A Turin, l'exposition sur Guido Reni dans les collections savoyardes


Du 11 octobre 2025 au 18 janvier 2026, la Galleria Sabauda consacre une exposition à Guido Reni à l'occasion du 450e anniversaire de sa naissance. Parmi plus de vingt œuvres exposées, le retable de l'Assomption de la Vierge de l'Abbadia Alpina se distingue, présenté pour la première fois après restauration.

Du 11 octobre 2025 au 18 janvier 2026, le Spazio Scoperte de la Galleria Sabauda, au deuxième étage des Musei Reali de Turin, accueillera l’exposition Il ’divino’ Guido Reni nelle collezioni sabaude e sugli altari del Piemonte. L’exposition, organisée par Annamaria Bava et Sofia Villano, rend hommage au grand peintre bolonais Guido Reni (Bologne, 1575 - 1642) à l’occasion du 450e anniversaire de sa naissance, à travers un parcours qui rassemble plus de vingt œuvres, parmi lesquelles des peintures, des dessins et des gravures, provenant des collections turinoises et d’importants prêts.

Aux œuvres conservées en permanence aux Musei Reali s’ajoutent des prêts du territoire piémontais et du musée des Augustins de Toulouse. La collection d’œuvres témoigne de la fortune que l’art de Guido Reni, déjà défini par ses contemporains comme “le divin”, a connue à la cour de Savoie dès le XVIIe siècle. Le goût pour le classicisme, l’harmonie des formes et la luminosité idéale qui caractérisent le style du peintre correspondent en effet parfaitement aux aspirations esthétiques et symboliques de la cour de Turin, attachée à construire sa propre image de puissance raffinée et religieuse.

La peinture de Reni, marquée par la sérénité et la clarté, reflète une vision de la beauté qui unit l’héritage de la Renaissance à l’équilibre spirituel du Baroque. Dans les palais et les églises de Savoie, son art est devenu un modèle d’élégance et de mesure, symbole d’un idéal de décorum et de magnificence qui a traversé trois siècles de collection.

Guido Reni, Saint Jean-Baptiste (vers 1635 ; huile sur toile ; Turin, Musei Reali - Galleria Sabauda)
Guido Reni, Saint Jean-Baptiste (vers 1635 ; huile sur toile ; Turin, Musées royaux - Galerie de Savoie)
Guido Reni, Saint Jérôme (vers 1640 ; huile sur toile ; Turin, Musei Reali - Galleria Sabauda)
Guido Reni, Saint Jérôme (vers 1640 ; huile sur toile ; Turin, Musei Reali - Galleria Sabauda)

Le parcours des collections ducales

L’exposition s’ouvre sur des tableaux entrés dans les collections ducales dès le XVIIe siècle, dont les deux versions de Marsyas écorché par Apollon. La première, destinée à la “Chambre des Muses” du Palais ducal, a été réquisitionnée par les troupes napoléoniennes en 1799 et se trouve aujourd’hui au Musée des Augustins de Toulouse ; la seconde, une réplique du XVIIe siècle, se trouve à la Galleria Sabauda.

Dans les deux cas, Guido Reni traduit avec force et rigueur un épisode célèbre des Métamorphoses d’Ovide, celui du châtiment infligé par Apollon au satyre Marsyas, coupable de l’avoir défié lors d’un concours musical. La composition, dominée par la figure idéale du dieu, oppose la perfection apollinienne à la souffrance du corps de Marsyas, symbole de la tracotence punie. L’œuvre incarne une allégorie morale chère à la culture baroque : la victoire de la raison et de l’harmonie sur la brutalité et l’excès.

L’invention picturale de Reni est ici liée au contexte cultivé de l’Accademia dei Desiosi romaine, fondée par le cardinal Maurizio di Savoia, à qui l’œuvre originale a été donnée par le cardinal Alessandro d’Este. Maurizio di Savoia, collectionneur raffiné et mécène, séjourna longtemps à Rome, où il devint l’un des mécènes les plus actifs des artistes bolonais, dont Guido Reni, à qui il confia des sujets religieux et allégoriques très engagés.

