Lugano, le MASI accueille les poèmes industriels de Marcel Broodthaers


Du 1er mai au 13 novembre 2022, le Museo d'arte della Svizzera italiana (MASI) de Lugano accueille l'exposition Marcel Broodthaers - Poesie industriali. Au centre, les signes énigmatiques de l'un des plus grands représentants de l'art conceptuel.

Les principaux motifs de la célèbre série de plaques créées par Marcel Bro odthaers (Saint-Gilles, 1924 - Cologne, 1976) entre 1968 et 1972 sont au centre de Marcel Broodthaers - Poèmes industriels, l’exposition organisée par Francesca Benini que le MASI - Museo d’Arte della Svizzera Italiana de Lugano consacre à l’une des personnalités artistiques les plus complexes et les plus diversifiées du XXe siècle. Considéré comme l’un des plus grands représentants de l’art conceptuel, avec l’œil d’un artiste, l’esprit d’un poète et le regard d’un sociologue, Broodthaers a exploré de manière critique non seulement la relation entre l’art, le langage et la communication, mais aussi les mécanismes, y compris économiques, qui gravitent autour des musées et de l’art. Entre 1968 et 1972, inspiré par les matériaux, l’esthétique et les méthodes de production des panneaux de signalisation, il a créé une série de panneaux en plastique avec des combinaisons énigmatiques de mots, de lettres, de signes et de formes, appelés Poèmes industriels. Malgré leur apparente ressemblance avec les panneaux de signalisation, les plaques ne communiquent pas un message clair, mais jouent à désorienter le spectateur. Avec la production des Poèmes industriels et la manière dont ils sont conçus et présentés, Broodthaers parvient également à souligner l’ambivalence entre l’objet industriel reproductible et l’œuvre d’art originale et unique.

L’exposition, développée par le musée WIELS à Bruxelles et en étroite collaboration avec les héritiers de Marcel Broodthaers, comprend 72 plaques, avec des versions différentes et des variantes moins connues. L’exposition présente également des prototypes uniques, ainsi qu’un grand nombre de dessins ou d’esquisses préparatoires pour les plaques, trois films, une œuvre audio Interview with the Cat, le tout en relation avec une sélection de Lettres ouvertes de l’artiste.

L’exposition s’articule selon un parcours fluide, abordant les différents thèmes, moments et obsessions de l’univers artistique de Marcel Broodthaers: des premiers Poèmes industriels à la conception de son Musée d’Art Moderne personnel, Département des Aigles, du cinéma aux références à Magritte et Mallarmé, aux expérimentations à la frontière entre l’écrit et les arts visuels. Les premières planches réalisées par Broodthaers sont nées au printemps 68 et reflètent pleinement le climat sociopolitique de l’époque, marqué par les mouvements contestataires. En ce sens, Académie I et Académie II, premier sujet de la série de 36 plaques, porte un titre volontairement incongru et provocateur par rapport à une période caractérisée par l’anti-académisme. Créer des rébus, des contradictions et des oxymores, jouer avec le langage et la perception est une constante dans l’œuvre de Broodthaers.

Les deux planches Multiple (Multiplié) illimité et Multiple (Multiplié) inimitable nous ramènent au thème de la reproductibilité de l’art à travers le multiple, créant un vertige conceptuel dès le titre. Révéler le fonctionnement et la dynamique du musée sans presque jamais exposer d’œuvres d’art semble également être un jeu contradictoire, que Broodthaers met en œuvre dans l’un de ses projets les plus connus, le Musée d’Art Moderne, Département des Aigles, créé en septembre 68. Il s’agit d’un musée fictif, situé au domicile de Broodthaers à Bruxelles, dont il s’autoproclame directeur et conservateur. Plusieurs œuvres de l’exposition sont liées à ce projet, notamment Museum, enfants non admis, dans laquelle l’avertissement rouge “enfants non admis” s’inspire du langage des panneaux routiers ou des règles et instructions adressées aux usagers des institutions publiques. La plaque Musée d’Art Moderne, Les Aigles, Section XIXe siècle (Les Portes), seul sujet réalisé dans ce grand format, a les proportions d’une vraie porte et présente plutôt le musée comme une promesse de refuge contre une pluie battante fictive.Chez votre fournisseur (Le Vinaigre des Aigles) fait référence à un poème de l’artiste et à la figure de l’aigle, sujet récurrent dans son travail visuel.

De nombreuses plaques et lettres ouvertes sont liées à René Magritte, que Broodthaers considérait comme un modèle. L’antithèse entre l’objet réel et sa “traduction” en mots ou en images, au centre des recherches de Magritte, est également reprise par Broodthaers dans le film La Pipe (Gestalt, Abbildung, Figur, Bild), dans lequel des objets apparaissent et disparaissent derrière un nuage de fumée, soulignant à quel point la représentation d’un objet par l’image est ambiguë et “fumeuse”. La pipe revient également comme sujet de l’œuvre sonore Intervista al gatto de 1970, dans laquelle l’artiste interroge le félin sur l’art contemporain (que le public peut écouter dans l’exposition à l’aide d’écouteurs installés sur place ou avec son téléphone portable grâce à un code QR).

L’introduction de la poésie, du langage et de l’écriture dans les arts visuels est un autre thème central de l’œuvre de Broodthaers. Dans ce domaine, le poète Stephané Mallarmé est une référence constante pour lui, car il ouvre la poésie à la musicalité, à l’espace et au rythme et lui donne des “qualités visuelles”. Plusieurs ouvrages liés à ces recherches se concentrent sur les signes de ponctuation, comme L’Alphabet et Modèle: la virgule, dans lesquels la virgule est le protagoniste en tant qu’expression d’une pause, le pendant du silence. Les mots rassemblés dans la plaque Société font également référence à la poésie associative et symboliste: bien qu’évocateurs et suggestifs, ils ne forment pas un sens clair, mais semblent être associés sur la base de leur sonorité et de l’effet typographique. En revanche, les flèches en sens inverse de Museum - Musée, Section Cinéma, en référence à la section éponyme de son musée, ouvert en janvier 1971 à Düsseldorf, visent à produire une certaine désorientation. Le projet de musée, et avec lui la production des Poèmes industriels, s’achèvera en 1972, avec la reconnaissance officielle lors de la documenta 5 à Kassel.

Depuis lors, les Poèmes industriels continuent de témoigner de la contribution de Broodthaers à l’esthétique contemporaine: ses manipulations ludiques et poétiques du langage avec différents niveaux de perception et de lecture vont toujours à l’encontre des signes universels, standardisés et banalement univoques de notre époque, marquée par la technologie et l’informatique.

L’exposition est organisée en collaboration avec le WIELS, Bruxelles. Commissaire Dirk Snauwaert et Charlotte Friling, présentation au MASI Lugano par Francesca Benini en collaboration avec Maria Gilissen Broodthaers, Marie-Puck Broodthaers et Succession Marcel Broodthaers.

Un catalogue Marcel Broodthaers. Open Letters and Conversations, édité par Francesca Benini. Ce volume contient des traductions en italien de lettres ouvertes et de conversations avec Marcel Broodthaers, coéditées par Casagrande et MASI Lugano. Enfin, le dimanche 1er mai, à 11 heures, une conversation en français aura lieu dans la salle d’exposition du LAC avec Maria Gilissen Broodthaers et Charlotte Friling, conservatrice de l’exposition au musée WIELS, à Bruxelles.

Lugano, le MASI accueille les poèmes industriels de Marcel Broodthaers
Lugano, le MASI accueille les poèmes industriels de Marcel Broodthaers


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