Le MART de Rovereto célèbre Luigi Bonazza(Arco, 1877 - Trente, 1965), un nom important de l’art au tournant des XIXe et XXe siècles, en explorant l’influence de Vienne et la fusion unique des langages sécessionniste et déco, dans une exposition intitulée Luigi Bonazza tra Secessione e Déco (Luigi Bonazza entre Sécession et Déco), qui illustre le style personnel de l’artiste et l’idéal de l’œuvre d’art totale.
Du 6 décembre 2025 au 3 mai 2026, le Mart présente une vaste rétrospective de l’artiste trentin Luigi Bonazza, protagoniste d’une époque de profondes transformations culturelles et historiques. L’exposition, organisée par Alessandra Tiddia, entend valoriser l’un des patrimoines les plus significatifs du Trentin, en partie conservé par la province autonome de Trente et en partie disséminé dans des collections privées, des bâtiments publics et des lieux de culte. L’exposition, organisée par Ruffo Wolf, présente environ trois cents œuvres, dont des peintures, des dessins, des gravures, des objets et une sélection de documents d’archives. L’ensemble de l’exposition est divisé en dix sections qui suivent une approche chrono-thématique pour illustrer l’évolution artistique et humaine de Bonazza.
Bonazza, formé dans le climat de la Sécession viennoise, a été une figure clé de l’effervescence culturelle du début du XXe siècle dans un Trentin qui jouait le rôle de charnière entre des mondes culturels différents mais interconnectés. Après avoir obtenu son diplôme à Rovereto, l’artiste se rend à Vienne en 1897, où il suit les cours de la Kunstgewerbeschule, l’école d’arts appliqués rattachée au Musée autrichien de l’art et de l’industrie, dont il sort diplômé en 1901. Au cours de ces années cruciales, Bonazza s’imprègne des modèles sécessionnistes et interprète l’idéal de la Gesamtkunstwerk( œuvre d’art totale), un principe stylistique qui vise à briser les hiérarchies entre les arts, en expérimentant des techniques et des codes d’expression. Bien qu’il ait étudié la peinture et le dessin avec Franz von Matsch, qui maintenait un style plus conforme à la tradition académique, Bonazza a été davantage influencé par les artistes exposant dans les expositions de la Sécession.
L’engouement pour l’art de Klimt et de son maître von Matsch n’a jamais abandonné le style de Bonazza, tant dans sa phase viennoise que dans celle du Trentin. L’exposition anticipe la rencontre avec l’artiste en présentant une “galerie viennoise” qui décrit le contexte culturel à travers des œuvres de maîtres de la Sécession tels que Ludwig Heinrich Jungnickel, Ferdinand Hodler, Franz Jaschke, Rudolf Junk et les frères Gustav et Georg Klimt. Dans cette section, on peut admirer des reproductions prestigieuses de la Fondation Klimt, rassemblées dans l’Album Heller peu après la mort de Gustav Klimt, dont Danaé, Pallas Athéna, Nuda Veritas et Serpents d’eau II. La visite se poursuit avec le dialogue entre Bonazza et ses maîtres et contemporains, comme dans le cas de l’esquisse pour la Jurisprudence de Franz von Matsch, qui interagit avec les panneaux de la Légende d’Orphée de Bonazza et les reproductions d’époque de Médecine et Philosophie de Gustav Klimt, confirmant l’étroite affinité thématique et stylistique. Les plaques de cuivre de Georg Klimt, dont les détails décoratifs ont été repris par Bonazza dans le cadre complexe du triptyque d’Orphée, constituent une autre référence aux maîtres de la Sécession.
Après avoir traversé la salle consacrée à la Sécession, le public peut admirer le chef-d’œuvre de Bonazza, La légende d’Orphée, un triptyque réalisé en 1905, qui fait généralement partie de l’exposition permanente du Mart. Cette œuvre fondamentale a été présentée internationalement, avec succès, à l’exposition internationale de Milan en 1906, puis à la XXIXe exposition de la Sécession à Vienne en 1907, ainsi qu’à Berlin et à Munich. Le triptyque, qui deviendra plus tard la “pièce maîtresse” de la Villa Bonazza à Trente, est un exemple de la manière dont l’artiste a réinterprété les modèles appris à Vienne, en y reconnaissant des suggestions d’artistes tels que Hodler, Jungnickel et Klimt. L’œuvre raconte la légende d’Orphée, un mythe qui a fasciné les poètes et les peintres, symbolisant le pouvoir extraordinaire de l’art face à la fragilité humaine. Le panneau central célèbre le talent de musicien et de poète d’Orphée, le panneau de gauche décrit sa tentative de sauver Eurydice dans l’Hadès, tandis que le panneau de droite dépeint sa mort aux mains des Bacchantes.