La toile représentant saint Maurice recevant la palme du martyre, provenant du sanctuaire de Santa Maria dei Laghi à Avigliana, date également de la commande du cardinal Maurice. Le tableau, réalisé entre 1615 et 1618, représente le saint en uniforme de légionnaire romain, au centre d’une scène lumineuse qui alterne le calme mystique de la figure principale et le drame de la bataille à l’arrière-plan. Saint Maurice, le visage illuminé par une aura, dépose son épée à ses pieds tandis qu’un angelot lui tend la palme, symbole du martyre et de la rédemption. L’œuvre marque un moment de transition dans le style du maître, qui abandonne progressivement la rigueur formelle de sa jeunesse pour une peinture plus douce, dominée par les tons moelleux et la lumière.

D’autre part, une petite huile sur cuivre représentant l’Allégorie de la renommée, d’un extraordinaire raffinement chromatique, a appartenu aux biens personnels de Christine de France, duchesse de Savoie et veuve de Victor Amadeus Ier. Probablement offert par le marquis Filippo San Martino d’Agliè en 1638, le tableau était considéré comme un autographe de Reni dans les premiers inventaires de la Reale Galleria, mais il est aujourd’hui attribué à Giovanni Giacomo Sementi, un proche collaborateur du maître.

L’exposition rassemble également des œuvres ayant appartenu au prince Eugène de Savoie Soissons, grand condottiere et collectionneur. Dans ses résidences viennoises, il conservait d’importants exemples de la peinture bolonaise de style classique, qui ont été intégrés aux collections royales de Turin après sa mort. Parmi ces œuvres figurent Saint Jean-Baptiste, chef-d’œuvre de la maturité tardive de Reni, Saint Jérôme et la Mort de Lucrèce, sujets qui témoignent de l’équilibre et de la pureté de son langage pictural. Une autre toile, Lotta tra amorini e putti baccanti (Lutte entre Cupidons et Bacchantes), provenant de la branche savoyarde de Carignano et transférée au Palais royal en 1831 sur ordre de Carlo Alberto, est considérée comme une seconde version, probablement autographiée, du tableau que Reni a réalisé pour le marquis Ludovico Facchinetti, aujourd’hui conservé à la galerie Doria Pamphilj à Rome.

Guido Reni, Mort de Lucrèce (vers 1638-1642 ; huile sur toile ; Turin, Musei Reali - Galleria Sabauda)
Guido Reni, Mort de Lucrèce (vers 1638-1642 ; huile sur toile ; Turin, Musei Reali - Galleria Sabauda)
Guido Reni, Combat entre Amorini et Baccarini (vers 1613-1615 ; huile sur toile ; Turin, Musei Reali - Galleria Sabauda)
Guido Reni, Combat entre Amorini et Baccarini (vers 1613-1615 ; huile sur toile ; Turin, Musei Reali - Galerie Sabauda)
Guido Reni, Apollon écorchant Marsyas (vers 1620-1625 ; huile sur toile ; Toulouse, Musées des Augustins)
Guido Reni, Apollon écorchant Marsyas (1620-1625 environ ; huile sur toile ; Toulouse, Musées des Augustins)
Giovanni Giacomo Sementi, Allégorie de la renommée (vers 1638 ; huile sur cuivre ; Turin, Musei Reali - Galleria Sabauda)
Giovanni Giacomo Sementi, Allégorie de la renommée (vers 1638 ; huile sur cuivre ; Turin, Musei Reali - Galleria Sabauda)

Dessins et gravures : le signe d’un maître

Une section de l’exposition est consacrée à l’activité graphique et de gravure de Guido Reni. Parmi les œuvres exposées figurent une Vierge à l’enfant avec saint Jean et une Sainte Famille avec deux anges en vol, provenant de la collection d’art graphique de la Galleria Sabauda. Les gravures se distinguent par leurs lignes élégantes et fluides, leur signe léger et sûr et l’intense spiritualité qui imprègne les personnages.

Une place de choix est également réservée au Dissegni degl’apparati fatti in Bologna per la venuta di N.S. Papa Clemente VIII l’anno MDXCVIII, gravé par Reni et publié pour la première fois en 1598. La Galleria Sabauda conserve le frontispice et neuf planches de l’édition imprimée à Bologne par Gioseffo Longhi, preuve des liens entre le peintre et l’industrie éditoriale de son temps.

