La figure de la Méduse dans l'art : 10 œuvres dans 10 musées italiens


En explorant les nuances du visage de la Méduse qui a inspiré Gianni Versace, voici les 10 lieux italiens où vous pourrez l'admirer, comme les Musées du Vatican et la Galerie des Offices à Florence.

La figure mythologique de la Gorgone a des racines très anciennes. Son terme dérive du grec ancien gorgós, qui signifie terrible ou même horrible. Selon Hésiode, dans sa Théogonie, les trois Gorgones sont les filles de Forcus et de Ceto. Représentées sous une apparence terrifiante, elles ont des ailes d’or, des défenses de sanglier, des serpents en guise de cheveux et un regard pétrifiant. Elles incarnent la dépravation sous ses trois formes multiples : Méduse, seule mortelle, symbolise la perversion intellectuelle, Steno la perversion morale et Euryale la perversion sexuelle. Les auteurs anciens situent le séjour des trois créatures à l’extrême ouest, près du royaume des morts.

Gianni Versace, célèbre créateur de mode italien d’origine calabraise, s’est inspiré de la figure de la Gorgone reproduite sur des mosaïques gréco-romaines trouvées en Calabre pour créer l’une des marques les plus reconnaissables et les plus emblématiques du monde de la mode. Versace a utilisé l’image de la créature comme symbole de sa marque avec le visage stylisé de Méduse. Son choix n’est pas dû au hasard : l’image de la Gorgone symbolise le pouvoir, la beauté et le mystère ; des éléments que Versace a su incarner dans son esthétique et sa vision de la mode. Le logo de Versace avec le visage de la Méduse est devenu une icône dans le monde de la mode et un symbole de luxe. La décision d’associer la marque à une figure mythologique aussi puissante a contribué à définir l’identité unique de Versace et à la différencier de ses concurrents. L’utilisation de la Gorgone comme symbole de beauté et de force a rendu la marque Versace immédiatement reconnaissable et a contribué à son succès durable dans l’industrie de la mode. Aujourd’hui encore, la figure de la Gorgone continue d’exercer une fascination indélébile sur l’imaginaire collectif, à la fois comme symbole de peur et de pouvoir et comme symbole de beauté et de mystère. En partant de Gianni Versace et de ses recherches, voici donc 10 visages de la Méduse et où la rencontrer dans les différents musées d’Italie.

1. Grand Gorgoneion - Parc archéologique de Naxos Taormina

Le Grand Gorgoneion, actuellement conservé dans le parc archéologique de Naxos Taormina, a été découvert en plusieurs étapes lors des fouilles menées de 1977 à 1987 et en 1991, dans le sanctuaire situé à l’ouest du ruisseau de Santa Venera. Les fragments ont été retrouvés dispersés sur une vaste zone, enterrés par endroits assez loin les uns des autres. Le diamètre reconstituable de la dalle est d’environ 1,12 mètre. Les dimensions, l’absence de traces de briques au dos et la présence d’un trou pour le clou de fixation suggèrent qu’il pourrait s’agir d’un relief : un antepagmentum (plaque frontale) placé dans l’espace triangulaire du tympan du temple, semblable au grand Gorgoneion du temple C de Sélinonte. Particulièrement singulier et sans comparaison est l’enchevêtrement de serpentins, probablement complétés par des têtes en bronze, comme le suggèrent les trous percés dans la partie supérieure des serpentins. Les boucles rondes ressemblent beaucoup à celles de la Gorgone sur la dalle syracusaine de l’Athénaïon. La barbe flottante présente plusieurs points communs avec celle de la Gorgone peinte sur l’une des métopes du Thermon. D’une manière générale, cette figure semble comparable à certaines représentations du monstre peintes sur des vases de l’Antiquité et de la moyenne Corinthie vers 580 av.

Le Grand Gorgoneion du Parc archéologique de Naxos Taormina, avec reconstruction
La Grande Gorgone du Parc archéologique de Naxos Taormina, avec reconstitution
.