Comme l’indique le titre de l’exposition, l’attention portée par Bonazza au décoratif l’a conduit à une synthèse originale de la Sécession et du Déco. Le goût déco qui a caractérisé les années 1920, 1930 et 1940 s’est inspiré des formes sécessionnistes, les transformant et les cristallisant en un langage unique et personnel. Cet accent décoratif se retrouve aussi bien dans les premières que dans les dernières œuvres de l’artiste, et se manifeste pleinement dans le cycle décoratif de sa résidence du Trentin.
Le contexte de la Sécession viennoise accorde une grande importance aux techniques graphiques et à l’illustration. Entre 1906 et 1908, Bonazza se consacre à six gravures rassemblées dans le portfolio Jovis Amores, pour lequel il conçoit également le frontispice avec un lettrage typiquement sécessionniste. La série illustre les transformations de Jupiter à la rencontre de ses amantes (Europa, Io, Leda, Dione et Danaé) et est introduite par une allégorie du dieu blessé par la flèche d’Eros. L’exposition présente des gravures de ce cycle, ainsi que les matrices originales. Le nu féminin est également le protagoniste du cycle des Allégories du jour, achevé en 1920, où le corps de la femme incarne la séquence du cycle solaire. Les nus de Bonazza, y compris ceux des Allégories et de la Ballerine de 1908, pour laquelle le modèle Poldi a posé, sont imprégnés d’une tension érotique typique de la culture symboliste. Cependant, le nu dans l’œuvre de Bonazza, tel qu’il apparaît dans les décorations de la Villa Bonazza, est souvent compris comme la manifestation d’une idéalisation classique, d’une conception de la beauté éloignée de la réalité terrestre.
La section consacrée aux dessins illustre le processus d’étude méticuleux qui a précédé les œuvres achevées. Ces études d’anatomie, de poses et de détails démontrent le grand talent graphique de Bonazza, qui utilise le clair-obscur enrichi de rehauts de crayon blanc pour donner aux figures une qualité plastique. Contrairement à l’œuvre graphique de Klimt, qui privilégie la ligne fine, les dessins de Bonazza, comme les esquisses d’Eurydice dansOrphée, se réfèrent fortement à la tradition académique et à l’art du passé.
Le mythe du héros est largement représenté dans l’œuvre de Bonazza. En 1915, pour éviter d’être enrôlé dans l’armée autrichienne, l’artiste se réfugie à Milan, où il passe les années de guerre à travailler comme dessinateur à l’Officine Caproni, fondée par le pionnier de l’aéronautique Gianni Caproni. Les dessins, gravures et aquarelles de cette période documentent les bombardements de triplans et de biplans. Plus tard, la Commission d’émigration du Trentin à Milan a commandé à Bonazza un portrait de l’irrédentiste Cesare Battisti, exécuté en 1916. Le portrait, qui représente Battisti sur fond de vallée de l’Adige avec le symbole de la potence, a été largement reproduit pour la propagande et la commémoration des martyrs du Trentin, qui comprenait également les portraits de Fabio Filzi et de Damiano Chiesa.
L’exposition apporte une contribution importante à la recherche en examinant en profondeur les relations étroites entre Bonazza et Gabriele D’Annunzio. L’amitié entre les deux est confirmée par une découverte récente chez les héritiers de Bonazza : la photographie Asceta del Carnaro de 1918 avec une dédicace du Vate. Cette relation féconde, ainsi qu’une visite au Vittoriale degli Italiani en 1925, ont profondément influencé l’œuvre de l’artiste, qui rappelait constamment des thèmes et des figures de l’épopée de D’Annunzio. Bonazza témoigne de son admiration pour le poète en lui offrant un Portrait de Dante Alighieri. Le triptyque La légende d’Orphée réapparaît dans d’autres tableaux de Bonazza, dont Nuit d’été et Nocturne, qui reflètent son intérêt pour le chef-d’œuvre de D’Annunzio, Nocturne, écrit pendant une période de souffrance et publié en 1921.