Deux dessins provenant de la Bibliothèque royale complètent la section : Studio per una testa di frate in estasi (Étude pour une tête de frère en extase ) et Studio di testa di giovane donna con studi di mani sul verso (Étude d’une tête de jeune femme avec études de mains au verso). Ces feuilles, exécutées au fusain et à la pierre rouge, révèlent l’extraordinaire finesse du signe de Reni, attentif à la grâce des visages et à la modulation des clairs-obscurs.

Plans de l'exposition. Photo : Giuliano Berti / Musei Reali Torino
Plan de l’exposition. Photo : Giuliano Berti / Musées royaux de Turin
Plans de l'exposition. Photo : Giuliano Berti / Musei Reali Torino
Plan de l’exposition. Photo : Giuliano Berti / Musei Reali Torino

La redécouverte de l’Assomption à Abbadia Alpina

Le clou de l’exposition est la présentation du grand retable de l’Assomption de la Vierge, redécouvert dans l’église paroissiale d’Abbadia Alpina, un hameau de Pinerolo. L’œuvre, peinte entre 1605 et 1606 sur commande de l’abbé Ruggero Tritonio, est arrivée au Piémont comme cadeau à l’église bénédictine de Santa Maria, dont Tritonio était l’abbé commendataire.

Exposée pour la première fois après une restauration complexe réalisée par l’atelier de Cesare Pagliero sous la direction de la Soprintendenza Archeologia, Belle Arti e Paesaggio de Turin, avec le soutien du ministère de la Culture et du diocèse de Pinerolo, la toile est un précieux témoignage de l’activité romaine précoce de Guido Reni. À cette époque, le jeune peintre entre en contact avec la peinture du Caravage et assimile son réalisme dramatique, en le retravaillant dans une tonalité personnelle, plus lyrique et spirituelle.

L’Assomption de la Vierge représente donc une étape fondamentale dans la compréhension de la formation du maître et de la diffusion de son langage dans le Piémont. La restauration a permis de retrouver l’éclat des couleurs et la légèreté des figures angéliques qui accompagnent la Vierge au ciel, confirmant la capacité de Reni à conjuguer solennité et grâce, dévotion et harmonie.

Plans de l'exposition. Photo : Giuliano Berti / Musei Reali Torino
Plan de l’exposition. Photo : Giuliano Berti / Musées royaux de Turin
Plans de l'exposition. Photo : Giuliano Berti / Musei Reali Torino
Plan de l’exposition. Photo : Giuliano Berti / Musei Reali Torino
Plans de l'exposition. Photo : Giuliano Berti / Musei Reali Torino
Plan de l’exposition. Photo : Giuliano Berti / Musei Reali Torino

Un dialogue entre art et mécénat

L’exposition des Musei Reali, qui se tiendra jusqu’au 18 janvier 2026, ne se contente pas de célébrer le génie de Reni, mais se propose d’étudier les rapports profonds entre son art et le mécénat savoyard. À travers les toiles, les dessins et les gravures, un réseau de relations se dessine, qui relie Rome, Bologne et Turin dans un réseau d’échanges culturels et religieux. L’œuvre de Reni, dans le contexte piémontais, devient ainsi emblématique d’un goût international, capable de fusionner la spiritualité de la Contre-Réforme avec l’élégance de la cour.

L’exposition peut être visitée du jeudi au mardi de 9 h à 19 h (fermée le mercredi), l’entrée étant comprise dans le billet d’entrée aux Musées royaux. Le billet plein tarif coûte 15 euros, réduit à 2 euros pour les 18-25 ans. L’entrée est gratuite pour les moins de 18 ans, les personnes handicapées et les accompagnateurs, les enseignants avec les groupes scolaires, les guides touristiques, le personnel du ministère de la Culture, les titulaires de l’Abbonamento Musei et de la Torino + Piemonte Card, les membres de l’ICOM et les journalistes accrédités.

A Turin, l'exposition sur Guido Reni dans les collections savoyardes
A Turin, l'exposition sur Guido Reni dans les collections savoyardes


Avertissement : la traduction en français de l'article original italien a été réalisée à l'aide d'outils automatiques. Nous nous engageons à réviser tous les articles, mais nous ne garantissons pas l'absence totale d'inexactitudes dans la traduction dues au programme. Vous pouvez trouver l'original en cliquant sur le bouton ITA. Si vous trouvez une erreur,veuillez nous contacter.