2. Gorgone - Musée archéologique Paolo Orsi, Syracuse

Cette terre cuite, qui faisait autrefois partie de l’Athenaion, le temple d’Athéna, de Syracuse en Sicile, et qui est aujourd’hui conservée au musée archéologique Paolo Orsi de Syracuse, représente la Gorgone selon le schéma iconographique corinthien courant dans les représentations archaïques du mythe. Le visage présente une grande bouche en forme de croissant avec des crocs sur les côtés, une langue qui pend sur le menton, de grands yeux et des cheveux bouclés sur le front, longs comme des épaules. Le visage est toujours représenté de face, tandis que le corps, trapu et doté de deux ailes, adopte la posture d’un genou qui court. Il tient sous son bras Pégase ou Chrysaor, chevaux ailés nés de son corps. Selon la vision de Graves, Méduse symboliserait la société matriarcale, supplantée par sa décapitation, par la société patriarcale incarnée par Persée. Le masque de Méduse avait pour fonction d’éloigner les hommes des cérémonies sacrées et des mystères réservés aux femmes, célébrant la triple déesse Lune. Les orphelins appelaient d’ailleurs la pleine lune “tête de Gorgone” et les jeunes filles vierges portaient le masque pour repousser le désir des hommes. Cette dualité révélerait la crainte et la fascination du sexe masculin envers les femmes, accentuées par la divinité ancestrale de la déesse mère, dont les rites étaient dissimulés derrière le visage de Méduse.

Gorgone (vers 570 av. J.-C. ; terre cuite ; Syracuse, musée archéologique Paolo Orsi)
Gorgone (vers 570 av. J.-C. ; terre cuite ; Syracuse, musée archéologique Paolo Orsi)

3. Persée décapite Méduse - Musée archéologique Antonio Salinas Palerme

Sélinonte, la plus extrême des colonies grecques de Sicile, a peut-être été fondée en 651 avant J.-C., l’an 125 de la première Olympiade (selon la date de Diodore de Sicile), par des colons mégariens provenant de Megara Hyblaea, en Sicile, et de la mère patrie Megara Nysea, en Grèce, sous la direction de l’éciste Pammilo. Dans son parc archéologique se trouvait le temple C, qui faisait partie d’une série de temples érigés à Sélinonte à la fin du VIe siècle av. Ses métopes, tuiles carrées placées sur les côtés du temple, étaient ornées de sculptures. Une métope représente la scène où Persée décapite la Gorgone avec Athéna à ses côtés, tandis que Pégase, le cheval ailé, naît de Méduse. Dans la seconde métope, Héraclès enlève les Kerkopes, des démons mineurs qui infestaient les environs d’Éphèse, en les attachant et en les suspendant à un poteau. Les sculptures ont été découvertes lors de fouilles en 1822. Aujourd’hui, les imposants vestiges du temple sont encore visibles à Sélinonte, tandis que la métope de Méduse est conservée au musée archéologique Antonio Salinas de Palerme.

Persée décapitant Méduse (520-510 av. J.-C. ; relief en calcaire ; Palerme, Museo Archeologico Antonio Salinas)
Persée décapite Méduse (520-510 av. J.-C. ; relief en calcaire ; Palerme, Musée archéologique Antonio Salinas)

4. Antéfixe à face de Gorgone - MArTA

L’antéfixe à face de gorgone, actuellement conservé au musée archéologique national MArTA de Tarente, est un exemple remarquable de l’art iconographique du IVe siècle avant J.-C. Cette pièce unique est réalisée en polychromie. Cette pièce unique, réalisée en terre cuite polychrome, se distingue par sa forme semi-elliptique représentant le visage de la Gorgone. Des mèches en forme d’anguilles ornent la figure, disposées en soleil autour du visage, tandis que deux serpents s’incurvent vers le cou. Contrairement aux exemples archaïques, l’expression du visage de la Gorgone dans cet antéfixe n’inspire pas la peur, mais semble plutôt sereine et posée. Les dimensions de cette pièce sont de 21,3 cm de hauteur et de 26 cm de largeur. Les antéfixes étaient des éléments architecturaux utilisés dans la Grèce antique et dans d’autres civilisations méditerranéennes. Placés à l’extrémité des toits des temples et des bâtiments, ils avaient pour fonction de décorer et de protéger, en représentant souvent des figures mythologiques ou des symboles religieux. Dans le cas spécifique de l’antéfixe, la représentation de la Gorgone souligne l’utilisation d’éléments mythologiques dans l’art architectural de l’époque.

Antéfixe avec visage de Gorgone (IVe siècle av. J.-C. ; terre cuite polychrome, 21,3 x 26 cm ; Tarente, Musée archéologique national)
Antéfixe à visage de Gorgone (IVe siècle av. J.-C. ; terre cuite polychrome, 21,3 x 26 cm ; Tarente, Musée archéologique national)

5. Mosaïque de la Méduse - MANN

La section mosaïque du Musée archéologique national de Naples (MANN) présente des exemples uniques provenant de maisons privées de Pompéi, d’Herculanum et d’autres sites de Campanie. La collection du musée témoigne du goût et de la maîtrise de cet art, offrant un aperçu des techniques et des sujets les plus populaires du IIe siècle avant Jésus-Christ au Ier siècle après Jésus-Christ. Parmi ces œuvres, la mosaïque de Méduse qui ornait la maison du cithariste à Pompéi occupe une place de choix. Cette grande mosaïque, d’une surface d’environ deux mètres sur deux, constituait la décoration du sol en opus tessellatum de la domus pompéienne. La maison a atteint la taille que nous lui connaissons aujourd’hui au Ier siècle avant J.-C. et doit son nom à la découverte d’une statue en bronze d’Apollon jouant de la cithare. Appartenant aux membres de la puissante famille Popidii, comme le suggèrent les graffitis et les inscriptions électorales trouvés dans la maison, elle offre un aperçu précieux de la vie et de la culture de l’ancienne Pompéi.