Bonazza, qui s’est installé à Trente en 1912, s’est également investi dans le domaine de l’art public, réalisant plusieurs œuvres entre les deux guerres. Parmi ses commandes les plus prestigieuses figure la fresque pour le Palazzo delle Poste de Trente, conçue par Angiolo Mazzoni. Bonazza remporte le concours en 1931 et se consacre pendant deux ans à la réalisation de Il Ricevimento di tre Cardinali nel Palazzo a Prato in Trento nel tempo del Concilio, une scène historique de style néo-Renaissance inspirée du passé glorieux de l’édifice. Les cartons préparatoires de cette fresque sont présentés dans l’exposition. L’activité sacrée de l’artiste est attestée par de nombreuses interventions dans diverses techniques dans le Trentin, dont les esquisses pour l’église de Tezze di Grigno, et des œuvres comme l’Immaculée Conception pour l’église de Sant’Ilario à Rovereto.
La section des portraits comprend des œuvres telles que l’Autoportrait de 1905, le portrait d’Alcide De Gasperi et les portraits des membres de la famille Cavagna, les mécènes viennois de Bonazza. Les portraits féminins postérieurs aux années 1920, comme le célèbre Portrait d’Italia Bertotti, sont unis par une technique divisionniste qui combine de minuscules coups de pinceau de couleurs pures, créant des éclats vifs qui rappellent le pointillisme français ou le divisionnisme qui prévaut dans les pays nordiques. Ces portraits se caractérisent par une absence d’introspection psychologique, l’attention portée à la décoration transformant le sujet en un objet d’art précieux. L’exposition présente également deux œuvres inédites, Brothers in the Garden.
La peinture de paysage a joué un rôle central pour Bonazza tout au long de sa carrière, devenant le genre sur lequel il s’est le plus concentré à la fin de sa vie. Dès 1903, Bonazza manifeste son appartenance à la culture montagnarde en remportant le concours de la Società degli Alpinisti Trentini (Société des alpinistes de Trente) avec son affiche de style Jugendstil Italiani visitate il Trentino ! Les paysages des années 1920 et 1930 expriment un fort attachement au paysage du Trentin, avec des vues des lacs et des montagnes entourant Trente, caractérisées par un dynamisme de la lumière et de la couleur obtenu par des coups de pinceau vibrants et la juxtaposition de touches de couleur pure.
L’exposition ne se contente pas de promouvoir Bonazza, elle valorise également le patrimoine de Mart en dialoguant avec les œuvres de ses contemporains, de ses maîtres et de ses héritiers. La dernière section est consacrée aux artistes du Trentin qui, comme Bonazza, ont su allier le contenu italique au style nordique, parmi lesquels Dario Wolf, Luigi Ratini, Giorgio Wenter Martini, Francesco Trentini et Stefano Zuech. Des œuvres provenant de collections privées sont exceptionnellement exposées, comme Persée de Luigi Ratini et Le musicien et l’élévation de Dario Wolf, élève de Bonazza à l’Institut technique de Trente.
Un autre élément intéressant est la possibilité d’explorer virtuellement la résidence de l’artiste, la Villa Bonazza, que l’artiste a conçue et décorée pour refléter son idéal d’art unifié. Grâce à la collaboration entre le Mart et la Fondazione Bruno Kessler, les visiteurs peuvent accéder à une vue en 3D de la Villa, restée intacte après la mort de l’artiste, via un écran tactile. Douze œuvres exposées proviennent de la Villa Bonazza, dont les peintures Déposition, Sirènes et Nocturne.
D’importantes institutions locales (comme le Castello del Buonconsiglio, le Museo Storico Italiano della Guerra à Rovereto, le MAG Museo Alto Garda et la Biblioteca Comunale di Trento) et internationales, en particulier de Vienne (dont le Belvedere et le MAK - Museum für angewandte Kunst) ont contribué à la réalisation de l’exposition par des prêts significatifs. L’exposition est accompagnée d’un ambitieux catalogue publié par Moebius, qui comprend des textes critiques, des essais approfondis de nombreux chercheurs et des reproductions des œuvres.
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| Luigi Bonazza entre Sécession et Déco : le génie du Trentin exposé au Mart |
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