motifs. On ne sait pas à qui ces fresques sont dues: le nom le plus probable est celui de Giovanni Antonio Paganino (actif entre 1572 et 1588), un peintre qui travaillait avec Cesare Baglioni, le “directeur” des décorations du château de Torrechiara.

Giovanni Antonio Paganino, Sphinx (1576-1584 ; fresque ; Langhirano, château de Torrechiara)
Giovanni Antonio Paganino, Sphinx (1576-1584 ; fresque ; Langhirano, château de Torrechiara)

8. Les diables dans la Descente du Christ aux limbes de Scarsellino à la Galleria Estense de Modène

Le tableau en question est l’œuvre de l’un des principaux artistes de Ferrare de la seconde moitié du XVIe siècle, Ippolito Scarsella dit lo Scarsellino (Ferrare, vers 1550 - 1620). Il a été peint en même temps qu’une autre toile représentant le péché originel. Les protagonistes de cette paire de tableaux sont à nouveau Adam et Ève: nous les voyons ici dans les limbes, où Jésus arrive pour aider les héros bibliques de l’Ancien Testament à monter au Paradis en les rachetant du péché alors qu’ils sont morts avant lui, selon un épisode décrit dans l’évangile apocryphe de Nicodème. Ève s’approche de Jésus les mains jointes, tandis qu’Adam le suit immédiatement. Autour d’eux et des âmes de ceux qui sont morts avant la naissance du Christ, il y a une foule de démons que l’imagination de Scarsellino a permis de représenter sous les formes les plus bizarres: certains ressemblent à des dragons, celui de droite est un être bizarre avec un nez très long, derrière lui on en voit un avec une tête et une queue de vieillard, puis celui du centre a une tête de cochon, des cornes et des griffes, tandis que derrière lui émerge un autre qui ressemble presque à un gros rongeur. Ce sujet est, à notre connaissance, unique dans la production de Scarsellino et constitue une acquisition relativement récente de la Galleria Estense de Modène, qui l’a acheté en 2000.

Ippolito Scarsella dit lo Scarsellino, Descente du Christ dans les limbes (1590-1595 ; huile sur toile, 65 x 79 cm ; Modène, Galleria Estense)
Ippolito Scarsella dit lo Scarsellino, Descente du Christ aux limbes (1590-1595 ; huile sur toile, 65 x 79 cm ; Modène, Galleria Estense)

9. Monstres marins dans la scène du déluge de Lelio Orsi à la Galleria Estense de Modène

Ce fragment de fresque constitue, avec huit autres pièces, ce qui reste de la décoration d’une loge de la Rocca di Novellara, l’ancienne résidence d’Alfonso Gonzaga, dont les décors ont été peints à fresque par un important peintre local, Lelio Orsi (Novellara, 1508 - 1587), également connu sous le nom de Lelio da Novellara, l’un des plus grands artistes émiliens du XVIe siècle. Les sujets du cycle de fresques sont tirés des Métamorphoses d’Ovide, et celle d’où provient cette lacération est certainement la plus sanglante puisqu’elle représente le déluge que le dieu Jupiter a lancé sur l’humanité pour la punir de ses méfaits. On voit ensuite des humains aux prises avec des monstres marins dans un enchevêtrement de corps dans les flots: parmi les animaux fantastiques ne manquent pas les hippocampes, créatures mi-cheval mi-poisson. À gauche, nous voyons plutôt un personnage caché dans un nuage d’où souffle un vent violent: il s’agit de Noto, le dieu du vent du sud. Une curiosité: le fond de ces scènes est peint en mosaïque factice, pour imiter les décorations de la Rome antique.

Lelio Orsi, Scène d'inondation (vers 1555-1556 ; fresque détachée, 37,5 x 55,5 cm ; Modène, Galleria Estense)
Lelio Orsi, Scène d’inondation (vers 1555-1556 ; fresque détachée, 37,5 x 55,5 cm ; Modène, Galleria Estense)

10. Le minotaure dans le cratère à colonnes du Museo del Delta Antico de Comacchio

Selon la légende, le minotaure était un monstre hideux, mi-homme, mi-taureau, né de l’union bestiale entre la reine de Crète Pasiphaé, épouse du roi Minos, et un taureau blanc que le dieu Poséidon avait envoyé à Minos pour qu’il le sacrifie: Le roi n’ayant pas obéi au dieu de la mer, estimant l’animal trop beau, Poséidon, pour le punir, fit tomber Pasiphaé amoureuse du taureau. Le minotaure avait une faim implacable, exigeant le sacrifice de sept garçons et sept filles pour le nourrir chaque année: le héros Thésée s’offrit à la place d’un des jeunes et réussit à tuer la bête. Sur ce krater à colonnes (vase destiné à contenir du vin) du Museo del Delta Antico de Comacchio, on voit le héros lui-même vouloir vaincre l’animal monstrueux. C’est un vase qui nous raconte l’histoire ancienne de cette partie de la région de l’Adriatique: ici se trouvait l’ancienne ville de Spina, l’un des principaux ports de l’Italie du Nord, où les marchandises arrivaient continuellement de Grèce, y compris des vases figuratifs spécialement fabriqués à Athènes et en Attique pour le marché étranger, comme celui-ci, trouvé dans la nécropole de Valle Trebba et datant du cinquième siècle avant Jésus-Christ.

Potière attique, cratère à figures rouges avec Thésée tuant le Minotaure (500-450 av. J.-C. ; poterie ; Comacchio, Museo del Delta Antico)
Potière attique, Cratère à figures rouges avec Thésée tuant le Minotaure (500-450 av. J.-C. ; poterie ; Comacchio, Museo del Delta Antico)

Animaux et lieux fantastiques dans les musées italiens: Emilia Romagna
Animaux et lieux fantastiques dans les musées italiens: Emilia Romagna


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