La mosaïque de Méduse au MANN
La mosaïque de la Méduse au MANN

6. Mosaïque avec la tête de Méduse - Musée national romain, Rome

Sur les quatre étages du Palazzo Massimo à Rome, on peut admirer quelques-uns des plus grands chefs-d’œuvre de toute la production artistique du monde romain : sculptures, reliefs, fresques, mosaïques, stucs et sarcophages. Ces œuvres, ainsi que l’ensemble des collections du Musée national romain, proviennent des fouilles menées à Rome et dans ses environs depuis 1870. L’une des pièces les plus extraordinaires conservées dans ce musée est la mosaïque avec la tête de Méduse. Représentée par un grand clypéus aux écailles bipartites noires et blanches, Méduse, l’une des trois Gorgones, est le monstre à la chevelure de serpent qui pétrifiait tous ceux qui la regardaient. Persée parvint à la décapiter grâce à l’aide d’Athéna, à qui il fit don de sa tête coupée, visible au centre de l’égide dans les représentations de la déesse. La mosaïque est rehaussée par un cadre orné d’un motif de corbeau en perspective et de quatre remplissages d’angle décorés d’éléments végétaux et d’oiseaux cherchant à picorer des cerises. Cette œuvre, datée de la fin du Ier siècle ou du milieu du IIe siècle après J.-C., offre un exemple extraordinaire de l’art de l’époque romaine.

La mosaïque de Méduse au MANN
La mosaïque de la Méduse au MANN

7. Persée avec la tête de Méduse (Cellini) - Loggia dei Lanzi, Florence

En 1545, Benvenuto Cellini fut chargé de réaliser Persée à la tête de Méduse, un groupe sculptural monumental en bronze de plus de 5 mètres de haut. Cette œuvre représente le héros mythologique Persée, célèbre pour avoir vaincu Méduse. La figure du héros s’élève au-dessus du torse mutilé de Méduse, dont le corps semble abandonné à ses pieds. De la main droite, il tient l’épée qui vient d’être utilisée pour décapiter la Gorgone, tandis que de la gauche, il soulève la tête coupée, en la tenant par les serpents qui composaient la chevelure de la créature. Achevée en 1554 après neuf ans de travail acharné, la statue se trouve encore aujourd’hui dans la Loggia dei Lanzi, sur la Piazza della Signoria à Florence. La sculpture de Cellini se distingue également par sa maîtrise technique : la figure de Persée a été coulée en une seule fois, rompant ainsi avec la pratique du XVe siècle qui consistait à couler des pièces séparées puis à les souder ensemble. Le corps décapité de Méduse, la tête coupée de la Gorgone et l’épée brandie par le héros ont été moulés séparément, puis assemblés à la figure principale de Persée. Cette approche met en évidence la virtuosité technique de Cellini et souligne son extraordinaire contribution à la sculpture de la Renaissance.

Benvenuto Cellini, Persée avec la tête de Méduse (1545-1554 ; groupe sculptural en bronze, socle en marbre grec avec statues en bronze, hauteur 519 cm ; Florence, Piazza della Signoria, Loggia dei Lanzi)
Benvenuto Cellini, Persée avec la tête de Méduse (1545-1554 ; groupe sculptural en bronze, socle en marbre grec avec statues en bronze, hauteur 519 cm ; Florence, Piazza della Signoria, Loggia dei Lanzi)

8. Bouclier de la Méduse (Caravage) - Galerie des Offices

Le tableau connu sous le nom de Bouclier avec la tête de Méduse, peint en 1598, est une huile sur toile conservée dans la prestigieuse Galerie des Offices à Florence. Le Caravage (Milan, 1571 - Porto Ercole, 1610) s’est distingué dans cette œuvre non pas tant pour sa représentation de Persée tuant Méduse, mais plutôt pour sa représentation de la tête de Méduse fraîchement coupée, saignant et ayant les yeux grands ouverts. Les spécialistes pensent que le Caravage a abordé le thème de la Méduse en réponse à une demande culturelle spécifique de l’époque. La figure mythologique de la Méduse était très appréciée dans le cercle de la famille florentine des Médicis et, parmi les humanistes, la tête de la Gorgone était un symbole de prudence et de sagesse. Ce symbolisme est très répandu dans les traités d’art de l’époque. Ludovico Dolce, dans son Dialogo dei colori de 1565, souligne que la figure de Méduse représente la Prudence, acquise par la Sagesse. Offrir une œuvre représentant la Méduse était donc considéré comme de bon augure, car elle symbolisait l’acquisition de la Prudence par la Sagesse.

Caravage, Méduse (1597-1598 ; huile sur toile appliquée sur un bouclier en peuplier, 60 x 55 cm ; Florence, galeries des Offices)
Caravage, Méduse (1597-1598 ; huile sur toile appliquée sur un bouclier en peuplier, 60 x 55 cm ; Florence, galeries des Offices)

9. Méduse (Bernini) - Musées du Capitole

La sculpture de la Méduse de Gian Lorenzo Bernini (Naples, 1598 - Rome, 1680) est une interprétation humanisée et très expressive de la figure mythologique légendaire. L’œuvre est conservée aux musées du Capitole à Rome et a été réalisée entre 1644 et 1648. Selon le récit d’Ovide, la Méduse avait le pouvoir de pétrifier quiconque croisait son regard. Le Bernin a donc sculpté un portrait de la Gorgone, non pas sous la forme d’une tête tronquée, mais d’un buste, afin de capturer le moment éphémère de sa métamorphose. La scène représente la créature s’observant dans un miroir imaginaire, prise au moment où, avec une douleur et une angoisse évidentes, elle prend conscience de sa transformation en marbre. Selon l’interprétation de Patrick Haughey dans " Medusa" du Bernin et l’histoire de l’art, la sculpture exprime la douleur causée par les morsures du serpent et la métamorphose en monstre qui s’ensuit. En revanche, Irving Lavin suggère que le visage de Méduse reflète une souffrance morale liée à la contemplation de sa condition. Lavin va plus loin en proposant de considérer la sculpture comme un autoportrait métaphorique du sculpteur Bernini, offrant ainsi une perspective unique sur la dimension personnelle et réflexive de l’artiste dans l’œuvre.

Gian Lorenzo Bernini, Méduse (1644-1648 ; marbre, hauteur 68 cm ; Rome, musées du Capitole)
Gian Lorenzo Bernini, Méduse (1644-1648 ; marbre, hauteur 68 cm ; Rome, musées du Capitole)

10. Persée triomphant (Canova) - Musées du Vatican

La sculpture de Persée tri omphant des Musées du Vatican à Rome, réalisée par Antonio Canova (Possagno, 1757 - Venise 1822) entre 1797 et 1801, représente le héros triomphant après avoir tranché la tête de Méduse, l’une des Gorgones. Persée est caractérisé par une coiffe ailée, les sandales de Mercure et la faucille qui lui a été remise pour décapiter Méduse. L’œuvre était initialement destinée au tribun Onorato Duveyriez et fut ensuite offerte à la République cisalpine pour le Forum Bonaparte de Milan. Acquise par Pie VII, elle fut placée sur le piédestal de l’Apollon du Belvédère après le traité de Tolentino. La statue de Persée triomphant s’inspire, par son analyse, ses proportions et sa puissance expressive, de la célèbre statue de l’Apollondu Belvédère, que l’on peut dater du milieu du IIe siècle de notre ère. Canova, à partir de cette source d’inspiration, a créé une sculpture d’un style nouveau mais proche de l’Apollon, rappelant la posture de la statue dans le processus de création. En 1804-1806, à la demande de la comtesse polonaise Waleria Strynowska Tarnowska, Canova réalise une deuxième version de la sculpture, aujourd’hui conservée au Metropolitan Museum de New York. Le moulage en plâtre de cette œuvre se trouve aujourd’hui à la Galerie Canova des moulages en plâtre de Possagno, dans la province de Trévise.

Antonio Canova, Persée triomphant (1797-1801 ; marbre, hauteur 235 cm ; Cité du Vatican, Musées du Vatican)
Antonio Canova, Persée triomphant (1797-1801 ; marbre, hauteur 235 cm ; Cité du Vatican, Musées du Vatican)

La figure de la Méduse dans l'art : 10 œuvres dans 10 musées italiens
La figure de la Méduse dans l'art : 10 œuvres dans 10 musées italiens


Avertissement : la traduction en anglais de l'article italien original a été réalisée à l'aide d'outils automatiques. Nous nous engageons à réviser tous les articles, mais nous ne garantissons pas l'absence totale d'inexactitudes dans la traduction dues au programme. Vous pouvez trouver l'original en cliquant sur le bouton ITA. Si vous trouvez une erreur,veuillez nous contacter.



Finestre sull'Arte